Marine

Témoignage Publié le 12.12.2015

Marine

Bonjour je suis Marine j'ai 43ans bientôt, mariée, deux enfants,française d'origine hmong. J’ai complètement ouvert les yeux cet été 1985. Là j’ai vraiment vu que j’avais perdu mon père... A cette époque c’était l’été, j’avais laissé ma chambre à des compatriotes. La malchance avait voulu qu’ils aient eu un accident de voiture assez grave sur l’autoroute de Chambéry. Après leur séjour à l’hôpital, l’administration les avait orientés vers nous car ils venaient de trop loin et ne pouvaient pas faire le voyage de retour. Ainsi je me suis retrouvée avec mes plus jeunes petits frères et sœurs à dormir dans le lit conjugal. Une nuit je me suis réveillée car je sentais une présence très proche de moi. En fait, mon père m’avait blottie dans ses bras cela m’avait beaucoup choquée et je me suis débattue. Il m’a dit que maman lui manquait alors il avait besoin d’un câlin. Chose que je comprenais pas car jamais il nous prenait dans ses bras ce n’est pas dans les mœurs hmong et j’avais jamais vu mes parents enlacés. Il s’est calmé et m’a laissée tranquille. En fait, il discutait tard le soir avec les invités et montait se coucher à coté de nous. Une autre nuit, je me suis réveillée car il était en train de caresser mon intimité.

Je lui ai dit que quand maman reviendrait de la maternité, je lui dirais tout alors il m’a pris par les sentiments. Je savais que ce qu’il me faisait était mal. J’avais pour habitude d’aller jouer chez ma copine Isa et ne voyant pas l’heure passer je rentrais tard même quand l’hiver le jour tombait tôt. Ma mère ne s’inquiétait pas trop de savoir où j’étais car elle était trop occupée avec mes autres cadets. Aussi cette amie qui m’avait plus élevée que ma mère m’avait expliquée les choses malsaines qui arrivaient aux petites filles qui se promenaient seules. Mon père savait comment me culpabiliser comme il savait si bien le faire : - tu veux qu’elle meure de chagrin ? Hein, tu veux sa mort ? Alors je l’ai laissé faire en pleurant. Une autre nuit, j’ai eu l’intelligence de fermer la porte de la chambre à clé, je me souviens il était très en colère de la trouver fermée. Le lendemain j’ai caché la clé.

Aussi loin que je me souvienne c’était en classe de 6eme que je plongeai encore plus dans mon malheur. Chaque jour était une torture pour moi. Je faisais ma scolarité dans une école privée car je voulais suivre mes deux copines et à l’époque je n’avais aucune idée de la différence entre un établissement public et privé. Je me souviens quand il venait me chercher à la sortie des classes et surtout à midi car je ne mangeais pas à la cantine scolaire. Les cours reprenaient à 13H45 alors j’avais le temps de rentrer à la maison. Je ne me souviens plus du nombre de fois où j’ai pleuré et supplié mon père de me ramener directement à la maison. Sur le chemin de la maison, il s’amusait à me faire peur en empruntant le chemin de la décharge municipale puis au dernier moment il faisait demi-tour. Parfois je ne l’attendais pas à la sortie de l’école et je rentrais toute seule à la maison. Il me rattrapait sur le chemin de la maison et promettait toujours qu’il serait gentil, qu’il arrêterait de « me charrier ». Une fois, il m’a dit que je devais lui être reconnaissante car il m’avait mise dans une école privée et que j’avais intérêt à avoir de bons résultats car lui il avait toujours été un très bon élève, dans les 5 premiers. Mais vu comme les choses allaient suivre, je fus très contente d’intégrer le collège public à la rentrée suivante. J’avais personnellement fait la demande de mutation : ma professeur principale ne comprenait pas alors je lui ai juste dit qu’on allait déménager tout près du collège. Bien sûr cela ne s’est jamais fait !

