Inceste frère

Témoignage Publié le 03.11.2018

Inceste frère

J’ai actuellement 66 ans. J’ai été abusé par mon frère lorsque j’avais 14, 15 ans. Les souvenirs ne me sont revenus il y a seulement 11 ans, sans que je ne connaisse le facteur déclenchant. C’était en aout 2007, des flashs me sont venus à l’esprit, et m’interrogeant, recherchant pourquoi, les images, les souvenirs sont arrivés. Très mal à l’aise, j’ai appelé mon frère alors en vacances sur son voilier pour lui en parler et lui demander des excuses. Il m’a répondu ne se souvenir de rien.

La semaine d’après, j’ai réitéré ma demande par SMS car il ne répondait plus, et dès son retour de vacances, il est allé voir mon père, ma sœur, mes enfants (mais pas moi) pour se plaindre de quoi je l’accusais, que ce n’était que des mensonges ; qu’il y avait peut être eu « du touche-pipi à 4, 5 ans, mais pas à l’adolescence ». Mon père furieux m’a appelé le lendemain matin au travail pour m’incendier : je n’étais bonne qu’à casser la famille, que j’avais vécu normalement jusque là, que je lui demandais de choisir entre son fils et moi, enfin... Que des horreurs. (Il a reconnu pourtant les travers sexuels de son fils).

Suite à ce coup de fil dont il ne s’est vanté à personne, je n’ai revu personne durant une dizaine d’années. Ma fille, (qui m’a toujours soutenue) et moi avons été rejetée de toute la famille. J’ai eu un suivi psychologique durant 2 ans, traitement anti dépresseur et, de l’avis de la psychiatre, il  faudrait fuir les personnes qui m’étaient toxiques. Ma famille ne m’aimait pas. Je me suis quelques peu reconstruite en ne voyant plus personne, c’était un peu mieux quoique jamais sereine, comme face à une injustice non réglée.

Depuis ma retraite en 2013, je fais du yoga, du pilate, de la méditation, qui m’aide pas mal à relativiser, mais l’injustice reste. J’ai été recontactée en été 2015, pour m’informer qu’à 90 ans mon père se remariait avec sa compagne. En juillet dernier 2017, mon père (93 ans actuellement) a fait une chute et s’est fracturé une vertèbre. Je suis infirmière, et suis allée le soigner, la toilette, le faire marcher pour qu’il retrouve de la mobilité. Chaque jour, matin, am. J’étais obligée de voir toute cette famille, qui semblait me reparler, mais c’était pesant.

Suite à cet accident, mon père a voulu déménager. Il a fallu lui trouver un appartement et vider sa grande maison archi pleine. Nous nous sommes côtoyés, mon frère, ma sœur et moi, dans un climat tendu, et très pénible pour moi. Revoir mon frère et l’injustice de la situation m’étaient lourds. Chacun y a mis du sien, nous avons aménagé l’appartement, pour ma part, la tapisserie, et vider la maison (6 mois). Déménagement, vendre la maison enfin de septembre à avril, du non-stop.

Maintenant tout était installé, mon père a retrouvé une santé en rapport avec son âge et les distances se sont réinstallées. Me voir réapparaitre gênait beaucoup. Revoir mon frère et l’animosité de ma sœur m’avaient fait beaucoup de mal. Je me ressentais victime non reconnue. J’allais régulièrement voir mon père. On m’appelait dès qu’on avait besoin pour le garder (car sa femme part régulièrement en voyage, le laissant seul), y dormir la nuit quand il était seul (il est diabétique), l’emmener et prendre les rendez vous chez le gériatre, tout ce qui était du domaine médical me revenait.

A la suite d’un deuil  dans la famille, je me suis rendue chez ma soeur, et y ai vu des tableaux de peintre connu qui étaient à mes parents. Lors d’une visite chez mon père, j’ai demandé comment il se faisait que les tableaux étaient chez ma sœur, il m’a répondu que j’avais été absente alors que mon frère et ma sœur étaient là, donc c’est à eux que ça revenait. J’ai ressenti à nouveau combien j’étais répudiée. L’impunité, l’injustice, le mal-être sont revenus, je ne me sens pas bien, et maintenant suis décidée à porter plainte. Non que  je veuille des dommages, juste des excuses. Que dois je faire pour qu’il y ai une notification de cet inceste, que ça ne soit pas un acte inconnu, impuni, que mon frère s’en tire sans aucun problème ?

Je m’aperçois maintenant qu’il y a certainement eu concertation pour que chacun ne dise rien et que jamais « l’intégrité de cette famille soit ébranlée ». Bien sûr, je ne suis pas en danger, mais ai du mal à me résoudre à être obligée d’accepter cet inceste, déclencheur de tout ce marasme familial envers moi.