Détruite de l'intérieur

Témoignage Publié le 13.04.2017

Détruite de l'intérieur

La vérité, ma vérité. C'est mon histoire que j'ai aujourd'hui envie de partager.

J'ai longtemps vécu à Paris, jusqu'à l'âge de 8 ans. Ensuite avec mes parents et mon frère nous avons déménagé à Toulouse, la ville natale de ma mère, là où vivaient ses parents que l'on voyait jusque là pendant les vacances.

J'étais une petite fille insouciante, heureuse, ou peut-être un peut triste d'avoir laissé derrière moi ma meilleure amie.

J'adorais mes grands-parents, ils étaient deux parents supplémentaires que la vie m'avait offerte.

Mon grand-père était un héro pour moi, je le suivais partout où il allait, vivre près de lui me faisait oublier la peine que j'avais d'avoir mon amie aussi loin.

Peut-être était-ce là mon erreur ? Le suivre partout, l'aimer autant, l'admirer autant ?

Mes parents travaillaient tous les deux, alors avec mon frère tout les mercredis on passait la journée ou l'après-midi chez mes grand-parents selon si on avait école ou non.

Je me souviens du jour où tout a commencé, je m'en souviens comme si je revivais à nouveau la scène. Mon frère était sur le fauteuil, et mon grand-père et moi sur le canapé côte à côte, une couverture sur moi, je ne sais plus ce que l'on regardait à la télé, mais certainement un dessin-animé compte tenu de notre jeune âge. Mon frère est plus jeune que moi de 3 ans, j'avais environ 9 ans.

Tout à coup sa mains s'est glissé entre mes jambes, il a commencé à me caresser à travers mon pantalon. J’étais gêné. Il a ensuite passé sa main dans mon pantalon et ma culotte, et il a continué à me caressé mon sexe.

Je comprenais pas ce qui m'était arrivé, je sentais bien que ça n'était pas normal, mais je ne comprenais pas.

Je ne sais combien de fois ça s'est produit, mais un jour ça ne lui a plus suffit, il est allez plus loin. Il m'a demandé d'aller dans ma chambre (tout s'est passé chez eux), j'ai du m'allonger tout en baisser mon pantalon et ma culotte, il a commencé par me caresser avec ses doigts, puis il s'est mis à lécher mon sexe, et si je bougeais, il appuyait à l'aide de ses deux mains sur mes hanches. Après ça il me disait de n'en parler à personne.

J'étais gêné, j'avais honte, mais je ne comprenais toujours pas ce qui m'arrivait. La encore, ça s'est produit plusieurs fois mais je ne sais pas combien.

Et puis une fois encore ça ne devait plus lui suffire, cette fois nous étions tout les deux dans le grand garage qu'ils avaient sous la maison, et c'est moi qui ai dû lui faire des choses. J'ai dût d'abord toucher son sexe de mes mains, et j'ai ensuite dût le mettre dans ma bouche. Je n'aimais pas ça, je n'aimais pas ce qu'il me faisait subir, mais j'étais obligé, je n'avais pas le choix. Comment voulez-vous qu'une petite fille de 9 ans dise non à un adulte en qui elle a à la base une totale confiance ? Mais il ne s'est pas arrêté là. Ce jour là il m'a également assise sur la table, m'a baissé mes vêtements, et s'est mis à frotter son sexe contre le miens, avec des vas et viens.

Aujourd'hui ce sont les seules choses dont je me souviens. Tout ces souvenirs n'ont pas toujours été là, tout ces souvenirs ne sont pas apparu en même temps.

Un après-midi alors que je devais avoir 14 ans quelque chose comme ça, j'ai lu un article qui parlait d'inceste, ce jour là j'ai compris que j'en avais été victime, car je me rappelais ce qu'il m'avait fait sur le canapé ou dans la chambre. Mais tout est pourtant resté enfouie en moi.

Les années sont passées, je n'ai jamais eu confiance en moi, je n'ai jamais eu de petit copain, je n'avais confiance en personne. Vers l'âge de 19 ans j'ai commencé à comprendre que si j'étais comme ça, c'était à cause de ce qu'il m'avait fait. J'ai commencé à prendre mes distances avec lui, j'étais craintive lorsqu'il voulait me faire un câlin, et également lorsqu'il me disait des choses déplacés.