A fur à mesure que les années passaient, mon père essayait toujours de me toucher ou il profitait de toutes les situations pour me câliner et comme j’étais devenue assez sauvage et « méchante » selon lui et il avait trouvé d’autres façons de me torturer. Il en était arrivé à me raconter ses rêves qu’il faisait de moi. Ou bien il fantasmait sur mes copines et ne manquait pas de tout me raconter en détails. Une fois il m’avait livré un rêve trop obscène à mon avis et je me demandais s’il l’avait fantasmé ou inventé. Selon lui dans son rêve il était très fier de moi car j’avais perdue ma virginité depuis longtemps et que j’avais eu des relations avec un homme si bien membré que j’avais eu un fort plaisir par contre aucune séquelles physiques. Je l’ai envoyé paître mais il revenait avec des réflexions du genre ‘ta copine est trop belle’ de ce fait, j’invitais plus aucune copine à la maison. Sans doute il commençait à se lasser de mes refus alors il s’était tourné vers mes autres sœurs cadettes et dès que je le pouvais ou doutais d’une entorse je restais dans les parages. Mais ça je ne l'ai su que très récemment environ deux ans. De mes yeux d'enfants je ne savais pas grand-chose mais je sentais qu'il y avait quelque chose qui clochait.

Je ne sais pas exactement jusqu’où il aurait pu aller avec mes sœurs mais je savais qu’il leur faisait milles promesses qu’il ne tenait pas. Je me souviens avoir vu ma dernière sœur sur ses genoux comme le ferait un père normal avec sa fille mais je gardais les yeux embués de colère et je la fis descendre de là. « Papa n’est pas gentil disais-je à ma soeur  » bien sûr elle ne comprenait pas pourquoi... Au fil du temps, je pense que mes sœurs ont commencé à comprendre les choses, qu’il aimait les femmes et même les petites filles. Il avait toujours des remarques déplacées sur les femmes qu’il voyait autour de lui ou même à la télévision. S’en était devenu écoeurant mais bien sûr personne en parlait même pas ma mère. Une fois elle avait surpris mon père seul dans la chambre d’une de mes sœurs, sa fille préférée parmi toutes les autres.

Elle était belle et intelligente comme lui. Un fort caractère de rebelle qui n’écoutait que son père. Sans doute parce qu’il avait réussi à lui bourrer le crane de noires idées. Ma mère ne s’était jamais doutée du calvaire que j’avais enduré ou bien elle fermait les yeux : il nous avait toujours dit que j’avais un physique quelconque car je ressemblais à ma mère sur beaucoup de points. Elle ne pouvait pas comprendre qu’il m’avait fait des offenses alors qu’il me trouvait si quelconque…sans doute dans sa tête il ne pouvait pas s'intéresser a moi une fille quelconque, il m'avait surnommé « l'idiote de la famille ».

Quand nous sommes arrivés à Nîmes, mes sœurs et moi étions comme de nouvelles attractions dans un parc de loisirs. Inconsciemment et véritablement, j’envoyais sur les roses tous les jeunes hommes hmong qui tentaient de nous courtiser. Dans la société Hmong les jeunes hommes demandent la permission aux parents pour faire la court aux jeunes filles qui les intéressaient. Les dragues et connaissances se font en général au domicile de la jeune oie sous l’œil bienveillant des mères ou tantes de la famille. Il arrivait de recevoir pour le repas ou les gouters. Les jeunes filles de la famille sont commises d’office pour la cuisine et le service pendant que tous papotent dans le salon. Ensuite, il nous fallait papoter en douce aux côtés des jeunes chevaliers servants, comme une vraie jeune fille du 19ème siècle de la Haute Bourgeoisie, il fallait minauder et chuchoter ce que je ne savais faire. Donc il m’est arrivé de les refouler, toutes ces belles paroles me donnaient la nausée, ces sourires hypocrites et manières comme ces étiquettes de la haute société m’horripilaient. J’étais toujours sur le pied de guerre et je me suis toujours dit que j’aurais mon appartement mon travail, ma voiture et mon amant. Ma mère désapprouvait mes idées et surtout mes réactions envers les jeunes hommes qui ne demandaient qu’à me connaître.

Mes amis masculins étaient de toutes nationalités et pas beaucoup de hmong car aucun ne trouvait grâces à mes yeux. Et ceux là ne pouvaient pas me courtiser car j’étais la Super Copine avec qui on fait des bringues , en fait pas une fille comme il faut pour devenir une bonne épouse. Je recevais mes copains à la maison ou parfois je faisais des gâteaux que j’emmenais au stade où nous prenions le gouter après un bon match de volley-ball. Nous pratiquions tous les samedi le volley-ball car le reste du temps tout le monde travaillait au champ ou était à la fac ou au lycée.

