Cafouillages dans Peau d'Âne: le théâtre pour la prévention

Actualité Publié le 31.03.2018


Conçu avec l'association Enfance et Intégrité, ce spectacle pour enfants pas comme les autres utilise l'art théâtral pour faire de la prévention autour de l'inceste. Et ça marche !

Le projet artistique

Les auteures reprennent le conte de Peau d'Âne dont la version la plus célèbre est celle de Charles Perrault parue en 1694, puis rattachée aux Contes de ma mère l'Oye en 1697. 

Elles se sont appliquées à faire entendre deux voix : 

  • • L'une reprenant le conte original. 
  • • L'autre, innocente et naïve, interrogeant sans arrêt l'histoire, permettant aux enfants de s'identifier mais aussi de mieux entendre et comprendre le texte.

Les enfants aimeront retrouver le conte qu'ils connaissent tout en inventant d'autres formes narratives susceptibles de nourrir leur créativité.

Le dialogue des cuisinières maintient l'attention tout en transmettant le vivant du conte et son actualité dans la problématique enfantine 

Ce spectacle s'inscrit dans la démarche de sensibilisation aux droits de l'enfant qui est celle de l'association Enfance Intégrité

Les arts (ici le conte, la marionnette) permettent un partage des questions essentielles de la vie, notamment comme le dirait Françoise Dolto, celle de "l'allant devenant" de l'enfant.

Nos impressions

La pièce nous a vraiment bouleversées. Elle nous parait très adaptée pour les petits (ce qui est plutôt rare), à partir de 4 ans. Mon fils de 11 ans à moins accroché. 

Il s'agit d'un spectacle pour enfants qui aborde la question de l'inceste, comme c'est déjà la cas dans Peau d'Ane, mais cette pièce a le mérite, du fait de sa réécriture, de proposer à l'enfant de l'accompagner dans sa réflexion.

Le spectateur suit la narration de deux cuisinières qui ne manquent pas d'humour et de poésie, sans jamais pour autant s'écarter de la gravité du sujet. Ainsi, notre attention n'est plus attirée par toutes ces robes qui suscitent le désir et l'admiration...

Les auteures nous amènent au coeur du sujet de l'inceste. Nous percevons  maintenant mieux la souffrance de la princesse, mais aussi sa peur et son impuissance. Peau d'Ane n'apparait plus aussi seule, car l'histoire racontée par les deux cuisinières aide l'enfant spectateur à comprendre la  situation: "le roi a perdu la raison", "une fille ne peut pas épouser son père"...

L'enfant trouve des réponses à ses questions: on peut s'enfuir, désobéir, malgré la peur et la souffrance...

La pièce est rythmée par des phrases qui reviennent telles une musique: "les filles ne sont pas des mottes de terre"... " que les pères peuvent modeler à leur guise", "que les pères peuvent décorer...que les pères peuvent habiller, déshabiller"...

En conclusion: la parole qui protège

L'inceste est un sujet très lourd et de nombreux parents sont conscients qu'il est nécessaire d'informer nos enfants de certains dangers, sans pour autant leur faire peur ou les traumatiser avec des histoires horribles et sordides.

L'ignorance ne protège pas nos enfants, et dans les familles incestuelles, le silence tue les victimes encore plus que les violences sexuelles proprement dites. À l'inverse, la parole guérit, protège et libère. Mais comment parler ? Isabelle Lelouch et Jacqueline Persini proposent une approche originale qui en plus de ses qualités artistiques ne manquera pas d'apporter quelques clés de compréhension aux petits comme aux grands.

Ce spectacle qui a débuté en octobre 2017 est actuellement à l'affiche à la Comédie Saint Michel de Paris. Souhaitons qu'il rencontre tout le succès qu'il mérite !