Dure journée !

Témoignage Publié le 23.01.2014

altTrès dure journée !J'ai porté plainte il y a bientôt 15 ans. J'ai 34 ans. L'affaire a été classée sans suite par le procureur expliquant que le dossier manquait d'éléments.

Je suis hyper en colère. L'enquête à l'époque a révélé que je n'avais pas été la seule victime. Mon autre frère a lui aussi été violé par le plus vieux, de 10 ans mon ainé. J'avais cinq et six ans à l'époque des faits. Ca a duré longtemps, ça s'est passé plein de fois, combien je ne sais pas, mais beaucoup. Mon dépôt de plainte m'a donc apprit que je n'avais pas été la seule victime. Lorsque la psychologue judiciaire a eu accès à mes dessins d'enfants, elle a dit au gendarme: "ce sont les dessins d'un enfant abusé sexuellement". Le reste de l'enquête a montré que malgré mes souvenirs anciens, les lieux où les faits s'étaient déroulés concordaient avec les différents travaux effectués aux différentes époques dans la maison de mes parents.

... Et l'affaire à été classée sans suite !!!!

Les gendarmes m'avaient expliqué à l'époque que la justice était débordée, que les faits étant ancien, que l'enquête n'avait pas mis à jour de viols récents et que le procureur considérait qu'il n'y avait de danger pour personne d'autre. Ils avaient donc classé l'affaire pour ces véritables raisons !!!! d'autant plus que selon eux, ce ne serait que ma parole contre la sienne !!! Et moi ??? Et ma vie ??? Je ne compte pas ? L'enfant que j'ai été ne mérite pas d'être reconnu et protégé par la justice ??? Mon autre frère lui n'a pas souhaité porter plainte, nous avons fait des choix différent, mais cependant il a dit au gendarme que lui aussi avait subit la même chose... Donc est-ce seulement ma parole contre celle de mon plus vieux frère ??? Il faut quoi ? Une photo prise par hasard d'un voisin il y a 30 ans où on voit par une fenêtre mon frère en train de me violer ???

Bon, en tout cas, à l'époque de ma plainte je n'ai pas fait appel de cette décision du procureur. Je vivais encore chez mes parents, et je devais subir les pressions insidieuses de la plupart des gens de ma famille pour me freiner dans ces démarches qui entachaient l'image de la famille. Le propre d'une famille incestueuse qui essaie de cacher ce qui s'y passe, qui se coupe du monde extérieur, qui a une sorte d'esprit de clan dégueulasse pour maintenir le silence sur LE NON RESPECT DE CETTE LOI FONDAMENTALE : L'INTERDIT DE L'INCESTE.

Parler et déposer plainte m'a fait du bien malgré toutes les pressions que j'ai subies à l'époque. Sans ça je n'aurais pas survécu jusqu'à aujourd'hui. Je me remercie moi même de l'avoir fait malgré les pressions de mon père et de ma soeur surtout.

Je me suis ensuite émancipé petit à petit, mais difficilement de ma famille et j'ai essayé de construire ma vie d'adulte qui fut parfois belle, mais la plus part du temps chaotique. Toujours avec des moment où j'étais hyper mal et super stressé, avec toujours le sentiment que quelque chose m'empêchait de me réaliser, de vraiment faire ma vie d'adulte.

Aujourd'hui j'ai 34 ans bientôt 35, j'ai une vie sexuelle quasiment inexistante. Je n'ai pas fait l'amour depuis bientôt un an, et avant ces quelques mois où j'ai eu une courte relation et des rapports sexuels, une autre année de désert sexuel et relationnel. Avant ça, encore quatre ans sans sexe et sans relation, etc... J'ai eu la chance d'avoir vécu avec deux femmes tout de même, que j'ai aimées et avec qui j'ai pris plaisir à faire l'amour. Mais maintenant ça remonte à loin et ces deux histoires n'ont pas duré (en tout trois ans sur seize de vie adulte ! Le reste du temps, ça a surtout été le désert sexuel et relationnel). Je me galère chaque jour pour vivre, ou plutôt survivre ! Au travail je dois gérer mes angoisses quand je suis en face de clients de type abuseurs. Parfois je m'en sors bien face à ce genre de personne, parfois non, je suis juste tétanisé et mal. Bref, dur ma vie ! Là je passe sur les détails de ma vie il y a deux-trois ans où j'ai eu l'impression de devenir fou quand mon corps "s'est réveillé". J'avais vraiment l'impression de devenir complétement dingue.

