J'ai grandi dans une famille dysfonctionnelle

Témoignage Publié le 25.08.2024

Ma mère abusait de moi, mon père abusait de moi, ainsi que certains membres de ma famille.

Il y a tant à dire, tant à redouter aussi en prenant la parole, ne pas être crue encore, même après des années de psychothérapie.

Je n' ai pas connu autre chose que les abus car ils ont commencé dès mon plus jeune âge, d'environ 8 mois jusqu'à mes 15 ans. Mon enfance et mon adolescence m'ont faite de ça ; j'ai grandi dans une famille dysfonctionnelle où ma mère abusait de moi, mon père abusait de moi, ainsi que certains membres de ma famille. Je suis fille unique, bien que ma mère ait procédé à 3 avortements de grossesses qui n'étaient pas de mon père. Ma mère a donc commencé à mes 8 mois, mon père à mes 3 ans. Il faut savoir qu'eux-même était un couple libre, ce qui a eu comme conséquence de me faire connaitre les amants de ma mère et plus tard d’être abusée d'eux aussi ; quant à mon père, j'ai servi de monnaie d'échange pour ses fantasmes libertins et pédophiles. J'ai été vendue à d'autres hommes donc... heureusement qu'à mon époque Internet n'existait pas, j'aurais fini sur les plates formes X comme ces malheureux enfants aujourd'hui dont parlent les unes à scandales. Quant aux personnes qui ont abusé de moi dans ma famille, cela faisait partie des dimanches que l'on passait chez eux. Tout s'est arrêté physiquement lorsque mes 1ères règles sont arrivées à mes 15 ans.

La manipulation mentale et le contrôle mental ainsi que le conditionnement dans lequel ils m'ont élevée commencent seulement à disparaître maintenant, 30 ans après. Il est important de comprendre que ces abus ont tout simplement été là, car les limites n'existaient pas : pas d'intimité possible, visionnage de film X tous ensemble, de la violence dans les paroles, dans les comportements, brouillage des liens familiaux (j'étais la sœur de ma mère pour certains), pratique du naturisme (je n'ai porté mon 1er maillot de bain sur une plage qu'à mes 20 ans !), manipulation, perversion. violence, alcoolisme et violences éducatives telles que fessées, bains fumants, contrôle de mes passages aux toilettes et j'en passe...

Mes parents ont tous les deux de gros problèmes psychiatriques (pédophile, pervers narcissique, troubles du comportement). Ma psychologue a confirmé le terme de "réseau pédophile privé" que j'ai trouvé un jour en séance; et c'est vrai. Etre abusée par ses parents, leurs amants, leurs connaissances et leur famille fait de moi une victime d'un réseau pédophile privé, discret, secret.

Tout cela a provoqué des dégâts physiques, je suis atteinte de multiples pathologies, et je vis au quotidien avec ces séquelles qui me font me souvenir chaque jour de mes traumatismes. Il a fallu que leurs attitudes se reproduisent avec mes propres enfants (pour lesquels je n'ai jamais eu aucun geste incestueux) pour que je coupe définitivement les ponts. Aujourd'hui ils se font passer pour victimes (après tout ce qu'ils ont fait pour moi ! Je suis une fille indigne). Seulement, depuis 5 ans maintenant, qui continue à croire à leurs discours ? Mes enfants ne souhaitent pas donner suite à ce qu'ils ont eux-même subi. Ils me disent que je les ai déjà protégés en mettant cette distance. J'aurais au moins réussi à ce qu'ils n'aient pas des traumatismes aussi profond que les miens, car mes parents n'ont pas été jusqu'au contact sexuel avec eux mais ont perpétré des comportements qu'ils avaient eus avec moi avec le naturisme, le manque d'intimité et des actes tendancieux. Mes enfants ont compris plus grands que leurs grands-parents n'étaient pas fréquentables.

Pour conclure, et faire court, je veux dire qu'on peut s'en sortir, que si on parle, si on EN parle, c'est que nous avons pris conscience de ce qui s'est passé, que nous avons eu la volonté de briser cet étau, qui pour moi, était une question de vie ou de mort. Que nous avons les moyens de donner l'amour que nous n'avons pas reçu, d’être le contre-pied total de ceux qui nous ont fait du mal, et que nous pouvons avoir une vie différente . Nous sommes capables de résilience. J'ai pardonné à mes parents, à ma famille. J'avance, sur le chemin de la guérison, avec ses hauts et ses bas, mais je sais que le bonheur est là et qu'il m'attend.