Cousin violeur

Témoignage Publié le 02.01.2019

Cousin violeur

Bonjour, 

J'ai 42 ans et j'ai été victime de violences sexuelles (attouchements, frottements et viol) entre mes 5 ans et mes 9 ans. Violences faites par un cousin que je considérais comme le grand frère que je n'avais pas. Il avait 6 ans de plus que moi. A l'époque j'étais fille unique et je m'ennuyais beaucoup. Mes parents étaient très occupés par leur travail; j'étais quelque peu à l'abandon et donc une proie facile. Mon prédateur l'a bien ressenti. De ces agressions, il ne me reste que des souvenirs par flashs mais beaucoup d'émotions prisonnières du corps. Lors de mon viol, j'ai le souvenir d'être un bloc de marbre refusant toute pénétration et froid pour ne rien sentir. Mon esprit s'est focalisé sur la lumière du soleil qui se reflétait sur une vitre. Ca a été mon refuge, ma lueur pour ne pas péter un plomb, pour supporter et ne pas hurler, ne pas devenir folle. J'ai cru que j'allais imploser et exploser au vol. Je n'ai pas le souvenir physique de mon ressenti mais la douleur psychologique. Je sais que le fait de m'être focalisée sur cette lumière a permis à mon esprit de s'échapper; Ca été une bouée de secours. Mon agresseur m'a quand même expliqué que tout ceci était pour m'apprendre à devenir une bonne épouse; que cela me servirait à devenir une femme. Il m'a demandé de chanter avant de m'agresser. Pourquoi ? Franchement je n'ai jusqu'à ce jour pas trouvé de réponse à part celle de la perversion et de la folie.

Ma vie a été jalonnée de comportement à risques, notamment sexuellement et d'une difficulté énorme à construire une relation de couple saine, confiante, sereine et aimante. C'était pétage de plomb sur pétage de plomb. J'attendais des hommes que j'ai rencontrés qu'ils me sauvent et en même temps je les considérais comme de potentiels agresseurs. Je pouvais être une harpie hystérique avec eux comme une femme totalement démunie. C'était délirant ! J'ai suivi 9 ans de thérapie. Deux thérapies en parallèle : l'une où je m'exprimait et l'autre passait par le corps. J'ai dû réapprendre à être plus ancrée, à sentir mon corps, à l'accepter. Puis, à ne pas me dissocier pour tout et pour rien. J'ai également participé à des groupes de parole. En rencontrant d'autres victimes, j'ai compris que tous mes symptômes étaient normaux. Je n'étais pas folle ! Et ça m'a énormément soulagée. J'avais beaucoup de crises d'angoisses à l'époque et j'avais fait une belle dépression. Le fait de voir d'autres personnes qui vivaient la même chose, de mettre des mots sur ces souffrances, ces angoisses, d'en parler quelque part librement et en sécurité m'a aidée à avancer.

Tout les soins ont été complémentaires les uns des autres. Et ça a été le plus beau cadeau que je me suis fait : me soigner, vouloir m'en sortir et  comprendre que finalement je pouvais m'aimer. La bienveillance ! Aujourd'hui, j'ai appris à vivre avec mes séquelles mais l'emprise du viol, je ne le subis plus ou beaucoup moins violemment; sans la farandoles d'angoisses et de douleur psychique. Je ne suis plus prisonnière de mes émotions. C'est ma plus belle victoire. Merci d'avoir pu déposer mon témoignage.