Perdue...

Témoignage Publié le 21.04.2006

J'avais peur de lui. Ses réactions étaient imprévisibles. Il suffisait qu'on parle un peu trop fort pendant qu'il regardait la TV et les claques partaient. Quelques minutes après ses accès de fureur, il était transformé, il parlait gentiment de choses anodines, c'était comme si rien ne s'était passé.Je redoutais le moment des repas. Il ne fallait rien laisser du tout dans son assiette, sinon... Je n'aimais pas la viande et je me souviens qu'une fois comme je refusais de la manger, j'ai dû rester deux heures à table, jusqu'à ce qu'il finisse par me remplir de force la bouche avec les morceaux de mon steak, à m'en étouffer, en me pinçant le nez pour m'obliger à garder la bouche ouverte.

Il disait que maman le délaissait. Il nous appelait "ses petites femmes" ma soeur et moi. Il voulait des bisous. Il voulait qu'on vienne se coucher près de lui. Son pantalon de pyjama était toujours humide à cet endroit. A neuf ans, j'avais déjà de la poitrine. Il pinçait mes seins, touchait mes fesses. Quand je lui disais d'arrêter, il disait que j'aimais ça de toute façon. Il me chatouillait un peu partout. Il nous a appris à embrasser avec la langue. Il disait que comme ça on saurait comment faire avec les garçons. Ce n'est jamais allé plus loin. Ma mère savait. Elle nous a dit plus tard qu'on devrait être plus gentilles avec lui, que "c'était sa façon à lui, certes un peu maladroite, de nous montrer son affection". Je ne sais pas comment s'appelle ce que j'ai vécu. Après tout, comme ils disent, je suis "trop sensible". Je suis " la folle".