Voilà deux ans que je me demande si je reprends les démarches judiciaires, si c'est possible. Cette semaine j'ai sauté le pas. Aujourd'hui je suis allé dans une asso qui propose des conseils et des renseignements aux victimes concernant les procédures judiciaire, les possibilité, etc... C'était dûr ce rendez vous, même si j'ai été super bien accueilli. Résultat : ils vont demander mon dossier au procureur de la juridiction où j'ai porté plainte il y a des années. Il devrait y avoir une lecture de celui-ci devant le procureur du département où je vis désormais, si j'ai bien compris. A priori j'ai encore 3 ans pour reprendre la procédure si quelque chose n'a pas été bien fait lors de l'enquête, vu que je n'ai rien de nouveau à apporter au dossier. Ils m'ont dit de ne pas m'attendre à des miracles, parce que si l'affaire avait été classé sans suite, c'était surement parce qu'il manquait des "preuves matérielles". Ce qui ne signifiait pas que la justice n'avait pas reconnu ma plainte et mon histoire, mais qu'elle ne pouvait pas trancher clairement. Franchement, deux victimes, deux personnes qui disent la même chose, le reste de l'enquête (corrélation entre les différents témoignages etc...) mes dessins d'enfants, C'EST PAS ASSEZ ?????????? Il faut une photo prise sur le vif ??????????????

J'ai la haine contre le plus vieux de mes frères, ce chien qui a abusé de moi à répétition pendant presque deux ans et qui a dit aux gendarmes : "je ne m'en souviens pas, si j'ai fait du mal à mes frères je m'en excuse, mais je ne m'en souviens pas" et qui à chaque fois que je l'ai recroisé m'a regarder avec domination et a fait peser sur moi ces gros yeux pour me faire peur et me maintenir dans le silence qu'il m'a imposé. C'est un putain de fils de chien. Il aura gagné si rien n'est possible au niveau judiciaire. Il m'aura réduit au silence et je sens le poids de ce silence peser sur mes épaule aujourd'hui, je sens les pensées de ma famille qui me salissent même si je ne les vois plus. Pour eux je suis celui par lequel le malheur est arrivé dans la famille. Même si j'ai eu la chance, par rapport à certains, de ne pas être traité de menteur par mes parents. De façon insidieuse, ils n'ont cessé de me laisser entendre que j'étais bien un fouteur de merde (surtout mon père) et que les choses passées sont passées, que maintenant c'est le présent, et que ma fois... "Ce n'était pas si grave, c'était le passé maintenant" !!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Evidemment dans cette famille tout le monde passe son temps à enterrer la merde, c'est la seule chose qu'ils connaissent tant pis si je dois en crever, l'important c'est que ça ne se sache pas ! Une belle bande de connards !
En tout cas, voilà où j'en suis. Il me presse d'avoir accès à mon dossier déjà, j'en ai besoin. Je n'ai eu accès à quasiment rien jusque là. Ensuite j'espère pouvoir reprendre effectivement les démarche et aller au tribunal. On est vraiment trop nombreux à ne pas être reconnu et ces chiens de violeurs font leur vie sans être inquiétés pendant que nous on se galère dans notre coin, encore pris par les peurs qui nous assaillent et le poids du silence sur nos épaules. Je veux vivre, j'en ai marre de survivre.

Aujourd'hui j'essaie de prendre soin de mon corps et j'essaie de me le réapproprier. J'ai cherché un endroit pour faire ça, j'ai essayé différentes choses et là il semble que j'ai enfin trouvé quelque chose qui me convienne (à voir quand même parce que c'est récent) : l'antigymnastique. Une pratique corporelle simple, douce, humaine et très terre à terre (ce dont j'ai besoin parce que sinon je pars vite fait dans mon imagination et je flippe grave). C'est pas simple d'être au contact de mon corps (lieu de souffrance et de peur pour moi surtout, de colère aussi et de haine). J'essaie d'apprendre à m'aimer de me donner de la douceur, de me donner ce qui me manque. J'espère que justice pourra être faite. Ca revient souvent dans mes rêves et je sais qu'en moi je sens ça : besoin que justice soit faite. Sans faire ce que je peux pour parler et dire ce qui m'est arrivé, ça me donne l'impression d'être complice des violeurs, que quelque part (concernant mon frère) je laisse courir en toute liberté sans être inquiétés.

J'espère vraiment que justice sera faite.

Je pense à vous tous, vous autres victimes aussi. J'espère que vous vous en sortez, j'espère que vous ne perdez pas courage. Nous méritons de vivre, ne perdons pas espoir même dans les moments les plus sombres de notre vie. Un jour j'espère nous pourrons vivre enfin.

Prenez soin de vous !

Nous en parlons
F
Fath
Publié le 02.02.2014
Inscrit il y a 10 ans / Nouveau / Membre

Bonsoir,

Je viens de lire ton témoignage....

Je perds vraiment tout espoir pour mon cas. J'ai été victime d'attouchement et de viol par mon frère, ma sœur et mon père... je n'ai porté plainte que contre mon père.. Quand mes frères et sœurs ont été convoqués, ils ont tous niés les faits et on prétendu à un trouble de la personnalité....

seigneur

Aujourd'hui il voyage entre l'Afrique et la France sans problème..