L'habit ne fait pas le moine

Témoignage Publié le 26.10.2022
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Alors que notre famille était noble, instruite, cultivée, bourgeoise, et allait à la messe tous les dimanches, cela n'a pas évité 3 enfants sur 6, d'être victimes d'abus sexuels de notre père, pourtant si "bien" en apparence.

De 4 à 10 ans, je faisais du rhumatisme articulaire aigu (RAA), avec des douleurs horribles, m'incitant à aller me réfugier la nuit dans le lit de mes parents, quand j'avais de fortes crises. Pendant plus de 40 ans, j'ai fait de L'AMNÉSIE TRAUMATIQUE et je n'ai compris ce qui m'était arrivé, qu'après avoir consulté pendant + de 10 ans, des professionnels divers de la santé mentale, pour de la "violence ordinaire" de la vie quotidienne (colères paternelles avec coups, enfermements nocturnes dans la cave, 6 ans de RAA, 35 ans de dermatoses aux chevilles, + de 20 ans de micoses et infections vaginales à répétition, 5 commotions cérébrales, plein d'accidents avec fractures + accident de voiture avec 8 jours de coma, etc., humiliations mentales quotidiennes de ma mère, véritable "grenouille de bénitier" se donnant sans cesse en exemple et pour qui rien n'était JAMAIS assez bien fait...).

Un jour, j'étais en soin avec une magnétiseuse, et BOUM, gros réveil d'amnésie, avec tout plein de souvenirs hyper précis qui se sont succédés, comme des dominos qui tombent les uns après les autres... Je consultais aussi une psychologue clinicienne pratiquant l'hypnothérapie et la PNL, qui m'a invitée à regarder des vidéos sur YouTube, où M. S. expliquait le phénomène. C'est comme ça que j'ai cherché ensuite et trouvé à 1H30 de chez moi, un CHU avec service de Médecine Légale, proposant des suivis psys (2 en même temps, pour une sorte de supervision respective immédiate), gratuits, en "traumatologie & victimologie". Ce fut rassurant de comprendre que je n'étais pas la "petite pute" que je croyais être, en retournant à chaque crise de RAA, me réfugier ds le lit de mes parents, entre ma mère ronflant avec ses verres de whisky quotidiens du soir et mon père dont la graaaaande main, scellait ma bouche, pour que je ne crie pas...

Je ne vais pas raconter tous les souvenirs de mes dominos, ici. Mais je peux dire que des professionnels de la santé mentale qui vous expliquent le phénomène de sidération, suivi de la dissociation, du "court circuit" du cerveau, pour prévenir d'une potentielle crise cardiaque, etc., ça m'a réconciliée avec la petite Lucie. Depuis, mon travail continue. J'avais entamé un "suivi psy banal", à l'âge de 36 ans (naissance de ma 3ème fille qui a 24 ans auj.), motivée par la maternité et mon hyperémotivité quotidienne trop envahissante pour toutes & tous, y compris moi-même. Les journées étaient "normales" (boulot, administration du foyer, entretien maison & jardin, enfants, vie sociale...), mais mes nuits, des catastrophes ! Le subconscient a tjs foutu le bordel dans ma vie. Et il a fallu que ma fille aînée (qui a auj. 36 ans), s'éveille elle-même de son amnésie traumatique, pour que j'en sois HYPER CHOQUÉE & TRAUMATISÉE, et pour que j'aille finalement consulter sa magnétiseuse et qu'après plusieurs séances, mon éveil ait lieu.

En (trop) résumé, qd je vivais seule avec ma fille aînée parce qu'on était séparés avec son papa, je l'ai confiée qq fois à mes parents, qui ne frappaient plus la génération suivante, mais étaient plutôt sympas, en dehors de l'obligation de fréquenter l'église les dimanches. Le WE où j'ai fait mon accident avec entre autres (gros dossier), un coma de 8 jours, c'est le week-end où mon père a abusé de ma fille, en l'obligeant à le branler ; elle avait 3 ans 1/2 !!! Et je n'ai rien repéré, senti, deviné... avec sa propre amnésie traumatique. Mais ça a été insupportable et m'a incité à faire ensuite, tout ce que j'ai raconté plus haut, qd elle-mm s'est éveillée de son amnésie (1 seule x a évidemment suffit). Je suis encore fort envahie par tout ça, particulièrement la nuit. Ça a aussi eu une incidence auj. évidente, sur ma soumission sexuelle auprès de mon 2ème mari, père de mes 2 autres filles (27 et 24 ans). Notre amour et la consultation de couple en thérapie, permet de dépasser des choses, mais il restera tjs des séquelles de ces violences. Le fait d'être 3 x maman et maintenant aussi 3 x gd-mère, entretient mon opiniâtreté à vouloir "faire du ménage", ainsi que ma résilience. Des associations comme les vôtres, sont à féliciter avec force, pour que vous continuiez à aider et soutenir, les nombreuses victimes que nous sommes ou que nous laissons être (ma fille aînée) inconsciemment. Merci d'être là ...