Quelle éducation sexuelle pour nos enfants ? Colloque 2018 du REPPEA

Événement Publié le 07.02.2018

Le 27 janvier dernier, nous étions présents au colloque 2018 du Réseau des professionnels pour la protection des enfants et adolecents (REPPEA), consacré cette année à l'éducation à la sexualité. En attendant le compte-rendu officiel du REPPEA voici un résumé de cette journée.

Eugénie Izard nous accueille et présente le REPPEA. Cette structure a été crée en 2014 par des pédiatres, psychologues, psychiatres et autres professionnels de l'enfance, qui s'inquiétaient de voir les signalements qu'ils réalisent rester sans suite. Qui s'inquiètent également de certaines dérives institutionnelles en France depuis l'affaire d'Outreau. Ce réseau a pour objectif de:

  • - donner la priorité aux droits de l'enfant
  • - reconnaître les situations d'inceste
  • - lutter contre la résidence alternée pour les tout-petits (moins de 6 ans)
  • - fournir des ressources aux profesionnels
  • - alerter les autorités
  • - agir au niveau politique quand les droits des enfants sont menacés

Ce réseau a déjà publié deux livres:

  • - Danger en Protection de l'Enfant (janvier 2016)
  • - Livre blanc sur la protection des enfants maltraités (mars 2017)

Ce colloque est consacré aux dérives du tout nouveau programme officiel d'éducation à la sexualité. En avril 2017 Face à l'inceste s'était déjà associé à une pétition du REPPA sur le sujet: voir notre article Oui à la prévention, non à la perversion !

Comment le "droit au plaisir" s'est invité dans les programmes scolaire 

Eugénie Izard dresse ensuite un historique d'une certaine pensée pro-pédophile qui s'est infiltrée jusque dans les programmes officiels d'éducation à la sexualité des institutions internationales: OMS, Conseil de l'Europa, Planning familial mondial, etc.

Tout commence avec les publications d'Alfred Kinsley (1938-1956): entomologiste de formation (c'est à dire spécialiste des insectes !) il publie deux ouvrages très contestés qui font état d'expérimentations pédophiles sur des enfants à partir de 6 mois. Contesté pour son manque de rigueur, jamais publiés dans des revues scientifiques sérieuses à comité de lecture, critiqués pour les biais dans le choix de l'échantillon des personnes interrogées (prostitués, pédophiles reconnus comme tels par la justice, etc), les ouvrages d'Alfred Kinsley continuent malgré tout à faire autorité auprès d'un certain nombre de gens. Il prône ouvertement la libéralisation de la pédophilie en écrivant par exemple: "Il est difficile de comprendre pourquoi un enfant devrait être perturbé par le toucher de ses parties génitales".

Cette pensée a été propagée par des organismes comme le SIECUS (aujourd'hui financé par le contribuable américain) qui prône l'éducation sexuelle des enfants. Les guidelines du SIECUS (2004) recommandent d'enseigner à l'école la masturbation aux enfants de 5 ans, et véhicule une idéologie libertaire hyper-sexualisée qui encourage les enfants et adolescents dans leurs "droits sexuels" sans limite d'âge. Ils s'opposent à la définition d'un âge minimum de consentement (ou "majorité sexuelle") et prétendent que le seul problème avec la pédophilie viendrait des réactions moralisatrices de l'entourage et non des faits eux-mêmes.

On retrouve cette idéologie dans la déclaration 2008 de l'IPPF (Planning Familial Mondial) qui défend le "droit au plaisir" des enfants mais pas leur droit à être protégé des prédateurs. Ainsi par exemple l'article 9 défend le droit au mariage sans aucune limite d'âge.

On la retrouve encore dans les Standards pour l'éducation sexuelle de l'OMS en 2010. La notion d'éducation anticipative en fait partie. Le REPPEA s'oppose à cette anticipation (exposition trop précoce à la sexualité à des enfants et adolescents) qui peut s'avérer éminemment traumatique.

La perversion consiste ici à mélanger subtilement des messages de prévention qui sont évidemment nécessaires et utiles avec d'autres messages pro-pédophiles.

En France l'éducation à la sexualité définie par la loi de 2001 était respectueuse des droits de l'enfants et visait à la prévention des risques pour les enfants et adolescents:

  • - viol et agressions
  • - exploitation, proxénétisme
  • - exposition précoce à la pornographie
  • - grossesses non désirées
  • - discrimination et homophobie

D'inspiration humaniste, ce programme d'éducation distinguait ce qui est privé et public, respectait le droit à l'intimité de chacun, et associait les parents.