Le 9 août 2011 ma grand-mère est décédée. Le soir même ma mère m'a demandé de rester dormir chez mes grand-parents afin d’être au près de mon grand-père pour qu'il ne soit pas seul. Je n'avais pas envie, mais je savais que si je disais non elle ne comprendrait pas pourquoi. J'étais traumatisé par la perte de ma grand-mère, je n'arrivais pas à dormir, en fait dans le noir j'arrivais à la percevoir et j'étais terrifié, je ne pouvais pas rester une seconde de plus toute seule dans cette chambre. Alors pendant 1 minute j'ai tout oublié, et je suis allez dans sa chambre lui demandant si je pouvais dormir avec lui parce que j'avais trop peur, il a bien sûr accepté. Je n'arrivais toujours pas à dormir. Et puis il a commencé à passer sa main sous mon tee-shirt, et mon corps s'est paralysé. Il a caressé mon ventre, mais j'ai eu la force et le courage que je n'avais pas eu étant plus jeune, je l'ai repoussé. Je lui ai dis non et j'ai enlevé son bras de mon ventre. Il a marmonné quelque chose me montrant sa déception, mais dieu merci il n'a pas insisté. Du moins pas de ce que je me souvienne. Cette nuit là j'étais tétanisé, je n'osais plus bouger, j'avais peur, peur parce que ma grand-mère nous avait quitté, et peur parce qu'il venait de se passer, peur que ça recommence.

Le lendemain je ne sais plus comment ça s'est passé, mais je sais qu'à partir de là j'ai pris sur moi, j'ai encaissé.

J'aimais mon grand-père, ça peut vous sembler incompréhensible, mais il était de ma famille, et je l'aimais. Et c'est cet amour qui a fait taire en moi toute souffrance et toute blessure. Les deux ans qui ont suivit ce jour j'ai beaucoup été là pour lui, lui qui avait perdu un être cher tout autant que moi. Non, bien sur que non je n'avais rien oublié du mal qu'il m'avait fait, chaque fois qu'il me touchait ne serait-ce que le bras, chaque fois qu'il me prenait dans ses bras, chaque fois que je dormais chez lui, chaque fois qu'il me disait ces choses déplacés mon corps se crispait. Mais j'ai tenu, j'ai tenu et je l'ai aimé jusqu'au 5 août 2013, jusqu'à son dernier jour. Ce jour là, mes parents étaient à son chevet, il était dans le comas, mais il a bougé ses lèvres, et mes parents ont pu lire qu'il essayé de dire mon prénom. J'ai beaucoup pleuré lorsqu'il nous a quitté.

J'allais sur mes 21 ans, je n'avais toujours pas de petits copains. A partir de ce jour et cela jusqu'à novembre 2015, je n'ai cessé de grossir, de prendre du poids. J'ai atteint les 100 kilos. Il est vrai que j'ai toujours était ronde, mais je n'avais jamais été aussi grosse de toute ma vie. Mais un jour j'ai eu ce déclic, en novembre 2015 donc, et j'ai réussi à perdre 26 kilos.

Il y a un an une de mes meilleures amies est tombé enceinte. Une bonne nouvelle, et pourtant je n'étais pas heureuse. C'est même tout le contraire, sa grossesse à provoquait quelque chose en moi. Toute cette souffrance accumulé depuis des années est remonté à la surface d'un coup, toute cette douleurs que j'avais enfouie au plus profond de moi même. Je pleurais pratiquement tout les jours, j'avais cette douleurs dans le bas du ventre, et tout à coup, cet homme que j'avais tant aimé, je l'ai haïs de toute mes forces ! Cette période a été pour moi très difficile à surmonter, d'autant plus que mes rapports avec mon amie enceinte n'allaient pas du tout, elle m'en voulait d'être mal à cause de son bébé, et moi je ne voyais aucune issus à ce désastre.

J'ai regardé beaucoup d'article qu'avaient écrit des psychologues, et c'est ce qui m'a aidé à m'en sortir. J'avais aussi écrite une lettre à ma mère pour tout lui révéler, mais je n'en ai pas eu le courage.

