Le secret d'Elisa

Témoignage Publié le 23.05.2010

Fotolia_12498991_XSCet écrit est un témoignage romançé, mais le contenu est véridique et vécu.  C’était un soir, elle s’est dit : faut que je lui dise, il faut qu’il sache.  La révélation : Il venait de faire l’amour. Encore une fois, elle n’avait pas pu être pénétré par lui, ils s’aimaient, tous deux et cela devenait trop fréquent. Alors, elle lui annonça simplement quelques temps plus tard.  « Je me souviens, ça a commencé avec ma sexualité,  j’avais toujours des mycoses, c’était très désagréable, ton sexe est gonflé mais ça te pique et ça te démange, c’est infernal. Et puis ça arrivait surtout après avoir fait l’amour avec mon amoureux.

 

 

 - Pourquoi est-ce que j’avais ça ?

 

Je suis allée me faire soigner mais ça revenait toujours, mon partenaire s’est soigné aussi, mais ça revenait toujours…

 

Et puis un jour, j’ai rêvé de ma grand-mère, y’avait un truc qu’était pas clair dans sa vie de femme, dans son rapport au corps.

 

Je me souviens l’avoir appelé, c’était un soir, j’étais dans mon tout petit studio, et je lui ai posé la question :

 

-  Que s’est-il passé mémé dans ta sexualité, tu n’as jamais eu de souci ? 

 

-    ça fait plus de cinquante ans que je le tais, mais à toi, ma chérie, je peux le dire

-    mon père me violait et puis un jour il a voulu faire pareil à ma petite sœur alors…

-    tu sais à l’époque, on se lavait tous dans la cuisine

-    alors j’ai pris une poêle et je l’ai menacé.

-    Je lui ai dit « si tu la touche, je te tue ».

-     mais … tu ne le dis à personne.

 

Le secret était dit.

 

- Comment taire cela ?

 

A l’époque, je me suis dit, que mon corps souffrait des douleurs de ma grand-mère, mon corps criait tout haut ce qu’on voulait cacher tout bas.

 

Et puis, je l’ai dit, d’abord à ma mère, et puis à mon père.

 

Et puis, j’ai voulu savoir, est-ce que d’autres personnes ont vécu ça ? »

 

Elle lui avait dit, il ne disait rien. Il la regardait.

 

 Le verrou a sauté

 

Après un temps de recueillement, elle continua :

 

«  Je me suis demandé si ça m’était arrivé à moi aussi, j’ai vécu une année d’enfer, je faisais cauchemars sur cauchemars. J’ai voulu savoir si ça avait pu se passer sur moi, j’ai demandé, posé des questions, personne ne disait rien.

 

Et puis un jour, on m’a dit qu’on m’avait retrouvé nue à 3 ans dans la chambre de mes parents avec un ado de 15 ans. On n’a jamais su ce qui s’était passé, mais… on n’a jamais revu la famille.

 

Au fur et à mesure que les années passaient, de plus en plus de témoignages de personnes proches disaient que ça leur était arrivé aussi, les générations de ma mère, de ma grand-mère, quand les « bourreaux » étaient morts souvent.

 

Alors, je hurlais, ma colère était infinie. »

 

Elle savait que sa colère s’était atténuée, que cette émotion s’était transformée. Elle se blottit contre lui.

 

 Questionnements

 

 Et alors, après ce moment tendre, elle continua.

 

« Maintenant que beaucoup de femmes de la génération de ma mère ont parlé, Qu’en est-il de ma génération ?

 

Et les hommes ont-ils subi cela par des femmes ?

 

J’ai rencontré un homme qui m’a avoué que lui, il avait perdu sa virginité avec…sa tante, à 13 ans, il en était content à l’époque et ne prenait pas conscience de l’aspect « anormal » de cet acte. »

 

Quelques années plus tard, elle lut un article de presse.

 

 Aujourd’hui

 

Quelques chiffres :

 

1 français sur 4 connaît au moins une personne qui a connu ce traumatisme.

 

3% de la population serait victime d’inceste, d’après une association au plus près de ce sujet, 1 enfant sur 10 serait, en fait, victime d’inceste.

 

40 % des alcooliques et 50% des anorexiques sont des enfants abusés et 90% des victimes ne portent pas plainte.

 

Le mot clé de l’inceste est la perversion : manipulation, double jeu, double lien, injonction paradoxale : tous les ingrédients qui font que psychologiquement, on puisse aliéner quelqu’un sans jamais faire preuve de la moindre brutalité. 

 

Une loi :

 

La loi du 8 février 2010 inscrit l’inceste dans le code pénal. Cette loi s’applique aux enfants jusqu’à leurs 18 ans.

 

Le ministère de la santé devra mettre en place des soins adaptés aux victimes, en dehors des services de psychiatrie, trop stigmatisant, un centre d’aide social aux victimes devrait voir le jour.

 

Une association :

 

L’association Face à l'inceste d’Isabelle Aubry a constaté que les victimes parlent en moyenne 16 ans après les faits.  20% d’entre elles s’expriment même 25 ans après.

 

On peut constater une grande difficulté à s’insérer socialement et à travailler.

 

Et 30% des gens disent qu’ils alerteraient les autorités si un enfant leur confiait d’être victime d’inceste en demandant de garder le secret.

 

On remarque l’inceste quand :

 

Il existe une totale négation de la différence entre les générations, une absence de hiérarchie.

 

Un enfant instrumentalisé, c’est nier son existence même.

 

30 à 80% des abuseurs ont été abusés.

 

Et la constance veut que cet abus ne soit jamais été judiciarisé, reconnu…