A 44 ans, si je vais bien moralement, mon corps souffre encore

Témoignage Publié le 18.12.2015

A 44 ans,

si je vais bien moralement, mon corps souffre encore

Bonjour,

J'aimerais juste témoigner des conséquences que des années de violences quotidiennes ont laissé sur ma vie, ma santé.

Je n'avais pas 5 ans quand j'ai subi ma première agression sexuelle de la part d'un inconnu que ma mère avait décidé que je devais appeler "papa". J'ai subi les coups, les privations, la torture physique et psychologique, l'enfermement et des viols quasi quotidiens. Jusqu'à mes 18 ans.

J'ai su me relever de tout ça, avec beaucoup de mal, et sans vraiment de soutien. J'ai bien galéré.

J'ai publié un livre sur ce que j'ai vécu, une sorte d'analyse pour tenter d'expliquer pourquoi un enfant se tait et accepte de subir.

Psychologiquement donc, je vais plutôt pas mal. Une famille que j'ai construite difficilement, mais heureuse. Je suis maman de 3 enfants.

Oui, ça va. Sauf cette lassitude de la douleur. Parce que depuis des années, je souffre de maux divers, qui semblent être des séquelles plus ou moins directes de ces traitements abjects. Des problèmes articulaires, respiratoires, neurologiques notamment. Sans vrai diagnostic. Longtemps, on a considéré que c'était psychosomatique... Bah voyons...

C'est pas psychosomatique. J'ai des maux de tête à avoir envie de claquer ma tête contre un mur, mes mains me font un mal de chien, je ne peux plus tenir un stylo plus de quelques minutes, je me lève en ayant mal au dos, mes règles sont des hémorragies... J'en passe.

J'ai parfois le sentiment que je finirai par en crever de ce qu'il m'a fait. Sauf que personne ne le sait, personne ne le reconnaît.

Alors j'avais besoin de vous dire que parfois, je me sens bien seule, et que ça m'est pénible quand, comme aujourd'hui, après un déménagement, je dois voir un nouveau médecin, et que je vais devoir soit lui raconter ce que j'ai vécu pour qu'il daigne prendre mes maux en considération, soit me taire et continuer à avoir mal.

Et je vais parler... Parce que je refuse désormais de me taire. Mais je sais qu'il y a aussi une chance pour qu'il me dise que c'est psychosomatique... Parce que j'aurais peut-être besoin d'un psy... J'ai pas besoin d'un psy. J'en ai plus besoin. J'ai besoin qu'on reconnaisse que je souffre physiquement de séquelles d'années de maltraitances, de coups, de viols...

Merci de m'avoir lue.

Séverine

Nous en parlons
P
pierre
Publié le 03.04.2019
Inscrit il y a 5 ans / Nouveau / Membre

Séverine, et les autres... j’ai beaucoup de mal à vous lire sans avoir des flashs, je compatis sincèrement et félicite votre courage. Je viens seulement de m’inscrire, après 2ans d'hésitation, je touche le fond comme on dit. J’attends de l’aide d’AIVI. Mais en te lissant, j’ai pensé à une de mes amie qui consulte une thérapeute qui bosse l’EMDR, les énergies et surtout sur la mémoire cellulaire, les traumatismes laissent aussi des séquelles sur le corps physique. Fais des recherches... Tendre pensées pour toi.