Quelques mois après l'été est arrivé, j'allais mieux, j'ai commencé à sortir, faire quelques rencontre, je reprenais peu à peu confiance en moi, mais j’arrivais à nouveau à faire confiances aux autres, alors j'ai baissé ma garde. Octobre 2016, j'ai commencé à parler avec un garçon sur les réseaux sociaux, on s'entendait bien, mais je ne me prenais pas la tête. Décembre 2016, on ce voit pour la première fois, ça se passe bien. La semaine qui suit on se revoit, on va manger en ville, et il me ramène ensuite chez moi, alors je le fais monter pour qu'il voit mon appartement. N'ayant jamais eu de copain, je suis vierge. On parle, on s'entend toujours aussi bien, je me sens sereine en sa compagnie, et j'aime ça. Il a finit par m'embrasser, puis m'a demandé s'il pouvait m'enlever mon haut, question à laquelle j'ai répondu non. Il a dit que ce n'était pas grave, on a discuté, et me sentant en confiance avec lui je me suis confié, sur mon passé, tout ce que je viens de vous raconter.

Les jours qui ont suivit je n'avais plus de nouvelle si ce n'est le lendemain. Deux semaines après je lui ai demandé des explications. Il voyait d'autres filles et ne voulait rien de sérieux avec moi, il se doutait que j'étais vierge mais étant joueur a quand même essayé. Il m'a garantit que mon passé n'avait joué en rien en sa décision de ne plus me revoir.

A partir de cet instant, tout la confiance perdu depuis des années que j'avais réussis à rebâtir ces derniers moi a été a nouveau détruite.

Ma mère voyait que quelque chose n'allait pas, elle ne cessait de me poser la question. Alors le 30 décembre, alors qu'elle me déposait chez moi, je lui ai donné la lettre que je lui avais écrite, révélant tout ce qui m'était arrivé. Je n'ai cessé de pleurer, je me sentait tellement mal, j'avais tellement peur, et j'ai reçu un message de ma mère… Mon grand-père lui avait fait subir la même chose.

J'étais encore plus mal, d'imaginer ma mère subir ce que j'avais subis moi-même.

Le lendemain c'était le nouvel-an, et même compte tenu des événements, mon amie avec qui je devais fêter cette nouvelle année voulait quand même sortir alors que j'en avais pas du tout la tête. J'étais très mal, je souriais pas, parlais peu, j'avais besoin de soutiens, de compréhension, mais au lieu de ça elle m'a simplement dit « Bon souris un peu tu va pas faire la gueule toute la soirée ». Il m'a fallut du temps, mais j'ai finis par prendre sur moi et je me suis forcé à paraître bien. Elle devait dormir chez moi, et j'en avait besoin, je voulais rentrer, mais elle voulait continuer la soirée et passer plus de temps avec son copain du moment, alors elle m'a ramené chez moi, elle m'a laissé là, alors que j'allais mal, et je me suis sentis abandonné.

A partir de là j'ai tout encaissé à nouveau, toute douleur ou souffrance. Personne n'essayait de me comprendre, personne…. Pendant deux mois je sentais que quelque chose n'allait pas, mais je n'arrivais pas à savoir quoi, j'arrivais à pas à mettre des mots sur mes émotions.

Et puis je me suis blessé au genou, le 28 février, depuis je suis en arrêt de travail. Je vis seule, alors j'ai tout mon temps pour penser, et j'ai finis par sortir ce que j'avais sur le cœur.

Alors voilà où j'en suis aujourd'hui ! Je réalise à quel point cet homme m'a détruite de l’intérieur, je me suis trop longtemps mentis à moi même disant que j'allais bien, et même quand j'allais mal je n'avais pas conscience que c'était aussi grave. Je n'ai plus aucune confiance, en moi ou envers les autres. Je ne m'aime pas, je n'aime pas mon corps, et je ne vois pas qui pourrais l'aimer. J'ai toujours été sur la défensive, un moyen de me protéger des autres. Il m'a volé mon innocence, il m'a volé toute confiance, il m'a volé mon estime de moi, il m'a volé mon âme, il m'a volé ma vie, il m'a tout volé. A cause de lui je suis seule, et je l'ai toujours été. Je suis un fardeau pour ceux qui m'entourent, à être aussi malheureuse, aussi abîmé, à toujours douter et avoir besoin d’être rassuré. Le bonheurs des autres me rend d'autant plus malheureuse. Je me sens détruite.

Je vais vers mes 25 ans, j'ai jamais connus l'amour, je n'ai jamais eu de copain, je suis toujours vierge, mes amies ne font pas attention à moi, je n'avance pas… Ma vie est raté.

C'est tellement douloureux de se sentir détruite à ce point.

Alors je ne sais pas, je ne sais pas si certaines se retrouveront en moi, je ne sais pas si certaines ressentent autant de douleur que moi, mais aujourd’hui j'avais besoin de raconter mon histoire.