Un jour a force de repousser les attaques verbales et physiques de mon père je lui ais dit : - j'en ai marre je m'en vais !

Il a alors dit que je n'en étais pas capable. En 15 jours je crois, je suis partie.  J'avais trouvé un logement chez une particulière, une sacrée radine au final. Mon meilleur ami de l'époque s'est porté garant pour moi. Je travaillais comme aide a domicile, j'avais ma voiture mon appart, bref la vie que j'avais choisie. J'ai vécu presque 3 ans dans cet appartement. La première fois que mon père est venu chez moi il a bien vite tout dénigré au lieu de me féliciter. Un taudis voila ses mots ! Alors encore un fois, j'ai voulu lui faire plaisir, être une bonne fille à papa ! J'ai pris un appartement plus grand ? Je ne me souviens pas qu'il y soit venu une seule fois.

Comme chaque lundi matin, je retrouvais mes copines dans la cour de l’école ou du lycée et nous parlions de notre week-end. Je remarquais la différence des loisirs et culture entre mes copines et moi. A l’adolescence, je n’avais plus le droit de faire des sorties chez les copines, rendre visite à ma mamie d’adoption ni faire des ballades dans les bois avec mon frère ainé. Dans la culture hmong, j’avais franchi ou atteint un stade de ma vie et je me devais d’apprendre l’art de tenir une maison de cuisiner de broder dans le but de faire de moi une parfaite épouse. Je restais presque toujours à la maison à faire le ménage J’ai bien essayé toutes ces activités de la couture au crochet et broderie mais j’avais aucune patience. Ma mère me disait souvent que j’avais les doigts trop raides car je transpirais. Mais je disais toujours amen à tout ce que m’ordonnait ma mère comme si j’étais droguée ou envoutée.

Je parlais de poussières et chiffons aussi bien qu'à 13 ans je savais préparer un repas complet. En prenant du recul, je pense que j’avais trouvé là un moyen de m’isoler du monde réel. Et pour oublier mon malheur, je m’étais mise à écrire des romans d’amour où tout se terminait bien. Je racontais des histoires de famille et de jeunes filles heureux un peu du genre La Petite maison dans la prairie. Quand j’ai passé le brevet des collèges j’avais eu une très bonne note en français et mes copines ont lu ma copie par la même occasion, elles avaient lu quelques exemplaires de mes mini-romans. Elles avaient apprécié mais elles auraient préféré que j’écrivasse ma vie. Ce fut comme une perche tendue et la goutte d’eau qui déborda du vase.

Alors j’ai commencé à leur parler. Au début, je ne pouvais pas parler sans que les larmes coulent. Elles étaient bien sûr très compatissantes et j’attendais rien de leur part je voulais juste qu’elles soient au courant de ma vie. A fur et à mesure que le temps passait, je me sentais le devoir de protéger mes soeurs de mon père. Je le voyais leur dire je ne sais quelles promesses et je les reprenais à part surtout les deux dernières puisque que l’autre était sa préférée. Personne avait été vraiment là pour moi alors si je pouvais les préserver j’aurais l’impression de m’avoir aidée moi-même.

Quand j’ai su que mon père papillonnait à gauche et droite pendant son premier voyage en Guyane (sans ma mère), j’étais très en colère contre lui. Il avait eu une maitresse avant que nous déménagions dans le midi. Il l’avait rencontré quand il allait à la pêche à la sirène avec ses copains hmong. Je voyais comment il traitait ma mère et je voulais vraiment faire quelque chose pour le punir. Je pensais qu’avec la distance il ne pourrait plus la revoir donc il allait se calmer. Ce qu’il fit pendant quelques années. Malgré la distance, j’avais toujours gardé le contact avec Denise et tous les ans je passais quelques jours dans le village de mon enfance. Je revoyais les copines d’écoles et ma mamie d’adoption. A l’époque, Denise savait qu’il voyait des dames selon les dires de ma mère mais Denise avait déjà une petite idée du genre d’homme qu’était mon père. Quand je lui ai dit qu’il était pédophile en plus d’être un mari infidèle, elle l’a très bien pris et a demandé si j’avais pensé à une procédure judiciaire. Personnellement dans son cas, je ne pense pas que cela soit un mal qu’il faut guérir à coup de traitements onéreux ou un vice. Je le vois comme un état d’être qui fait parti de sa culture. Dans beaucoup de cultures, il est vrai et démontré que la fraicheur a toujours attiré le vice et les hommes ont toujours eu ce côté mentor-pygmalion. Une différence dans la culture hmong les hommes épousent de très jeunes filles, ont des rapports sexuels avec les jeunes adolescentes mais ne les tuent pas. Les mères parlent la polygamie à leurs filles ou fils mais personne ne voit cela d’un mauvais œil. Cela est tout a fait naturel si ce n’est inéluctable et inexorable.