Un changement radical intervient quelques ans plus tard avec l'adhésion aveugle aux nouveaux Standards de l'OMS. Ainsi le Haut Conseil pour l'Égalité dans un avis de 2016, appelle de manière "urgente" la France à se doter de nouveaux programmes pour offrir aux enfants "une vie sexuelle et affective épanouie". Il faudrait "changer de paradigme" et de proposer une sexualité synonyme de plaisir déconnecté de la sphère affective, et ce dès le plus jeune âge.

Les nouveaux programmes de 2017, élaborés sans qu'aucun pédopsychiatre ne soit consulté, sont dans cette logique: en décrivant avec beaucoup plus de détails que nécessaire une vision purement technique de la sexualité et du plaisir, ils font le prosélytisme d'un "plaisir sexuel" déconnecté des sentiments et sans aucune limite d'âge. Ce faisant ils nient le droit de chacun à l'intimité au nom d'une idéologie post-soixante-huitarde qui proclame que "la jouissance est politique".

Intervention de Maurice Berger

Le Dr Maurice Berger parle des attaques dont il a été l'objet dans la presse lorsqu'il a commencé à alerter sur certaines dérives récentes de l'éducation à la sexualité. Il reprend les arguments de la pétition d'avril 2017 qui a recueilli 20.000 signatures à ce jour, en majorité des professionnels de l'enfance.

Lr Dr Berger insiste sur la ruse qui consiste à mélanger des messages nécessaires et utiles (comme la lutte contre les discriminations homophobes) avec des messages d'incitation au plaisir qui vont à l'encontre de tous les autres messages sur la prévention. La position des adultes n'est pas d'être séducteurs ou incitateurs de la sexualité, surtout lorsqu'ils sont parents ou enseignants. Les nouveaux programmes sont obscènes au sens propre: "qui blesse ouvertement la pudeur, surtout par des représentations  d'ordre sexuel" (Larousse).

L'anticipation demandée par les Standard de l'OMS constitue une intrusion dans le rythme de développement psycho-affectif des enfants. Elle ne respecte pas la limite entre l'intime et le public, ni le tabou de la sexualité dans l'espace familial (qui fait que les parents évitent les gestes érotiques en présence des enfants). Cette idéologie sans fondement scientifique a des accents totalitaires selon le Dr Berger, dans la mesure où l'État se substitue aux parents pour imposer cette vision.

Elle ouvre la porte à la pédophilie qui ne renonce jamais à présenter ses perversions comme légitimes. Il y a un lobbying sournois qui avance masqué, passe comme souvent par les institutions européennes, pour banaliser l'idée d'une vie sexuelle souhaitée et désirée par les enfants sans limite d'âge.

Aucune étude sérieuse en double aveugle n'a démontré que l'éducation au "plaisir sexuel" soit profitable au développement des enfants. Au contraire, dans certaines régions du Royaume-Uni ou une telle éducation a été abandonné pour des raisons budgétaires, on a mesuré une baisse de 40% des grossesses non désirées chez les adolescentes, ce qu'on peut voir comme un progrès du point de vue de la santé publique. 

Les 7 propositions du REPPEA

1. Informer loyalement les parents sur le contenu des programmes

2. Limiter les enseignements dispensés en Maternelle à la prévention des agressions sexuelles

3. XXX

4.  XXX

5. XXX

6. XXX

7. Retirer les termes "déclaration des droits sexuels" et la référence aux Standards de l'éducation sexuelle de l'OMS (2010) des textes officiels 

La position de Face à l'inceste

Nous l'avons déjà dit en avril dernier: Face à l'inceste soutient que la prévention est essentielle. Nous devons  apprendre aux enfants dès le plus jeune âge que leur corps leur appartient, que leur intimité leur appartient et qu'aucun adulte n'a le droit de voir ou toucher leurs parties intimes (et inversement de leur donner à voir ou à toucher celles d'un adulte). L'ignorance ne protège pas, et l'éducation à la sexualité est essentielle pour la sécurité de nos enfants.

Cependant, toute idée d'initiation ou d'incitation au plaisir sexuel d'un enfant, d'un adolescent par un adulte est intrinsèquement perverse. Surtout lorsque l'adulte est en position d'autorité comme les parents ou les enseignants. L'exposition précoce des jeunes à la pornographie est un problème, une atteinte à leur intimité qui peut être traumatisante. Mais l'exposition à des images quasi-pornographiques dans le cadre d'un programme scolaire endossé par les autorités est une notion perverse et incestuelle. L'intimité psychologique et physique des enfants doit être respectée !

Le rôle des adultes est d'informer, de protéger, de poser des limites. L'adulte ne doit en aucun cas se poser en séducteur ou incitateur de la sexualité des mineurs, surtout lorsqu'il est en position d'autorité. Ce qu'on pourrait résumer le répétant une fois de plus: OUI à la prévention, NON à la perversion.