2017 : une année d'action et d'espoir

Actualité Publié le 14.12.2017
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L'année 2017 a été riche en événements pour notre association et toutes celles qui défendent la cause des enfants. Même si les résultats tardent à se concrétiser, de vrais changements sont perceptibles et tous les espoirs sont permis pour 2018, à condition de rester uni(e)s, vigilant(e)s et mobilisé(e)s !

- 15 février: Sortie du livre Inceste: 36 questions-réponses incontournables d'Isabelle Aubry et Gérard Lopez. C'est d'ores et déjà l'ouvrage de référence sur la question, qui fait le point sur nos connaissances sur le sujet: psychologie, anthropologie, justice, conséquences et soins pour les victimes. Avec en filigrane cette trente-septième question: pourquoi l'inceste est-il encore si peu connu et reconnu en France en 2017 ? Pourquoi est-ce encore un tabou plutôt qu'une question de santé publique comme le tabac, le cancer ou les accidents de la route ?

- 26 février: Monsieur le Candidat, je vous fais une lettre.  L'association écrit à tous les candidats à l'élection présidentielle et fournit un kit à ses adhérents pour les interpeller. Deux d'entre eux nous ont répondu: MM. Macron et Fillon. 5 des 11 candidats s'étaient engagés à abolir la prescription comme le demandait la pétition de Séverine Mayer, que nous avons soutenue. Celui qui a été élu s'était engagé à suivre les préconisations de la commission de consensus Flament-Calmettes.

- 1er mars:  la ministre Laurence Rossignol annonce le tout premier plan inter-ministériel de lutte contre les violences faites aux enfants. Nous avons participé à son élaboration. Lancé en fin de quinquennat avec zéro moyen budgétaire nouveau, ce plan ne pouvait qu'être décevant au niveau des moyens. Cependant c'est la première fois qu'un plan ministériel mentionne explicitement l'inceste.

- 15 mars: Colloque Inceste: 4 millions de victimes et alors ? à l'Université Paris-Descartes avec la participation de Face à l'inceste . Nous vous invitons à (re)lire les propositions émises par les organisateurs à l'issue du colloque ainsi que notre compte-rendu détaillé de cette journée.

- 17 avril: le CNRS rendait un rapport sur les violences sexuelles à caractère incestueux sur mineurs. Ce rapport déplore des "lacunes importantes" dans la recherche scientifique sur le sujet.

- 23 avril: la mission de consensus Flament-Calmettes rend ses conclusions. Co-présidée par un magistrat et une victime de pédocriminalité, cette commission préconise d'allonger le délai de prescription de 20 à 30 ans pour les crimes sexuels commis sur mineurs. Face à l'inceste qui avait participé aux travaux de cette mission (voir notre argumentaire détaillé) demande l'abolition de toute prescription, comme c'est le cas en Californie, en Suisse dans 17 autres pays.

- juillet: nous nous sommes associés à une pétition du Dr Berger concernant certains aspects douteux du programme d'éducation à la sexualité. Tout en reconnaissant des points positifs sur la prévention, nous avons mis en garde contre l'idée perverse d'une "éducation au plaisir" des enfants et adolescents par des adultes

 

- 16 septembre: nous lançons une nouvelle étude scientifique en collaboration avec l'Université Aix-Marseille. Cette étude vise notamment à mieux connaître et quantifier la santé des survivant(e)s de l'inceste et le rôle des groupes de parole dans un parcours de soins. Il est encore possible de participer à l'étude jusqu'à mi-janvier.

- 27 septembre: L'affaire de Pontoise est révélée par Médiapart. Sarah 11 ans, porte plainte pour viol contre un homme de 28 ans. Le procureur décide de poursuivre pour "atteinte sexuelle sur mineur" ce qui laisse supposer que Sarah était consentante. Cette nouvelle injustice qui s'ajoutent à toutes celles qui sont dénoncées dans tous les témoignages que nous publions provoque une grand émotion. La pétition lancée par Madeline da Silva, à laquelle nous nous associons, atteint aujourd'hui 350.000 signatures.