Alors l’envoyer en prison serait seulement des vacances payées au frais du contribuable. Quand il sortirait de prison il recommencerait, c’est comme dire stop à un homosexuel. De son côté, ma mère se sentait salie et humiliée une fois de plus mais elle se taisait n’ayant autre choix que de se taire car le poids de la culture est si fort que cela était une normalité. Les hmong sont polygames. Elle s’était résignée à beaucoup de choses comme si cela était sa destinée de souffrir: son propre père avait une première femme avec une ribambelle d’enfants, des demi frères et sœurs qu’elle ne connaissaient pas vraiment car ils vivaient dans une autre maison. Elle se devait de les aimer comme ses propres frères et sœurs.

A cette époque là, j’étais devenue une sauvage, une trainée, une pute aux yeux de mon père car je me rebellais toujours contre sa culture qui ne me convenait pas. Et après tant d’années de soumission, je partais où bon il me semblait. Bref je faisais juste ma crise d’adolescente avec quelques années de retard. J’avais 22 ans, mon travail, ma voiture et mon appartement et je vivais pour moi sans me préoccuper du qu’en dira t-on. Ce fut en partie grâce ou à cause de lui que j’ai pris mon indépendance. Il me disait toujours que j’étais capable de rien. En quinze jours, j’ai trouvé un appartement et je suis partie un dimanche alors que toute la famille allait au champ. Il est venu une fois dans mon premier appartement et bien sûr il l’a traité de taudis. Je vivais ma vie: je me maquillais, j’allais en boite, j’avais mes amies mes amants et mes emmerdes. Ma mère désapprouvait mon comportement mais j’espérais secrètement qu’elle me comprenait malgré. Mais elle disait juste que je ne l’aimais plus et que je l’avais fuie. Elle ne pouvait pas concevoir qu’une de ses filles puisse habiter seule sans être mariée. Cependant, je faisais beaucoup d’envieuses quand j’allais au volley-ball voir les copines et les copains au stade. Je leur racontais ce que je faisais de mes journées et le dimanche j’allais voir mes frères et sœurs au champ. Pour certaines mères de bonne famille je n’étais pas fréquentable. Mais cela m’importait peu. J'AVAIS MA VIE MON APPART MON TRAVAIL.

Au fil des ans, j’avais noué des liens solides avec de nouveaux amis. Ce qui fut bizarre et dur de leur part c’est que personne ne m’a incité à intenter quoi que ce soit contre mon père sans doute parce qu'ils ne comprenaient rien à la vie de victime d'inceste et surtout, c'était tabou. Je pensais que j’étais guérie mais je gardais toujours les yeux sur l’horizon plus spécialement quand ma fille est née. Je limitais leurs relations, les visites chez les parents.

Et puis un jour tout a resurgi, je pensais pourtant que j’étais guérie. Je parlais beaucoup avec mes amis mais ce n’était pas assez pour venir à bout du mal.

Un jour j’ai eu un accident de voiture en allant au travail. J’avais eu les cervicales atteintes et je faisais un blocage pour reconduire. Donc j’avais décidé sur les ordres de mon médecin de famille de me faire aider par un psychologue. J’ai pris rendez vous avec le psy et j’ai commencé à lui parler de moi de ma vie de mon travail puis de cet accident, de mon handicap, etc... Puis un jour j’ai eu en pleine figure la vérité à ce mal être et j’ai fondu en larmes. Depuis mon accident, mes relations avec mon mari s’étaient détériorées et il me disait souvent qu’il pouvait rien faire pour moi et il restait toujours dans son mutisme. Je pleurais pour un rien. Tout m’agaçait à la maison. Même mon collier cervical me mettait les nerfs en pelotes au lieu de me soulager. Je faisais un minimum de ménage et de cuisine, je regardais la télévision jusqu’à m’abrutir. Pendant deux mois j’ai agonisé. Les rares fois où mon mari s’occupait de la maison et de la petite, je voyais très bien qu’il ne le faisait pas dans la joie. Mon mari ne m’était d’aucune utilité donc je me retrouvais forcée de faire les choses moi-même. En fait, son comportement me rappelait trop celui de mon père. Je revoyais ma mère qui assurait tout à la maison: je ressentais la douleur si familière. Je revivais tout le mal que mon père m’avait infligé par ses attouchements.

