Communiqué : Pourquoi les jeunes se droguent-ils ?

Actualité Publié le 22.01.2014

 

Lettre ouverte à Monsieur le Ministre de l’éducation, Vincent Peillon et à Mr le député Eric Ciotti.

La consommation de drogues est un baromètre de la santé chez les jeunes comme chez les adultes. Il en va de même pour la consommation d’alcool, de cigarettes, les troubles du comportement alimentaire, les grossesses précoces,  les suicides et tentatives de suicide.

Mais ces comportements sont les indicateurs d’un mal être parfois bien plus profond et bien plus grave prenant racine dans l’enfance :  maltraitance, inceste, négligences, alcoolisme ou toxicomanie des parents, parent emprisonné, abandon parental, partent battu devant ses enfants, violences psychologiques et physiques… sont tout autant de traumatismes qui, si ils se cumulent, aggravent les risques d’addictions et de maladies graves, voire de suicide.

L’étude américaine ACE Study portant sur 8613 personnes a analysé le lien entre consommation de drogues et traumatismes dans l’enfance sur trois catégories d’âges : ≤ 14 ans, de 15 à 18 ans, ou à l'âge adulte ( ≥ 19 ans). Résultat, chaque traumatisme vécu augmente de 2 à 4 fois la probabilité d’une initiation précoce à la consommation de drogue. Comparativement aux personnes non traumatisées dans l’enfance, celles qui ont subi  5 traumatismes cumulés ou plus,  sont  7 à 10 fois plus susceptibles de consommer de la drogue illicite et de devenir dépendant.

Par ailleurs, selon le sondage IPSOS réalisé pour Face à l'inceste en 2010 sur un groupe de 341 victimes d’inceste :

53% des victimes d’inceste ont tenté de se suicider (il y a deux millions de victimes en France). Les victimes d’inceste consomment  deux fois plus d’alcool que les non victimes, consomment trois fois plus de drogues, souffrent huit fois plus de troubles du comportement alimentaire, ont deux fois plus le sentiment d’être déprimées ou de ne pas avoir le moral (sondage IPSOS pour Face à l'inceste 2010).

A partir de ces données scientifiques et de ce sondage, il serait important de dépister, non pas l’usage du cannabis, mais les traumatismes vécus dans l’enfance afin d’intervenir le plus tôt possible.

Nous nous tenons à votre disposition pour mettre en place un dispositif de dépistage efficace qui protègera la vie de nos enfants et de nos jeunes grâce à une prise en charge appropriée.

Nous avons maintes fois informé le ministère de la santé sur ce problème sans jamais obtenir la moindre réponse. Merci à nos parlementaires d’ouvrir le débat, merci à notre ministre de l’éducation de s’orienter vers une prise de conscience qui nous l’espérons, aboutira sur des actions.

Cordialement.

Isabelle Aubry, Présidente