En ce moment, ça ne va pas.

Témoignage Publié le 23.09.2010

silhouette3Je vais mal. C'est le début de ma thérapie, peut être que ça joue. Je ne sais pas. Ce qui est sur c'est que je fais du mal a l'homme que j'aime. Au début, c'était beau, c'était magnifique nous, sans hésitation, une évidence même. Et, en ce moment j'ai l'impression qu'on ne s'aime plus. Sans pour autant avoir la force de vivre sans lui. Peut être que sortir du déni grace à un homme n'est pas bon. On s'accroche à lui, on le voit comme notre "sauveur" et on l'enferme dans ce rôle d'homme fort. Toujours fort, qui ne peut pas craquer. J'ai du mal à réagir quand il me parle de ses problèmes, je me met toujours en recul, me ferme, et fini par être trop distante ou par hausser le ton.


Ce soir, pour la première fois j'ai réussi à revenir vers lui. Même si lui dire "je t'aime" ou l'embrasser était trop dur. Je voulais qu'il sache que je suis la pour lui. Malgrés toutes mes peurs et mes problèmes à resté calme.  Dans mon mutisme parfois il faut comprendre, je t'aime ne part pas. Ou, j'ai peur tu sais, je suis trop faible pour ça. Dans mon silence il faut comprendre ce que j'ai de plus beau à dire.
Tout l'amour que peut être je ne pourrai jamais exprimer.

Parce que "l'amour" n'a pas de valeur chez moi. Non, il me faut des preuves : une bague, un émenagement. Quelque chose de vrai, à quoi me raccrocher. Faire confiance? Vous n'y pensez pas!! Faire confiance je ne peux pas, pas quand c'est moi qui suis en jeu, pas quand il s'agit de mes sentiments. Parce que, j'ai fais confiance une fois. Et cette confiance avait des mains balladeuses, un souffle trop fort, une odeur répugnante, un sexe trop dur. Des yeux pleins de vide et de perversité. Cette confiance que j'ai donné à dirigé ma vie par la suite.

Il m'a tué et je me suis tu.

Je me suis enfermée dans un monde qui n'appartient qu'a moi, et qu'il est malheureusement très dur de quitter.Un monde ou je suis forte, plus forte que tout. Un monde ou les sentiments n'existent pas.Un monde ou le bonheur ne s'atteint que par la destruction, la manipulation. Un monde ou les hommes sont reconnaissables, je connais leur avis, sais quand je leur plait, et j'aime plaire. Parce que si je plais c'est que je ne suis pas cassée. Je fonctionne encore. 

Aujourd'hui le regard des hommes me dégoute. Je le hais, et je me hais de l'inspirer.
J'aimerai les agressers tous dans la rue, leur dire de regarder leurs femmes, pas moi et encore moi ces minettes de 14/15 ans qui ne savent pas quoi elles parlent. Ne savent pas ce qu'elles mettent en jeux.

Moi, je n'ai pas eu le choix, on m'a prit ce que pouvait être ma vie. Parce que si cette chose, si l'inceste n'avait pas eu lieu. J'aurai été autre. J'imagine encore ma vie, ce qu'elle aurait pu être. 
Pourtant, j'essaye de l'accepter, d'en faire mon histoire, de ne pas le rejetter. 

Même si mes progrès sont infimes ils existent, à 18 ans je peux dire que je ne suis plus alcoolique, je ne couche plus à droite à gauche, je ne fume plus. Et, quand je vais mal je ne me jette pas sur le téléphone appeler mes copains de beuveries pour oublier dans des litres d'alcool et ramener le premier venu chez moi.

A 18 ans, je recommence. Je ne pourrai jamais revenir la où tout s'est arreté mais je peux, avec ce que la vie m'offre grandir, me respecter, m'apprendre. Respecter l'amour aussi, avouer que j'ai besoin d'aide, que j'ai beaucoup de faiblesses et de peurs. Je ne suis pas invincible. Et c'est dur, dur d'être humaine, d'accepter, de laisser aller.

J'aimerai lui dire que je l'aime, lui. Même si j'ai peur, trop peur de découvrir qu'il va mal, ou pire qu'il est comme tous les autres. J'ai peur d'avoir encore offert ma confiance à quelqu'un qui s'en fout. Qui prend et m'abandonne. Pourtant, il m'a démontré plusieurs fois à quel point je peux compter sur lui. Je sais que nous sommes la, bien vivant, l'un pour l'autre. Même si l'amour est impalpable, il est visible dans ses yeux et dans les miens. Ce lien, cette force inexplicable ne se brisera que si je la maltraite. 

Et je fais l'éffort de prendre conscience, petit à petit. Le chemin est long, je n'arriverai peut être jamais au bout, je ne serai peut être jamais normal. Mais au moins, j'arriverai à témoigner et à faire l'amour sans en souffrir.

Il n'y à pas que lui, j'ai 2 amis, des garcons. Dans leur yeux je ne vois pas de désir mais, du respect. J'aimerai qu'ils soient mes amis pour la vie. J'aimerai pouvoir continuer a penser à eux, des choses belles. C'est bête, mais j'aimerai continuer à compter pour les autres pour ne pas me tuer. Pour ne pas être seule. Ces autres qui sont des gens biens. Des belles personnes.

J'aimerai aussi ne plus avoir cette gène de parler avec ma mère, pouvoir l'apeller quand je vais mal, elle m'écoute en plus. Elle voudrait que je lui parle. Pourtant j'ai peur, une petite voix dans ma tête dit qu'il est trop tard, que me protéger et m'écouter il fallait le faire avant. Lui témoigner de l'amour c'est dur aussi. Comme supporter le contact physique avec les autres. Comme si chaque contact revenait à me tuer un peu plus, comme si dans la quête de mon intimité, un contact me faisait repartir à zéro.

Bref, au fur et à mesure je me rend compte à quel point il est bénéfique de témoigner. Dans un moment d'insécurité, de tristesse, de colère, lorsque cette pulsion me prend de raconter. Ca me calme, ca m'évade. C'est sincère. Ca fait du bien.

Merci.