45 ans après la première fois, toujours en souffrance ...

Témoignage Publié le 09.06.2011

Fotolia_1978926_XSJe cherche désespéremment à me sortir de là ... plusieurs psychothérapies, différentes hypnoses, acuponcture, magnétisme ... J'ai subi les attouchements du beau-père de 8 à 18 ans.Tout de suite après la première j'ai tenté d'alerter ma mère, mais je pleurais tellement qu'elle n'a rien compris. J'ai tout gardé pour moi jusqu'à mes 17 ans où j'ai parlé ouvertement à ma mère, mais elle a préféré croire les salades de son mari ...

Après plusieurs dépressions dont la dernière très important en 2000, je redéballe tout à ma mère, et là, c'est l'anéantissement, elle dit que j'ai tout inventé et je ne l'ai pas revue (tous mes blocages sont revenus et ne me lachent plus) ... d'autres dépressions depuis ... Je me sens moche et j'ai l'impression que les autres le croient, je n'ai pas d'ami.  Je suis à nouveau en dépression et j'entame une einième psycho avec support homéopathique. Les problèmes sont toujours là : aucune libido et pas question d'avoir des rapports sexuels (pas facile pour une vie de couple), dépréciation de soi, j'ai l'impression de ne pas avoir ma place en ce monde.

Nous en parlons
I
invisibilissime
Publié le 16.06.2011
Inscrit il y a 14 ans / Nouveau / Membre

Bonjour,
J'avais rédigé un com-réponse début juin mais un mauvais clic et plus rien. De toute façon, j'avais, je pense été beaucoup trop rapide jusqu'à en sortir du sujet.
Je vais tenter, en quelques mots, de retrouver l'essentiel du soutien que je vous destinais.
Avant vos 17ans, trop de sentiments plus ou moins contradictoires vous rendaient incapable d'aller jusqu'au bout de la révélation lors d'une première tentative en ce sens, auprès de votre mère.
La première fois, ô combien elle vous fut dure, cette épreuve, lorsque les mots de la confidence vous restèrent au travers de la gorge et ce, d'autant plus que la maman semblait absolument ne rien percevoir de cette souffrance, de cette honte, de cette lutte intérieure... La peur de ne pas être crue, la honte, le sentiment de culpabilité, la peur de causer un malheur, la peur du rejet etc... la liste en allant vers les subtilités du ressenti peut s'allonger trop douloureusement.
Courageusement, vous avez pris vraiment le risque pour vous, de laisser éclater en 2000 vers le coeur de votre maman, ce vital besoin de vous confier : vous fûtes en un instant anéantie par une réaction aux antipodes de celle que l'on attend d'ordinaire d'une âme maternelle.
Parce que le "dieu maternel" a décidé que vous aviez menti, inventé : non-être de votre moi en tant qu'être loyal digne d'être aimé de la maman et donc de toute autre personne.
C'est véritablement une catastrophe sismique en vous. Comment une maman peut-elle penser négativement de sa propre fille aux maux pourtant évidents?
Elle s'est braquée d'un coup contre une vérité qui lui a fait peur : elle aurait tellement préféré n'avoir jamais entendu tout cela. Peut-être sa réaction fut surtout de se retourner contre quelque chose de faux en le dénonçant comme tel car trop insupportable à affronter plutôt que contre vous en tant que menteuse. Le fameux déni.
Il faut je pense bien réaliser que votre vérité fait partie de votre essence, que votre essence n'est pas liée à celle de votre maman.
Il faut du temps pour admettre que l'attention maternelle, son geste d'amour normalement inné, sa compréhension imaginée honnête jusque dans l'absolu, présente un jour des failles qui nous renvoie aux premiers pas titubants vers la vie, notre propre vie.
Mais pourquoi, parce que votre maman aurait des incapacités à tout entendre, seriez-vous coupable à travers un mélange de ressentis, pourquoi seriez-vous moche dans cette culpabilité, et indigne de vivre ?
C'est vrai que la place de chacun en ce monde commence sous le premier regard qui est normalement celui de la maman : mais elle n'est pas idéale et peu à peu nous le réalisons.
Et puis une malheureuse erreur est de croire que le monde pensera comme la maman.
Vous n'avez pas d'ami, pas d'élan sexuel, les jours sont difficiles à vivre mais il faut du temps pour vous retrouver et vous épanouir sous un ciel de liberté autre que celui de la voûte du regard maternel.
Pour accueillir et aimer l'autre, il faut apprendre à vous estimer en toute indépendance sans plus jamais compter sur une estime maternelle.
Une seule bonne thérapie avec un/e psyschologue tout à l'écoute de votre souffrance, devrait vous soulager et vous permettre de revendiquer votre place unique parmi nous en ce monde !
Bonne chance dans l'affirmation courageuse de votre moi, de votre vérité.