Bonjour à tous et à toutes. J'ai subi des actes incestueux de la part de mon cousin de manière répétitive de mes 5 ans à 11 ans.
C'est la première fois que j'écris mon histoire "publiquement", je vais essayer d'être la plus claire possible. Je suis née un 19 avril 2001, j'ai donc 20 ans. Les incestes ont commencé à l'âge de 5 ans. Je me souviens parfaitement du premier jour où mon cousin a commencé ses attouchements sur mon corps. C'était une journée d'été où d'autres de mes cousins jouaient dans son jardin, nous étions chez ses parents (il vivait chez ses parents à l'époque) et il me demanda de le suivre dans sa chambre. Il faut savoir qu'enfant j'étais de nature timide et assez réservée, je ne jouais pas tellement avec mes cousins car je me sentais différente des autres enfants. Je pense qu'il en a ainsi profité pour me "piéger". Donc, il me dit de venir dans sa chambre et il s’intéresse à moi, chose que personne ne faisait avant lui, et de là il me dit "ça te dirait de jouer à un jeu ? Mais c'est un secret, ça doit rester qu'entre toi et moi, puis t'es une gentille petite fille, tu ferais ça pour moi ?" et j'ai dit oui.
De là s'enclenche le "rituel" comme je l'ai appelé. C'est-à-dire qu'à chaque fois qu'on se voyait (1 à 2 fois tous les week-end chez ses parents dans sa chambre, je venais avec mes parents) le début commençait par le fait que je m'assois sur ses genoux et qu'il me masturbe avec ses doigts, et pendant qu'il me masturbait il me racontait toujours l'histoire des trois petits cochons. Ensuite il m'allongeait sur le lit et me faisait un cunnilingus qui durait une éternité. Ensuite il dessinait beaucoup et me montrait ses dessins de voiture que je devais regarder nue à coté de lui. Ensuite il finissait le "rituel" en se masturbant. Cette "dernière étape" était très perverse de sa part puisqu'il me disait de ne pas regarder sinon j'étais vilaine, et il me plaçait dos à lui sur son bureau et lui était assis en face de son miroir. Or, il avait placé sur son bureau un petit miroir de salle de bain qui reflétait son reflet dans le miroir, et ce miroir était littéralement devant mes yeux, donc je voyais tout. Durant l'inceste je sentais au fond de moi que c'était pas normal tout cela. Et plus je grandissais et plus il me répétait que fallait vraiment pas que je le dise, il avait une emprise mentale sur moi qui était dingue.
A 11 ans, lors d'un cours de SVT en primaire où l'on a parlé de reproduction, ma professeure qui était géniale a abordé la notion de sexe et du consentement. Et là ça a tout de suite percuté dans ma tête, j'ai effectué une première prise de conscience sur mon inceste. Dès que j'ai eu cette prise de conscience j'ai arrêté d'aller chez lui, je ne voulais plus le voir. Mes parents ne comprenaient pas mais ne me forçaient pas, ils ne cherchaient pas à comprendre. J'ai ensuite cherché à comprendre ce qui m'est arrivé, le pourquoi du comment. En cherchant sur google, j'ai trouvé le nom inceste, j'ai lu quelques témoignages car j'ai quand même la chance d'être née à cette époque où existent google et ses forums. J'ai pu trouver des témoignages de femmes ayant subi aussi l'inceste et elles disaient toutes qu'il fallait en parler, que c'était important. Or du haut de mes 11/12 ans je ne pouvais pas, je ne me sentais pas prête. Je me suis donc renseignée sur tout ce que causait l'inceste et j'ai listé les conséquences, je faisais ça en cachette sur ma tablette. Et j'essayais d'écouter les signes que je pouvais voir émaner de moi-même, comme la culpabilité ou encore le dégoût de soi, qui sont normaux après avoir vécu un énorme choc émotionnel comme celui-ci. J'ai écrit beaucoup de poèmes et j'ai beaucoup dansé pour évacuer tout ça.
A 17 ans je devais en parler à ma famille, ma reconstruction devait passer par la prise de parole. J'ai donc d'abord parlé de cela à l'infirmière du lycée qui m'a épaulée et m'a conduite chez ma soeur où j'ai tout dit. Ensuite je l'ai dit à mon frère et mon autre frère. J'ai deux grands frères et une grande soeur. Ensuite je l'ai dit à mes parents, c'était une épreuve extrêmement difficile mais salvatrice. Au début je me disais que le dire n'allait rien changer et que c'était inutile, mais là c'était ma peur qui parlait. Après l'avoir dit, mes parents ont porté plainte puisque j'étais encore mineure. Et les policiers n'ont pas été très gentils et compréhensibles. Ma famille m'a crue tout de suite mais la police non. Je l'avoue, j'avais la rage car c'est moi la victime et on ne me croit pas : C'EST FOU. Et après on s'étonne que des pédophiles sont encore en liberté, mais si on ne croit pas leurs victimes ils seront toujours en liberté !! Enfin bref, c'est un autre sujet. A notre grand étonnement à tous, la plainte n'a abouti à rien du tout. Mais vraiment rien de rien. Ensuite je suis allée voir énormément de psychologues et de techniques parralèlles (hypnose, sophrologie...) et actuellement je vois une sexologue pour réapprendre à voir le sexe de la bonne manière. A changé mes perceptions et mes visions.
M. d'aujourd'hui : Je sais que je suis encore toute jeune mais j'ai beaucoup appris de ce traumatisme. Je ne sais pas si mon témoignage va être lu mais je voulais vous dire, soyez fière de vous quoi qu'il arrive. Ce n'est pas de votre faute et vous faites de votre mieux. Vous ne pouvez pas contrôler ce qui vous est arrivé. L'avantage du présent c'est que votre passé ne reviendra plus, que c'est fini maintenant. L'inceste et le viol en général je compare ça un peu à un cambriolage. C'est-à-dire que vous êtes une maison qui a été volée et détruite. Et oui c'est absolument injuste de devoir la reconstruire juste parce qu'un c*n l'a détruite. Mais l'avantage c'est que maintenant vous pouvez créer un palace, vous en êtes capable, on en est toutes et tous capables. Et parfois quand on subit ce traumatisme on se sent seul et incompris. Et je sais que dire "vous n'êtes pas seule" n'aide pas grandement et qu'en parler autour de vous c'est pas simple, car personne ne comprendra la douleur que vous ressentez mieux que vous-même. Alors je dirai juste "accrochez-vous". Accrochez-vous face aux tempêtes de larmes et aux tornades de doutes que génère ce traumatisme. Si la vie vous a fait vivre des choses impensables, hors du commun comme l'inceste, c'est pour que vous deveniez des êtres extra-ordinaires. Prenez soin de vous.