Abusée par mon père, ma mère était au courant

Témoignage Publié le 05.09.2024

Mon père a commencé à abuser de moi lorsque j'avais entre 4 et 5 ans. J'ignore s'il a fait de même avec mes sœurs.

J'étais "sa poule". Je n'en parlais à personne. Jamais. Ma mère était au courant, elle le protégeait. Elle était très méchante avec moi. De nombreuses années de psychanalyse m'ont permis de me rendre compte qu'elle essayait de me décrédibiliser auprès de moi-même avant tout, et aussi auprès des autres au cas où j'irais parler. Elle me dénigrait, me disait que je ne réussirais jamais rien, elle me traitait de garce. Comment peut-on être une garce à 6 ans ?? Mes sœurs aussi étaient très méchantes avec moi et nous n'étions pas proches. Donc au sein de ma famille j'étais seule. Mon père était le seul à être gentil... alors peut-être que je pensais normal ce qu'il faisait. Il a cessé d'abuser de moi à la puberté. Combien de fois m'a-t-il dit que les règles ce n'était pas propre, ou que je n'étais plus sa poule... et moi cela me blessait tellement que je refusais mes règles et pouvais passer parfois trois mois sans les avoir.

Mon cerveau très tôt a oublié. J'ai fait une mémoire traumatique. Je me suis souvenue de tout vers mes 35 ans. Une longue thérapie, toujours en cours. J'arrive à ne pas ressentir trop de colère contre mon père, ma mère... un peu parfois, je ne suis pas parfaite. Il y a eu beaucoup de dégâts en moi, j'ai l'impression d'être un vase réparé en mode Kintsugi. Aujourd'hui je ne vois plus mes parents depuis 2001, ni mes sœurs. J'avance dans ma vie. Je suis en train de divorcer d'un manipulateur narcissique, et oui... proie facile... mais si je le quitte, c'est que je progresse.

Je pense que l'on peut se remettre mais pas seul. Je pense que l'on peut s'épanouir et vivre mais pas isolé. J'étais une petite fille très populaire et assez vivante car mon cerveau a dissocié de suite ce qui se passait et me faisait souffrir et peur d'avec le monde extérieur. Un bien ou un mal, je l'ignore mais cela m'a permis de survivre. Aujourd'hui, je n'ai pas de mal à parler de cela, il faut parler. 2024 et toujours trop de silences et trop peu de gens réalisent que cela existe, que c'est réel. Trop de gens également refusent d'être mêlés à ce genre de choses et préfèrent donc ne pas entendre, ne pas voir... pour cela comme pour les violences dans un couple...