J’étais venue pour une chose et je repartais avec un autre souci... Mais en parlant, guidée par une voix professionnelle et neutre, je sentais que j’avais toute les réponses en moi et que j’étais la seule à pouvoir guérir et reprendre le travail. Parler et parler libérer toute cette colère. Le psy m’a conseillé de parler de tout mon passé à mon mari car je ne lui ai jamais rien dire. Je redoutais sa réaction car je savais qu’il voudrait que je coupe les ponts avec ma famille. Bien sûr il a voulu que j’aille plus jamais chez mes parents. Mais cela m’est impossible, je n’imagine pas faire ma vie sans mes frères et sœurs. Quand je vais chez mes parents c’est pour les voir et puis j’avais peu de chance de rencontrer mon père car il est toujours par monts et vaux. Je crois que j’ai vraiment commencé à guérir quand j’ai déposé mon fardeau aux pieds de ma mère. Elle m’a pas pleuré mais elle était tellement blessée et désolée pour moi. Elle m’a dit qu'elle avait toujours eu des doutes sur la préférée de papa mais elle se serait jamais douté que même moi qui avait un physique quelque conque comme elle, aurait subi ses agissements honteux.

Depuis deux ans ils sont en instance de divorce. Depuis quelques années ma mère ne le supporte plus il fait tellement de conneries. Une fois il a été arrêté au pays avec une mineure, je pense que ce fut l'élément déclencheur pour ma mère de dire stop a tout cela. Il y a deux ans vers le mois d avril ,il l'a violemment agressée, il était comme un fou et l'a répudiée. Il a appelé ses filles pour qu'on fasse les papiers de divorce qu'il était prêt à signer. J'ai amené ma mère aux urgences et aidée à déposer plainte. Quand il l'a su il l'a menacée de mort alors nous sommes retournées retirer sa plainte. Mais il semblerait qu'il y ait trop d'éléments qui l'accablent pour que la plainte soit annulée. Après cela j'ai pris rendez vous avec l'avocat pour un divorce à l'amiable. Au dernier moment dans le bureau de la professionnelle, ma mère a dit non !

Je veux lui faire la peau... Alors j'ai averti tout le monde et dit que je me retirais de leur affaire. Tout le monde était d'accord pour que je m'occupe de leur divorce, pour que personne ne soit lésé. Je faisais mon devoir de fille 'comme il faut' je ne voulais pas prendre de parti même si ma mère a toujours voulu me monter la tête que je prenne son parti. Elle l'avait descendu comme elle pouvait et j'ai vu combien elle pouvait être manipulatrice et aussi pervers que lui ; Mon père m'avait dit qu'il signerait puisqu'il avait fourni tous les papiers nécessaires à leur dossier. Ma mère s'est alors tournée vers des amis sans doute et les pouvoirs publics ? A ce jour le divorce traine. Une partie de moi veut savoir l'avancée du dossier, une autre partie ne veut rien savoir.

A l'heure actuelle, je me sens un peu mieux, je me sens un peu plus forte pour en parler au grand jour ? Pendant toutes ces années, je ressentais comme toutes ces victimes de la honte, de la peur, de l'isolement, cet état de schizophrénie où je ressentais de la haine pour ce père et cette attente de sa reconnaissance car il m'avait prise pour une de ses maitresses. Je suis restée bloquée a l'age de 12 ans et c'est pour cela que j'avais tout nié. Je refusais de parler hmong, de voir des hmong. La seule que je tolérais était ma mère mais je pense que je devais lui en vouloir quelque part. J'ai eu un avis de professionnelle de la psychanalyse : ma mère le savait elle a préféré fermer les yeux elle était rassurée que son mari était là avec ses filles que de ne pas savoir où il était dehors et avec quelles femmes.

