Perturbations franginales

Témoignage Publié le 01.12.2010

homme1Je m'appelle jacques et j'ai été victime d'abus sexuels par mes 2 frères pendant 4 ou 5 ans; la période est floue, je la situe entre mes 5/6 et 11 ans. Ils ont 7 et 5 ans de plus que moi. Aujourd'hui tout est clair, les parents sont au courant, l'affaire a été jugée à mes 14 ans (la justice prend du temps, toujours beaucoup de temps) et on a dépassé les événements. J'entend par là que j'entretiens une bonne entente avec mes parents et mes frères (je suis même très complice avec l'un), que les événements sont clos dans la mesure où on vit comme une "famille ordinaire" sans la rancoeur du passé, et je m'estime assez satisfait de la vie que je mène. Néanmoins certains problèmes persistent... Je vous en dirai davantage à la suite du témoignage en espèrant avoir des conseils par la suite.

Je ne peux dire comment cela a commencé, les souvenirs sont très flous. Pour présenter le contexte, cela se passait à la maison. Leur chambre est à l'étage, chacun la leur séparée par une cloison, la mienne est en bas.

Tout a commencé par l'aîné. Je devais avoir 6 ans et lui donc 7 de plus. C'était très irrégulier, parfois 2 fois par semaine parfois 1 fois par mois peut-être... Avec lui ca a duré pendant 2 ou 3 ans.  Je me souviens qu'il me demandait de venir le rejoindre dans sa chambre, pour des caresses, masturbations et fellations. Il ne fallait pas le dire aux parents, il n'y avait aucune menace mais si le grand frère le dit alors j'obéis. On ne s'embrassait pas, ce n'était pas pour lui un rapport gay avec son frère, c'était un rapport de domination ou plutôt de manipulation (j'en ai 5/6 il en a 12/13 ans, à cet âge je pense qu'on sait se servir de quelqu'un). On avait instauré en quelque sorte une pseudo-règle. Par exemple je le suçais pendant 5 minutes (je me souviens il y avait l'heure de la chaîne hifi à côté comme repére temporel), il m'appuyait la tete pour ne pas que je me relève avant; et une fois les 5 minutes passées alors c'était mon tour. Et on recommençait le scénario plusieurs fois. En fait je pense que c'était une compensation : tu me fais ça et je te fais pareil, comme ça y'a pas de différence. C'est avec lui que c'est allé le plus loin, il a essayé la sodomie une ou deux fois. D'abord le sexe puis un doigt, mais n'y est jamais parvenu soit parce que je serrais trop les fesses soit parce que j'étais un peu sale, (désolé mais à mon âge le trou-trou ne constitue pas l'objet de toute mon attention) bref, il y a eu tentative mais pas de pénétration. A cet âge là je ne réfléchissais pas. En fait il ne me forçait jamais, mais pour moi c'était peut etre normal. alors j'y allais sans me poser de questions et faisais ce qu'il disait. C'était peut etre que j'aimais bien etre avec mon frère meme si on faisait des trucs pas très banals.

Cela n'a jamais été soupçonné, l'affaire était réglée assez rapidement et il n'y avait pas souvent de passage. Au cas contraire on avait le temps de se rhabiller et de passer à autre chose de plus naturellement franginal si vous en permettez l'expression. Bref 2 ou 3 ans ont passé, et, à croire qu'ils s'étaient fait passés le mot (alors que mes 2 frères n'ont jamais entretenu une complicité entre eux), l'aîné avait cessé toute "action" à mon encontre, peut-être pcqu'il avait alors 16 ans. Et donc pour suivre un continuum naturel de l'inceste, ou tout simplement pour ne pas que je me pose de question j'étais enièrement pour mon second frère.