 

- octobre: d'autres affaires fortement médiatisées (Harvey Weinstein, Denis Baupin, etc) provoquent une vague de libération de la parole sans précédent. Le mot-clé #MeToo (moi aussi) se répand sur les réseaux sociaux et dans des manifestations que nous annonçons sur notre page Facebook.

- 16 octobre: Nicole Belloubet et Marlène Schiappa nous invitent à une représentation théâtrale d'Andrée Bescond suivie d'un débat qui donne le coup de départ d'une grande consultation citoyenne pour préparer une future loi sur les violences sexuelles. Un de nos militants se lève et demande à la Secrétaire d'État: pourquoi n'avez-vous pas prononcé une seule fois le mot inceste en 25 minutes de discours sur les violences sexuelles ?

- 5 novembre: le sondage mené parmi nos adhérents montre que 95% d'entre eux pensent qu'aucun mineur de 0 à 18 ans ne saurait être consentant à l'inceste. Concernant l'âge à partir duquel un mineur pourrait donner son consentement éclairé à des relations en-dehors de la famille, les avis sont plus partagés: 15, 16, 17, 18 ans... La loi française considère actuellement qu'un mineur peut être consentant sans aucune limite d'âge. C'est pourquoi il est urgent de la changer.

- 9 novembre: pourquoi l'inceste demeure-t-il tabou, nous interrogeons-nous, alors qu'on parle autant des violences sexuelles en général ? Alors que l'inceste constitue de loin la majorité des violences sexuelles sur mineur, il reste très peu abordé dans les médias. Afin de replacer le sujet au coeur de l'actualité, la députée Nathalie Avy-Elimas, Face à l'inceste et douze autres associations lancent une nouvelle pétition: Inceste: aucun consentement de 0 à 18 ans !

- décembre: le groupe de travail du Sénat sur les violences sexuelles lance un appel à témoins que nous relayons.

- décembre: Laurent Boyet, auteur de "Tous les frères font comme ça", rejoint l'association en tant que porte-parole.

- fin décembre: une nouvelle enquête sur les parents protecteurs va être lancée dans les tous prochains jours.

Quel résultats ?

L'année 2017 a été riche en événements et en émotions. L'abolition de la prescription a fait partie des 10 sujets de pétition les plus populaires sur change.org pour la présidentielle 2017. Le sujet des violences sexuelles a connu une médiatisation sans précédent lors du quatrième trimestre. Les annonces se sont multipliées, à commencer par celle d'une future loi sur les violences sexistes et sexuelles.

Pourtant, le résultats concrets se font attendre. Les évolutions législatives promises ne sont pas encore votées, et font l'objet d'une forte résistance notamment d'une partie des Magistrats. Le ministère des enfants a disparu (rattaché à la ministre de la Santé qui n'a pas paru faire de la question des violences une priorité jusqu'à présent). Le plan du 1er mars 2017 souffrait d'un manque de moyen, et l'on ne sait même pas si le gouvernement actuel reprendra au minimum les engagements du gouvernement précédent. La rubrique "Faits divers" continue à s'enrichir avec des de procès dont les verdicts paraissent scandaleusement cléments quand ils ne sont pas un non-lieu. Tout récemment la cour d'assises de l'Aude a décidé une peine de 5 ans avec sursis pour des viols sur une fillette de 4 ans... L'accompagnement des victimes continue à souffrir du manque de moyens, de formation des personnels, d'information sur la prise en charge des soins à 100%. Il reste beaucoup à faire, et cette année nous avons bien peu avancé sur le fond.

Nous avons besoin de vous !

Vous êtes nombreuses et nombreux à nous avoir rejoint cette année. Merci à toutes et à tous pour votre soutien et votre engagement.

Afin de préserver une indépendance absolue, notre association refuse toute subvention publique. Votre générosité est donc notre seul moyen d'action pour ouvrir de nouveaux groupes de parole, produire et diffuser l'expertise au service des victimes, offrir des services d'entraide aux personnes survivantes de l'inceste et à leurs proches.

Il existe de nombreuses manières d'aider Face à l'inceste mais en cette fin d'année comme il est de tradition, nous vous rappelons qu'il ne vous reste que quelques jours pour faire une donation déductible d'impôts (50€ donnés ne coûtent que 17€ si vous êtes soumis à l'impôt sur le revenu). 

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