Cette année 2015 a été l'année où les masques tombent les uns après les autres. J'ai enfin eu la confirmation que les autres avaient vraiment subi la même chose que moi. Mais j'aurais jamais douté que x avait tout subi aussi : elle avait l'air tellement forte et sa fille chérie... En fait il aimait trop ses filles. Je me souviens je la vois encore en peine période de clash avec le père et j'ai toujours mis sur le compte de la colère car ils ont un peu prêt le même caractère et les heurts sont inévitables dans ce cas. En fait, ma sœur est partie vers l'âge de 18 ans, elle a passé son bac et s'est mise en ménage avec son copain de l'époque, un homme plus âgé qu'elle de 10 ans. J'ai eu des relations très destructrices moralement. Je recherchais l'amour d'un père au fond de moi et j'étais prête à tout pour avoir un homme pour le garder. J'ai même inventé une fausse grossesse. Maintenant que j'y repense j'étais vraiment atteinte. A chaque fois, le même scénario ; homme plus âgé que moi, belle gueule bon bagout, belle situation sociale, je me donnais rapidement et facilement, je devenais envahissante, je jouais à la femme au foyer. Un jour ma cousine m'a dit que je devais arrêter ce comportement destructeur qui m'apportait que des souffrances.

J 'ai rencontré mon voisin, un gentil garçon, très mignon garçon. Il me plaisait beaucoup, il était plus jeune que moi... Je suis vite tombée amoureuse et enceinte. A ce jour je lui reparle de mon problème , il dit qu'il est de mon coté une nouvelle fois mais j'attends s'il se rend bien compte de la portée de ses paroles. J'attends de voir s'il va bien s'investir avec moi. Il y a une semaine j'ai réalisé que je n'avais pas confiance en lui. Inconsciemment je le tenais hors de m vie je le dénigrai toujours au fond de moi car je protégeai mes enfants, je reproduisais le même schéma que ma mère. Je ne lui faisait pas confiance. D'autant plus qu'il ne m'aidait pas à la maison, je lui en voulais qu'il ne voit pas les travaux ménagers. Il a rien fait pour m'épauler la première fois quand je lui ai parlé de mon problème ; j'attendais beaucoup d'attention de sa part, j'aurai voulu qu'il me demande comment je me sentais de ma parler de mon passé. Il voulait juste que je coupe les ponts !

Encore aujourd'hui je voudrais qu'il s'intéresse vraiment à l'inceste qu'il écoute des reportages pour mieux me comprendre et être proche de moi. Je recherche tout ce que je peux lire et voir pour me sentir bien via Internet. Ma dernière sœur m'a donné le déclic pour que j'aille voir une spécialiste... Elle est en thérapie car elle a perdu un bébé cela va faire seulement un an. Donc il y a environ 5 mois de cela elle est venue a la maison car les garçon était partis voir un match de foot ensemble. Nous avons parlé un peu de tout, des parents et des affaires qui courent à Nîmes et là j'ai pris le courage de lui en parler.

Nous en parlons
T
tatamate
Publié le 20.12.2015
Inscrit il y a 8 ans / Nouveau / Membre

bonsoir Mina,

merci pour cet petit mot qui me fait beaucoup de bien. partager la douleur est mieux que la porter seule. je n'ai pas encore vu de spécialiste pour une thérapie pour l'instant. j'ai ramé toute ma vie seule a protéger ceux que j'aime.je suis fière et indépendante et je m'adapte bien mais il arrive que je ne peux pas toujours étre forte et avancer seule, j'ai tendu la main et merci de prendre la mienne;
je veux me construire devenir quelqu'un une femme a part entière. je parle de construction car c'est ce que j'ai fait toute ma vie.quand tout cela a commencé je n'étais pas 'encore finie', j'avais juste une esquisse de ma personnalité.je forgeais ma personnalité et elle n'est jamais arrivée a maturité.encore aujourd'hui je ne sais pas qui je suis.

T
tatamate
Publié le 19.12.2015
Inscrit il y a 8 ans / Nouveau / Membre

bonjour,

je remercie d'avance toutes les personnes qui vont me lire ou me liront et tout particulièrement je remercie l'équipe d'AIVI d'avoir plublié mon témognage; c'est très important pour moi car rien que le fait d'avoir pris en compte mon témoignage, je me sens déjà reconnue comme VICTIME, cela enlève un gros poids en moi. merci et merci milles fois de me donner le moyen d'avancer.