J'avais donc 7/8 ans et lui 5 de plus. C'était toujours irrégulier (mais plus souvent qu'avec l'aîné ou peut-être que la mémoire me faisait moins défaut et du coup je pense que ce serait plus souvent... Peu importe.) Avec lui un tout autre rapport était instauré. Il y avait toujours des caresses, masturbations et fellations mais il y avait un côté plaisant à cela. Souvent c'était tourné en jeu, l'un s'allonge et l'autre "l'examine" avec les faux outils d'un coffret 'microscope-pinces en tout genre-ustensiles rigolos'... Bref cela commencait par des chatouilles et des caresses un peu sur le corps, (savoir où est-ce que le patient a mal) et se terminait par retirage du slip. Et il y avait plusieurs jeux, on a toujours été assez créatifs pour les conneries. Bref ces moments avec lui, même si on faisait toujours des choses pas banales pour des frangins (et pourtant je les ai pratiquées pendant 4 ou 5 ans), ca me faisait plaisir de les faire. Je trouvais ca assez drôle peut-être mais j'avais du plaisir à faire ça, et en tout cas je savais que ça lui faisait plaisir aussi. Par contre je n'avais pas conscience que ce n'était pas la même notion du plaisir qu'on partageait... Mais ca arrivait avec le temps, si bien qu'après je réclamais des moments comme ceux-ci ou j'allais dormir dans sa chambre pcq je savais qu'après je serai avec lui dans son lit et qu'on ferait ces choses, et parfois je me souviens que je voulais lui faire des fellations alors meme que le contexte ne s'y pretait pas (par exemple il était en train de s'endormir). Mais j'aimais cela, j'en ai honte quand j'y repense (cela fera l'objet de questions à la fin du témoignage). Il n'y donc jamais eu de menace, jamais de soumission involontaire.

Puis un jour, alors que mon frère et moi nous engueulions à propos d'un truc con et qu'il voulait me frapper un peu (jamais de violence dans la familia) j'ai laissé échapper un "arrete ou j'dis cque tu me fais à maman". Engueulade soudainement terminée, j'avais pris conscience que j'avais dit quelque chose de trop, et d'un autre coté depuis quelque temsp au plus je grandissais au plus je comprenais que ces activités pas banales entre frères ne pouvaient plus continuer, peut-être un coté malsain. En lançant cette phrase, je compris peu après que j'avais tout annoncé. Mon frère remonte expressement dans sa chambre. J'en avais déja trop dit. Quelques minutes passent et ma mère me demande ce qu'il me fait. Vraiment très compréhensive, et très forte la madre. Un blocage puis j'éclate en sanglot. J'annonce "me touche" et moins d'1 minute après un dessin rigolo d'un extraterrestre humanoïde avec des pointillés qui distinguent les parties du corps arrive devant moi. Je n'ai plus besoin de parler, montrer suffit.

Pas de scandale, mes parents en parlent le soir meme avec mes frères appelés de toute urgence. Vous imaginez la gueule du grand frère, 2/3 ans sans "activité" sont passées pour lui, rien à se reprocher sur le coup. Moi j'ai eu le droit d'aller me coucher, en pleurs depuis 1 bonne heure j'avais eu ma dose et étais épuisé. Plus tard dans la nuit j'ai eu des excuses sincères de mes frères, on a porté plainte le lendemain pour que l'institution Justice (qui même si elle est parfois un peu pourrie reste tout de même pratique) s'en charge. On ne peut garder des choses comme cela au sein de la famille. "Laver son linge sale en famille" comme on dit, ce n'est pas la bonne solution parfois. Avec l'appui de la justice, meme si l'affaire est traitée sur du long terme -plusieurs auditions au commisariat, en détails, très détaillés, puis redire les memes choses à l'avocat et à un tas de gens que vous connaissez pas, et le jugement a eu lieu 3 ans après- dans mon cas cela a anéanti mes parents (vous imaginez on vous considère comme une mauvaise mère, y'a plein de préjugés qui émane des gens), la justice permet quand meme un regard extérieur et si tout s'arrange bien permet un procès à l'amiable..i J'aurai pas supporté voir mes frères aller en prison ou en foyer. Je ne leur en veux pas moi au final. J'ai pardonné et depuis un bon moment j'ai développé une faculté à relativiser, me dire qu'au fond c'est pas si grave y'a d'autres gens qui souffrent bien plus, et à enfouir ce qui ne va pas, tenter d'oublier (tenter car on n'y parvient pas) et garder tout pour soi (c'est parfois chiant à gérer mais au fond personne ne peut imaginer qu'une telle chose me soit arrivée).

