L'inces"tueuse" - Quen j'avé 7 an ma seur ma tuer

Témoignage Publié le 04.05.2020

L'inces"tueuse"

Quen j'avé 7 an ma seur ma tuer

"bone aniversère grende seur"

Je suis atteinte de troubles bipolaires. Je connais des périodes régulières de dépression. La dernière dépression a fait suite à une grave crise maniaque de 5 ans et m'a plongée dans un tel état de décompensation cérébrale que mes souvenirs d'enfants sont remontés à la surface et que mon regard sur ma vie est apparu clairement.

Enfant, nous vivions au 5ème étage d'un HLM, mes parents et les 3 filles. J'étais la dernière de la fratrie. Après 4 grossesses non souhaitées -la mère ne s'est jamais caché de dire que chaque mois elle redoutait une grossesse-. L'aînée conçue hors mariage et à cause de laquelle les parents se sont mariés. La seconde qui est morte à 6 mois. La 3ème, qui est venue la remplacer, (seule grossesse désirée). La 4ème qui s'est soldée par un IVG en 1966, interdit. Et la 5ème et dernière, moi. Conçue en mai 68 il semble que les "évènements" ne leur ont pas permis d'opter pour un nouvel IVG. Le père a dû convaincre la mère que cette 5ème grossesse serait un garçon, pas le choix, il faut que ça en soit un, au moins ça, mais... Ses pleurs et sa déception à ma naissance n'ont rien changé à mon sexe : une 4ème fille encore ! :(

Tous me considéraient comme un garçon. Problème identitaire, je m'identifiais à ce que l'on attendait de moi pour être aimée et j'étais plus proche de mon père. J'ai compris, que ma quête d'affection, de reconnaissance, de tendresse, en un mot la recherche de son regard et le besoin d'exister auprès de ma mère, devait justifier son attitude et les surnoms et expressions dont elle m'affublait : "sécotine pot de colle, tu as le diable au corps..." pour m'éloigner. Le rejet de ma mère, sa malveillance, sa maltraitance, les punitions que j'étais seule à subir et sa négligence. Quand ma mère me punissait, tout l'immeuble de 5 étages l'entendait, une copine de ma soeur dont la famille vivait au 1er lui demandait souvent ce qui s'était passé pour entendre crier à ce point. J'étais donc plutôt confiée aux soins de ma soeur aînée de 9 ans, qui avait sur moi toute autorité, mais qui jouait, me lisait des histoires, écoutait de la musique, m'éveillait, délestant ainsi ma mère de son rôle. Et puis il y avait mon autre soeur, de 5 ans mon aînée, la protégée de ma mère. Régulièrement la mère nous disait que la place du milieu n'est pas facile et que notre soeur aurait voulu être fille unique.

Moi, j'étais forcée de cohabiter avec elle, car il n'y avait que 3 chambres. Notre chambre était le domaine sur lequel elle régnait. Nous dormions dans un lit double. Elle y restreignait mon espace à une bande d'1,20 m² entre le lit et l'armoire. En plus du contrôle de mon espace vital, c'était aussi ds brimades, des histoires pour me faire peur, des violences physiques, des dénonciations auprès des parents, des moqueries sur mon physique, des humiliations en publique, un harcèlement permanent et puis... L'INCESTE. Ca s'est produit à partir de mes 7 ans environ jusqu'à 10 ans. Certains pensent que l'inceste a un lien avec l'amour, mais je suis convaincue que cela n'a rien à voir avec. Dans cette relation malsaine subie je comprends à présent qu'elle avait besoin de me posséder comme une chose sur laquelle on expérimente, et voir la réaction qui en découle. Un cobaye. Je sentais sa perversité, je voyais dans son regard, un mélange de jalousie et de méchanceté à mon égard. 

Inconsciemment, l'indifférence de ma mère pour moi, lui laissait toute l’attitude de faire ce qu'elle souhaitait. Est-ce parce-que l'on a nié mon identité au sein de cette famille, ou parce-qu'elle testait sa sexualité naissante, qu'elle m'a obligée à ces expériences sexuelles où "je devais faire le garçon. J'étais terrorisée, déjà parce-que en temps normal j'étais son souffre douleur et je crois que je ne comprenais pas ce revirement de comportement. Je comprends aujourd'hui que quelqu'un de normalement constitué donne de l'amour physique à quelqu'un qu'il aime et non pas quelqu'un qu'il semble détester. J'avais peur que nos parents nous surprennent :  car leur chambre était à côté et je redoutais qu'ils entrent. Dans notre famille catho, le sexe c'était mal, sale et tabou. Je n'ai jamais rien osé dire. J'avais peur, j'avais honte, je me sentais sale et coupable. Toute ma vie j'ai ressentie cela. Et puis comme j'étais celle que ma mère punissait systématiquement quand il y avait une dispute, c'était perdu d'avance.

Vers 10 ans, alors que nous étions à table, elle m'a dit dans un accès de fureur "je voudrais que tu crèves". Cela a déchaîné la colère de mon père : invoquant la religion, il l'a obligée à se confesser d'une telle parole. Et il me semble que c'est après cela que la violence sexuelle a cessé. J'ai compris à 50 ans, après cette crise maniaque déclenchée 3 mois après la mort de mon père, que mon psychisme avait intégré qu'il avait été le seul à me protéger. Et si je l'ai cherché dans de nombreux hommes durant cette crise par des comportements désinhibés, nymphomanes et érotomanes, il n'y a pas de hasard. Quand j'ai compris, j'ai eu beau le dire à toute la famille, personne ne m'a crû. C'est une terrible douleur. La famille a préféré croire en son innocence. Et puis cette crise maniaque a rasé les bases de ma vie : j'ai perdu mon mari, mes enfants, je vis seule. Depuis 2 ans je suis sortie du cercle familial qui ne m'a apporté aucun soutien dans cette traversée du désert. J'ai constaté que je n'ai pas ma place dans cette famille et je ne l'ai jamais eue. 

Aujourd'hui 45 ans plus tard je ne peux toujours pas dormir avec la porte de la pièce ou des placards ouverts. Je fais des cauchemars quasiment toutes les nuits où je me réveille en nage et et sursaut. J'ai longtemps cauchemardé quand ma plus jeune fille était petite obnubilée par la peur d'avoir des attitudes équivoques à son égard. J'ai des périodes d'anxiété avec un syndrome d'abandon, des périodes de grande colère avec un fort sentiment d'injustice. Je sais que cette maladie est due en partie à une hérédité paternelle et du fait de ces traumas précoces.

C'est l'anniversaire de ma soeur dans quelques jours. Elle est entourée, aimée, choyée par toute la famille : mère, soeur, neveux...  Et moi je suis seule face aux difficultés de la vie et de ma maladie. Cette profonde injustice est insupportable. J'ai le sentiment de ne pas exister et d'être comme bâillonnée.

Pourriez vous me dire quelle action mener, j'ai vraiment le sentiment que cela pourrait me soulager de faire éclater la vérité sur les réseaux sociaux par exemple ?