Et après la plainte ?

Témoignage Publié le 17.01.2021
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Porter plainte, c'est souvent le seul moyen de stopper l’agresseur. C’est dire stop, je suis à bout. C’est lui ou moi !

Moi j’ai essayé de mettre fin à mes jours pour la première fois j’avais une dizaine d’années..... Mais personne n’a compris mon appel, ni médecin, ni infirmière. Il m’a sorti de l’hôpital en toute innocence pour continuer de me détruire en toute liberté. La violence, ma mère en a eu marre aussi. Alors la trop jeune femme qu’elle était m’a laissée, j’avais 7 ans. Elle n’avait plus la force, elle est partie avec mon demi-frère de 9 ans dont il n’était pas le père.

Et ce qui avait commencé bien avant ce départ maternel est devenu mon quotidien. Des abus quotidiens, soumise à la peur du père violent, incontrôlable...

Voilà, un jour, j'ai eu 18 ans la seule occasion de m’enfuir est arrivée 3 mois plus tard.... Je l’ai recroisé dans le commissariat pour une confrontation. Porter plainte, c'est le début d’une autre douleur. Ce qui est votre famille vous abandonne, car vous êtes une paria, une honte pour elle ! Du jour au lendemain tout votre monde s’écroule, mais personne ne vous prévient... Vous devenez orpheline de votre propre vie avec des fondations à l’instar de sables mouvants.... Mais il faut faire sa vie et savoir rénover les fondations seule et panser les plaies de l’âme et du corps.

En cours d’assise il a été condamné à 10 ans, mais ça n’a jamais réparé ce qu’il m’a volé. Les cicatrices et la honte de ce parcours feront toujours parties de moi. J’ai 51 ans et je n’avais jamais écrit au paravent pour témoigner. Je suis fière aujourd’hui de le faire.