L'espoir d'une gladiatrice

Témoignage Publié le 09.08.2018

L'espoir d'une

gladiatrice

Bienvenue dans les méandres de ma vie. Aujourd'hui, je témoigne parce que j'ai eu le temps de prendre du recul sur les événements.

Il est vrai que je n'ai pas perdu de temps, les premiers faits ont eu lieu en juillet 2012 et nous sommes en août 2018. C'est dans ma nature. Je suis une personne qui a eu besoin de restée active pour survivre. Je viens témoigner en espérant transmettre un message positif à ceux/celles qui sont encore perdus dans leur cheminement vers le retour à la vie ou tout simplement détruits, comme je l'ai été durant plusieurs années. Avant de commencer mon récit, il faut que je vous dise que c'est l'espoir qui m'a toujours portée. L'espoir de jours meilleures et que cela cesse, un jour. 

J'ai eu une enfance heureuse, puis ma grand-mère est décédée le 25 juin 2012. En juillet 2012, mon grand-père a commencé à abuser de mon corps. J'avais 12 ans. On ne m'avait encore jamais touchée. J'ai été choquée. Je savais que ce n'était pas bien, mais je cherchais des explications et je lui ai même cherchée des excuses dans ma petite tête. Cela a duré deux ans 1/2 et dans ces conditions, c'est très long. 

J'y pensais le moins possible. Jusqu'à ce que j'explose, une première fois, l'été 2014. Je commence à me mutiler. Un système dans lequel je plonge de plus en plus, au fil des années. Il en vient même qu'au moindre tracas, au moindre stress, l'automutilation est devenue mon refuge. Je me puni par ce mécanisme. Je me fais mal pour avoir moins mal à l'intérieur. Je détestais déjà mon corps, mais je produis quelque chose qui me fais encore plus le détester. 

Je vais me tromper sur toute la ligne, durant quatre années. Puis, j'ai rencontré une personne qui m'a comprise et qui me soutient chaque jour. Voilà deux mois, à vrai dire que je ne m’autodétruis plus. Arrêter ma libérée d'un certains poids. Depuis, je culpabilise moins. Cela ne veut pas dire que j'aime mon corps, mais que j'ai cessé de lui faire la guerre. Et, des fois, je me surprends à l'aimer un peu. Je me suis également libérée de l'opinion des autres, ceux qui me disent sans même savoir de quoi ils parlent, sans me connaître : " Je ne comprends pas. Tu es mince et tout, tu devrais aimer ton corps. Il n'y a aucune raison. " Je refuse cette injonction, personne n'a à me dire ou à vous dire si vous devez aimer ou non votre corps. Ce n'est pas si facile, il faut le faire quand on se sent prêt.

En avril 2015, je n'y tiens plus. Cela me pollue la tête. J'en parle à deux amies, qui me conseillent dans parler à un adulte. J'en parle à ma professeure de mathématiques, qui va en parler à l’infirmière scolaire, qui va en parler à mes parents et je me retrouve à porter plainte. Six mois plus tard, j'apprends que la plainte a été classée sans suite par faute de preuve. Certaines personnes vont même jusqu'à dire que je suis une menteuse. C'est un coup dur. Mais, je le suis encore davantage, j'ai décidé de ne pas me laissée abattre.

Je me suis inventée une identité masculine, pour survivre, également durant plusieurs années. Cela se produisait par période, quand j'étais trop exténuée d'essayée d'être une femme "normale". Puis, un beau jour j'ai cessé de fuir, toujours grâce à cette personne qui a su regarder mon Moi intérieur sans trembler. Ce qui m'a beaucoup aidée, c'est aussi l'amour de ma famille (mes parents et mes frères). Ils ont étés un soutien sans faille, tout comme certains de mes amis.

L'amour familial et amical m'a permis de survivre. L'Amour m'a fait revivre. 

Avant cela, avant la renaissance, j'ai eu un dernier coup dur. Ce sont deux événements dont j'ai peu parlé. Aujourd'hui, je vais enfin le dire sans censure et juste relater les faits. Ca a refait vaciller la confiance que j'essaye d'avoir en moi. Mais, ça m'a prouvé que je savais dire non. Ca m'a prouvé que je pouvais dire, plus jamais. Je suis handicapée moteur (dystonie myoclonique), donc j'ai un taxi qui me ramenait chez moi après les cours. Il a toujours été très gentil, il disait que j'étais sa préférée. Encore une fois, être la préférée offre des avantages dont je me serais bien passée. Un soir, il a mis sa main sur mon sein et a commencé à me peloter, il m'a bien fallu trente secondes pour réaliser et lui retirer sa main. Une autre fois, il a passé sa main entre mes cuisses et il m'a demandé s'il pouvait voir ma culotte. Je lui ai répondu très sèchement, non. 

Les jours d'après, j'avais peur que cela se reproduise et j'ai pleuré. Mais, par la suite, j'ai été très fière d'avoir réagi et de l'avoir remis à sa place. Voilà, depuis j'apprends à accepter les gamelles de ma vie et à en faire quelque chose de positif, à m'en servir pour en aider d'autres et faire bouger les mentalités et les comportements. J'essaye d'être heureuse, en tout cas j'en prends le chemin et puis il parait que le bonheur n'est pas une finalité, mais un état d'esprit et un moyen de locomotion.

De la part d'une gladiatrice des temps modernes.