Témoignage femme : aucun souvenirs mais un pressentiment

Témoignage Publié le 12.02.2009
Ce soir je n'arrive pas à dormir. ça fait plusieurs fois que je viens "trainer" sur ce site en espérant y trouver des réponses.
Ai-je été victime d'un abus sexuel dans mon enfance?
Je ne me souviens de rien et pourtant il y a des choses étranges: une manière d'aborder la vie, une dépression récurante, une peur enfouie et tout le temps en moi, cette façon que j'ai d'oublier instantanément les choses qui me font trop mal (une conversation, une parole maladroite suffisent à creuser des trous dans ma mémoire), ces maux de ventre inexpliqués, l'incapacité de dire non et même de savoir ce qui ne me conviens pas. et surtout l'impossibilité totale d'avoir des relations sexuelles avec mon mari.
Tout à commencé il y a quelques mois. Je suis en thérapie depuis un bon moment et nous avons abordé cette question. Ou plutôt j'ai posé la question: qu'est ce que tout cela veut dire? est ce que toutes les difficultés que je traverse ont un sens et quelle est l'hypothèse du psy? Je savais très bien ce qu'elle allait me dire et quand elle l'a dit avec beaucoup de précautions et en restant assez vague, ça m'a soulagé dans un premier temps, puis précipité dans l'angoisse. J'ai passé deux semaines à faire des crises d'angoisse, prostrée, croyant que j'allais mourir. Puis sont venues les questions: est-ce possible que ce soit ça la cause? Comment en être sûre? Comment avancer sans savoir ce qu'on laisse derrière?
Puis je me suis souvenue, je connais cette angoisse: celle qu'on nommait spasmophilie quand j'étais petite. Je connais cette peur que les autres me fassent du mal, qu'ils me trouvent tellement nulle, peur d'être transparente et en même temps désir d'être transparente et de disparaitre pour être en paix. Tout ça je connais depuis bien longtemps. Je connais aussi les maux de ventre ceux qui m'ont tenus éveillés tant de nuits quand j'étais enfant. Et les insomnies...
Tout ça m'est revenu et je me suis dit "je vais mal depuis toujours et c'est pas normal. Qu'est ce qui a bien pu se passer? On ne nait pas depressive non? Et si j'inventais tout ça pour me rendre interessante?" Et pourtant les souvenirs de mon enfance sont tout à fait classiques: des parents suffisament bons, deux soeurs avec qui je m'entend bien, pas d'évènement majeur à ma connaissance, pas d'ambiance sexuelle à la maison, des difficultés mais celles de tout le monde... Il me semble mais où est la vérité?
Aujourd'hui je suis sous anti-dépresseurs et je vis avec cette question même si de l'extérieur on me voit gaie et souriante. Et je ne peux pas en parler à ma famille alors que seuls eux pourraient me donner des indices.
Pourtant quand j'ai fais ma remière thérapie (j'en suis à la deuxième) j'avais cette phrase en tête qui n'est jamais sortie de ma bouche: "j'ai l'impression d'avoir été violée". J'ai tout bien caché et ma première psy n'a rien vu et j'ai oublié. Oublier et faire semblant sont ma spécialité à tel point que je n'arrive plus à savoir ce que ressent vraiment et c'est encore pire parce que je passe de l'euphorie à l'angoisse sans rien contrôler. Je ne sais plus qui est la vraie moi. Je cherche à savoir qui j'étais avant d'être déprimée, de me camoufler, de faire semblant d'aller bien mais c'est le vide. et toujours ces questions qui me tarraudent. Comment trouver les réponses?
Nous en parlons
P
Philippe
Publié le 05.05.2010
Inscrit il y a 14 ans / Actif / Membre

L'oubli, c'est à de venir fou. Est-ce que les allergies, l'asthme, sont des symptômes ? est-ce que les crises nocturnes sont des réminiscences ? Est-ce que cette peur d'être poursuivi en pleine journée qui me force à rentrer au galop chez moi est un flashback ? Certains disent que oui, mais moi, je ne sais pas. L'oubli tous les jours, surtout les choses embarrassantes, mais pas seulement. Le fait de ne jamais vraiment sentir bien, sur le qui vive. La peur au moindre haussement de voix, au premier geste brusque. Le départ en dissociation. Et pourtant, contrairement à toi, Anonymous, j'ai quelqu'un qui m'a confirmé les faits dans leur généralités, puisqu'elle les a subis elle aussi, avec sa soeur et mon frère. Mais ce qui emplit mon esprit est tellement bizarre, tellement peu probable.

Me rendre intéressant, c'est exactement la question que je me pose. Comment faire pour sortir de là, avoir au moins une certitude malgré la peur de croire. Tu n'es pas seule.