A bout de nerf

Témoignage Publié le 10.11.2022

Je suis V, j'ai 37 ans, en décembre cela fera 4 ans je suis enfermée chez moi à cause d'un stress post traumatique du à un inceste par un de mes oncles de mes 5 ans à mes 17 ans.

Toute ma vie s'est écroulé le 13 décembre 2018, des souvenirs de viols me reviennent en tête, je me sens mal, très mal : malaise, nausées, crise de tétanie, agoraphobie,.... je n'arrive plus sortir de chez moi, tout devient difficile même les gestes les plus simples de la vie deviennent insurmontables comme prendre une douche. De plus, je me retrouve au RSA vu que j'étais travailleuse indépendante.

De Janvier 2019 à Septembre 2019, je ne reçois aucun soutien surtout du côté médical, aucun mot n'est mis sur mon mal être, on ne me conseille aucune association (il n'y en a pas là où j'habite), je cherche donc par moi même. C'ests une coiffeuse qui me conseille un psychologue spécialisé en EMDR. J'aimerais ici dénoncer plusieurs points :

Mon médecin traitant me prescrit un dose très faible d'antidépresseur et d’anxiolytique tout en me faisant culpabiliser de les prendre. Il me menace à deux reprises de me supprimer de sa liste de patient parce que j'ai demandé un second avis à un médecin généraliste et parce que je lui ai dit que je voulais consulter un psychiatre. Cela a duré 3 ans.

Mon psychologue m'a suivi de Septembre 2019 à Septembre 2021 à 120€ par mois. Lors de la dernière séance je tombe des nues, il m’accuse d'avoir porté plainte contre un innocent, alors que c'est lui même qui m'a fait rencontrer une juriste qui m'a aidé à comprendre l'intérêt de ce dépôt de plainte que je refusais en bloc. Il m'a également dit que mes souvenirs n'étaient pas des vrais qu'il avait été induit par l'EMDR, il a écrit lui même pour la justice que je l'ai consulté parce que mes souvenirs sont remontées bien avant ma première consultation avec lui !

J'ai consulté 2 psychiatres, le premier a décrété lors de notre deuxième rdv que j'étais ridicule avec mes symptômes (oui je vis avec un seau en permanence, un des nombreux symptômes du stress post traumatique), la deuxième en CMP, reconnaît au premier rdv que le CMP ne sera pas assez compétent pour les cas de psycho trauma et me fixe un deuxième rdv pour me faire prendre en charge dans un centre de psycho traumatique (C'est la 1ere fois que j’entends parler de ce centre en 3 ans). Au deuxième rdv, elle m'a oublié et m'accuse pour se couvrir je pense que je ne veux pas me faire soigner.

Je trouve ce désert médical pour les victimes de violences sexuelles inadmissible en 2022, et surtout ignoble le comportement des « soignants » qui n'ont aucune considération pour notre détresse.

Ce qui s'est passé : J'ai du prendre moi même rdv au centre de psycho trauma : ce fut une énième déception, le centre se trouve en plein milieu du hall de l'hôpital en open space avec écrit en gros centre de psycho trauma. Sommes nous des bêtes de foire ? Ont ils pensé à nos angoisses en créant ça, impossible ! Et le pompon, la psychologue qui me reçoit est étudiante. Je peux vous dire qu'ayant tout misé comme dernière chance de m'en sortir sur eux, j'ai eu envie de passer sous un train en ressortant.

J'ai demandé au journal local de faire un article pour lancer un SOS auprès des professionnels de santé pour une vraie prise en charge car ma situation n'évolue pas malgré mes nombreuses démarches, en Juillet 2022 l'article est écrit et autorisé à la publication par la direction mais pas publié. Après plusieurs tentatives pour savoir pourquoi, je viens d'apprendre par le journaliste que j'ai rencontré que sa direction a finalement refusé la publication pour préserver la présomption d’innocence et visiblement n'ont même pas le courage de me l'annoncer.

Je suis dans une colère noire parce qu'à aucun moment la justice ou mon agresseur ne sont nommé dans le récit, on aborde uniquement le thème médical ! Une déception de plus. Je suis resté 3 ans au RSA parce que personne ne m'a signalé que les victimes de violences sexuelles avaient le droit à la reconnaissance de travailleur handicapé mais surtout à l'AAH. Je ne trouve pas non plus normal que le milieu médical ou pôle emploi ne nous aident pas non plus. Et la encore, le médecin rechigne à compléter le dossier et j'obtiens donc un premier refus de la MDPH, heureusement j'ai rencontré une personne de l'association Espoir 54 qui m'aide à refaire un dossier et qui m'explique comment je dois faire remplir le dossier par mon médecin et qu'il doit écrire tous mes symptômes une quinzaine au quotidien quand même. J'arrive enfin avoir l'AAH pour 2 ans. Deux ans ça passe vite, je suis donc de nouveau dans le stress de savoir de quoi je vais vivre dans 6 mois, vais je me retrouver à la rue ?

Le mercredi 26 Octobre 2022, j'apprends que ma plainte est classé sans suite que seule les faits ou j'ai plus de 15 ans sont retenus, et que du coup il y a prescription. Ceci, c'est le juriste de la CIDFF qui m'en a informé pas la justice bien sur. Pourquoi avertir la victime ? La encore je ne comprend pas donc après 15 ans c'est vrai mais pour les viols à l'âge de 5 et 13 ans je mens ? L'annonce a été d'une violence pour moi je suis resté 3 jours repliés dans un coin de mon canapé a ne plus savoir qui j'étais, quoi faire, ou tout simplement comment vivre, j'avais l'impression qu'une fois de plus on me dénigrait.