Je ne suis pas coupable

Témoignage Publié le 13.01.2009

Non, je ne suis pas coupable de l'inceste que j'ai subi de la part de ma mère.
J'ai toujours vécu sur la culpabilité. Je pensais que j'avais été un enfant impudique, provocateur, exhibitionniste, que j'étais un monstre d'égoisme d'avoir exigé de ma mère toujours plus d'attention, de câlins, de caresses.
Chaque nuit jusqu'à 12 ans j'allais me réfugier auprès d'elle et elle l'acceptait.
Tout cela, je dois le dire aujourd'hui, je n'en suis pas coupable C'est aux parents de mettre des limites, de rendre autonomes leurs enfants, de les aider à prendre leur indépendance.

Je n'ai jamais subi de violence physique directe, mais psychologique, c'est bien pour cela que c'est difficile :

Je n'avais par exemple pas droit à la pudeur. Elle pouvait entrer dans la salle de bain ou dans ma chambre quand elle le voulait, inspecté si j'étais bien lavé, ou si je m'étais bien essuyé le derrière après être allé à selles.
Je me rappelle aussi une scène de mes 9 ans, à la piscine, où elle avait "oublié" mon maillot de bain. Je protestai, mais elle ridiculisa ma pudeur exacerbée, jusqu'à ce que je me mette nu. Une fois nu, elle me dit :"tu vois ça n'est pas si terrible". Le pire, c'est que dans ces situations, elle enchaînait toujours par : "et puis tu est si beau, tu n'a vraiment rien à cacher". Cela me faisait honte.

Cette érotisation forcée de mon corps, je l'ai ressentie de plus en plus fort à la puberté, sans cacher son désir de me voir devenir homosexuel, pour que je reste à jamais son chevalier-servant, que je ne perde pas ma "fraïcheur" et ma "sensibilité".

Tout c'est brisé lorsque j'avais 13 ans, où durant les vacances, elle m'a fait "initier" par un gars de 25 ans, disant que j'avais l'âge de faire mes premières expériences, qu'elle voulait que cela se passe bien, etc. En fait, j'ai été violé.

Depuis ce jour, j'ai fermé les écoutilles, camouflé mes sentiments, et j'ai vécu l'enfer de la solitude, de l'impuissance sexuelle. Je me mettais souvent dans des situations troubles avec des hommes, espérant que j'aurais le déclic, que je correspondrais enfin au désir de ma mère.