L’amour ne peut rien

Témoignage Publié le 17.12.2006
Voilà environs 3 mois que je l’ai laissé partir après 2 ans de luttes et de souffrances. 2 ans où l’amour s’est opposé à ce mal si profond. Mais si l’amour par sa force peut transporter, élever, il est léger, ne s’impose pas. Le mal lui plante ses racines tout au fond comme un parasite et impose sa volonté.
Même si mes mots semblent fatalistes, je pense être simplement réaliste et je crois que dans la lutte qu’il faut mener contre ses horreurs, le réalisme s’impose. Je ne rejette pas l’amour car il peut être un formidable moteur, mais face à ce mal, il ne peut gagner… Je le sais aujourd’hui aussi sûrement que je sais que j’ai perdu mon amie, aussi sûrement que je sais que je l’aime toujours et que cet amour est impossible.
J’ai besoin de témoigner pour calmer ma colère, soulager mon cœur et peut être apporter une petite pierre pour la reconstruction de certains.
Mon amie et moi nous sommes connus à l’été 2002 et étions en cours de divorce. Le mien n’est pas encore tout à fait terminé et il est vrai que cette situation était déjà très difficile à vivre. Toujours est-il que notre amour a été si fort que malgré les circonstances, nous avons tenté de reconstruire une famille avec nos 4 enfants. Mais après 2 ans de relation et 6 mois de vie de couple dans un seul foyer, tout a volé en éclat. Il serait facile de dire, c’est de la faute aux circonstances, à ces divorces très difficiles et long (3 ans déjà pour moi), à la peur de refaire déjà un couple…
NON ! Je veux aujourd’hui crier ce que je ressens au fond de mon cœur et de mes tripes à la fois : ce qui a miné notre amour, tué notre couple et détruit l’espoir d’une vie meilleure pour nous et nos enfants, c’est ce mal insidieux et innommable que lui à fait son grand-père pendant tant d’années.
Ce mal dont elle s’est rappelé juste avant notre rencontre, suite à une émission après l’avoir occulté 15 ans. Ce mal qui la ronge et m’a rongé moi même pendant 2 ans et dont je ressens toujours l’empreinte.

Je veux aujourd’hui le crier à qui veut l’entendre, car il faut le crier, il faut que tout le monde le sache, mais il existe un mal dans nos sociétés qui pousse des êtres pervers et sexuellement déficients à abuser et détruire des enfants. Et ce n’est pas aux autres que ça arrive, c’est tout autour de nous et pourquoi pas en nous ! C’est cet homme dans la rue, ce voisin si sympa, ce grand-père tant aimé… pourquoi pas vous, pourquoi pas moi !

Et ce mal c’est quoi vraiment ? Comment lutter contre, comment l’extraire de ceux qui l’ont subit ? Je n’en sais rien, car si je le savais je serais aujourd’hui heureux, auprès d’une femme et d’enfants heureux.

Est-ce que ce mal est le SEXE ?
Ce je vais écrire n’engage que moi et plus qu’un avis sur la question (je ne suis pas psy), j’ai besoin de donner mon sentiment.
Je pense que le sexe n’est pas la cause du mal et ça aussi je veux le crier !
Un être sexuellement fort cherchera à « s’accoupler » avec un être de la même trempe.
Une personne sexuellement évoluée cherchera une relation avec une personne en rapport.
Et si le sexe pour lui même peut parfois dériver vers certaines extrémités il n’est qu’un vecteur très puissant que certains utilisent pour calmer des maux cachés.
La faiblesse mêlé à la lâcheté et à la perversité.
Oui, ces agresseurs qui vous ont touché ou ont touché des êtres aimés ne sont que des personnes faibles lâches et perverses, des impuissants de la vie et du sexe qui ne trouvent comme moyen d’assouvir leurs maux, comme moyens d’exister, que l’abus d’êtres innocents et plus faibles qu’eux. Et le sexe étant une des chose les plus puissante qui soit car il est porteur de la vie, il l’utilisent pour « pomper » cette vie naissante dans leur victimes innocentes et pures et se renforcer eux même par la domination qu’ils exercent.

Par ce que j’ai lu sur ce site entre autre et surtout ce que j’ai ressenti ces deux années avec mon amie, je sais aujourd’hui ce que peut être l’un des mal les plus terrible que peut porter l’être humain. Avant cela, malgré ce que l’on voit dans les média, j’étais en fait inconscient. J’étais comme la grande majorité des gens qui savent mais ne peuvent pas voir. Leur monde, ce n’est pas ça, ça ne peut pas les toucher.
Mon amie, elle est dans un autre monde où des valeurs essentielles comme l’amour, la confiance viennent s’opposer au sexe et à l’homme.
Pour ma part, je surnage aujourd’hui entre ces 2 mondes.
Je ne pourrais plus jamais faire parti de ce monde d’inconscience heureuse mais je ne veux pas non plus me perdre dans celui des victimes où mon amie m’entraînait sans s’en rendre compte.

Après ces 2 années d’amour et de combat, c’est le mal qui a gagné la bataille. C’est cet être mort aujourd’hui qui gagne toujours car il continue d’exister en elle dans les nombreux souvenirs qu’elle refoule toujours, dans ce qu’il lui a fait croire de la vie, dans ce qu’il a fait d’elle bien trop jeune, cette petite femme dans ce corps de fillette qu’elle ne peux accepter d'avoir été, pour enfin accepter la femme magnifique qu'elle est aujourd'hui.

Moi, j’ai vu cette femme si belle et désirable que je n’ai pu m’empêcher de vouloir partager avec elle, sans limite et en confiance, amour et sexe. Mais nous étions dans 2 mondes différents et ça ne pouvait marcher.

Aujourd’hui, après 2 années très difficiles pendant lesquelles j’avais même perdus certains repères, j’ai retrouvé mes valeurs, celles des inconscients. Je ne suis pas heureux, mais je ne doute à nouveau plus que le sexe est un des plus formidable vecteur d’échange positif entre les êtres et rien d’autre. Mais je sais aujourd’hui aussi à quel point il peut être utilisé contre nature et qu’il peut alors détruire des êtres, des familles, des vies.

Je veux crier aux uns, sortez de votre inconscience qui vous aveugle et aux autres de cette horreur qui vous tue. Il faut être conscient que ces horreurs existent vraiment pour pouvoir lutter contre, mais elles ne sont pas la vie.
Victimes ou proches il faudrait être prêt à regardez ensemble ces horreurs sans tourner la tête pour les uns ni rien occulter pour les autres et se battre avec force et conviction.
Mais les choses ne sont parfois pas si faciles. Nos propres faiblesse, notre amour, nos peurs sont là, et alors qu’on croit que le combat peut être gagné, tout s’effondre.

Aujourd’hui, je ne souhaite vraiment qu’une chose. C’est que mon amie, s’en sorte. J’espère que ces 2 années lui auront donné assez de force et de repères pour continuer la lutte qu’on a entamée ensemble. Je souhaite qu’elle puisse un jour ouvrir les yeux pour de bon et définitivement sur les réalités de l’amour et du sexe. Qu’elle puisse être heureuse dans la vraie vie dans sa vraie peau de femme et plus dans celle de la victime blessée. Je souhaite qu’elle puisse aimer les hommes pour ce qu’il sont et pas à travers ce que son immonde aïeux lui à fait. Elle mérite comme toutes les victimes de se libérer vraiment de tout cela pour pouvoir enfin vivre librement comme tous les inconscients.

Malgré, mon amour, je n’espère plus rien pour moi. Je n’ai pas su ou pas pu l’aider assez loin.