Je commence à faire un sacré pavé, il a du courage le lecteur. Je tourne donc court à tout ça pour vous émettre mes états de pensée, mes questions et mes doutes. Bref m'aider à comprendre si je suis normal.

A mon adolescence j'étais toujours attiré par les filles, j'ai jamais trop eu de difficulté à me trouver de petites amies. Mais parfois avec mon meilleur ami, je "découvrai" le sexe avec lui, comme tout ado on en parle, on regarde un porno, on se branle, etc. Mais moi je voulai aller plus loin. Je faisais des allusions pour essayer de lui faire une fellation. Jamais j'y suis parvenu je n'étais pas assez explicite. J'ai essayé de le toucher à 2 reprises lorsqu'il était endormi, une fois alors qu'on dormait dans la meme tente et une autre fois en voyage en famille d'accueil. J'éprouvai l'envie de lui faire des trucs alors meme que je sortais avec une fille.  Qu'en pensez-vous?

Je repensai jusque mes 16/17 à ce que mon 2nd frère me faisait, pour me donner du plaisir. J'érotisais en quelque sorte ce que j'avais subi, pendant longtemps je me remémorais ce qu'on faisait. Est-ce normal?

Ceci est passé maintenant mais j'ai besoin de l'éclaircir. Intimement je pratiquais l'autofellation et parfois (c'est peut etre ridicule) j'aimais me fesser, avoir mal pour ressentir du bien. J'avoue que quand j'y repense c'était des sensations étranges mais bon. La question est ici : ma sexualité est-elle normale? Je ne conçois pas partager l'Amour avec un homme, j'aime les femmes (je vis avec mon amie depuis 2 ans et tout se passe formidablement bien) et pourtant parfois je faisais tout ce qui est cité ci-dessus en pensant à des garçons que je connais et qui, à travers mon imaginaire, me demandait des fellations ou des actes de soumission. Qu'en pensez vous? Et notament pourquoi de la soumission alors que je n'ai jamais été soumis par mes frères?

Enfin, comment faire pour passer le cap réellement? Je veux dire par là que parfois je suis bloqué sur certains points : je n'ai pas réellement confiance en moi; mon ambition pour tel ou tel projet (tentative d'écrire -pas sur ce que j'ai vécu-, intérêt pour un instrument, etc) peut s'anéantir rapidement. Cela a-t-il un lien avec ce que j'ai subi ou cela relève de tout autre chose? Je voudrai avoir quelques conseils pour pouvoir se construire soi meme. Le conseil d'aller voir un psy, je ne veux pas en entendre parler. J'aurai en fait besoin de conseils de personnes qui ont subies des choses similaires à moi, et qui agissent d'une manière similaire à la mienne, c'est-à-dire prendre sur soi en considérant cela comme particulièrement petit par rapport au reste de sa vie. Je ne me considère pas comme une victime, j'ai une existence heureuse ou joyeuse. Si j'ai écrit cela c'est pour essayer de passer à autre chose, et d'évacuer un poids. C'est paradoxal pcq d'un coté je suis heureux mais d'un autre j'ai besoin d'évacuer. C'est pour cela qu'il me faut quelqu'un qui réagisse à peu près pareillement que moi.

Aussi je tiens à dire merci à ceux qui sont venus au bout de ce petit récit, et aussi à dire que s'il y a des détails un peu trop détaillés c'est pcq exprimer ce que j'ai vécu me permet de mieux évacuer par la suite. Et vous n'imaginez pas comment détailler ma sexualité à des inconnus m'a rendu assez faible alors s'il vous plait ayez des remarques constructives et soyez indulgent si j'ai dépassé des limites pour vous.

Nous en parlons
G
Gerard
Publié le 23.06.2015
Inscrit il y a 11 ans / Débutant / Adhérent

@John : Vous pouvez publier votre propre témoignage http://aivi.org/temoigner.html