Petite amie d'un survivant: dédoublement de personnalité

Témoignage Publié le 30.04.2007
Voilà, ça fait maintenat 5 mois que j'ai rencontré mon ami et je dois dire que l'un comme l'autre, nous n'avons jamais rien vécu d'aussi fort!!!
Nous nous aimons, et justement, là n'est pas le problème, ce serait si simple alors!!!

Notre relation s'est construite au fur et à mesure et nous avons pris tout le temps nécessaire pour partir sur de bonnes bases, ce qui n'a pa toujours été simple. En effet, j'ai souvent eu l'impression d'être avec 2 personnes complètement différentes: Le PREMIER très amoureux, en recherche perpétuelle de tendresse, très démonstratif et le SECOND qui me repousse, cherche par tous les moyens à me faire fuir, pouvant être très méchant moralement!
Voici son histoire: Vers l'âge de 10-11 ans, il a subi pendant un peu plus d'une année des abus sexuels de la part du mari de sa nourrice! Les faits se sont arrêtés parce que ce dernier est mort dans un accident de la route. Il n'a jamais parlé de quoi que ce soit à ses proches et il a aujourd'hui 26 ans! Il ressort bien entendu traumatisé par ce qu'on lui a infligé.
Au tout début de notre relation, il ne m'a rien dit mais très rapidement j'ai remarqué un comportement anormal:
Plusieurs tentatives pour m'éloigner de lui, en m'expliquant que ce n'est pas quelqu'un de bien, qu"il faut que j'ouvre les yeux tout en me disant qu'il ne veut pourtant pas arrêter mais qu'il ne peut pas faire autrement!
Crises de larmes répétées sans explication.

Puis, au bout d'un mois et demi environ, un matin, il a osé m'en parler. Il était en pleurs, honteux. Ma première réaction a été de le serrer très fort dans mes bras puis nous en avons beaucoup discuté. J'ai tenté de le rassurer en lui disant bien-sûr qu'il était VICTIME et lui ai demandé pourquoi il ne voulait pas en parler au moins à ses parents! Il avait de solides arguments selon lui: sa mère malade constituait déjà une source trop lourde de peine à sa famille, cette histoire remontait à trop longtemps et il avait été habitué à tout garder pour lui, il continuerait ainsi. Il avait l'habitude d'être malheureux, toute sa vie il avait été ainsi alors ça continuerait. Et puis des personnes sur Terre ne sont pas faites pour être heureuses et il était sûr d'en faire partie!!!

Bien-sur j'ai tenter de trouver des paroles réconfortantes, de lui dire qu'il se trompait, que la vie était belle mais que c'est une personne"monstrueuse" qui avait sâli la sienne alors qu'il n'était qu'un enfant innocent, pur et naïf!!
On a tellement l'impression d'êter impuissant dans ces moments là.

Depuis ce jour, notre relation ressemble aux montagnes russes. On alterne entres des phases où tout est magique et des périodes où j'ai l'impression d'être avec un fou! Je sais qu'il est ce premier homme mais malheureusement le moindre petit détail peut le faire sombrer de l'autre côté et il m'emmène à chaque fois avec lui plus profondemment. Il est capable alors de tout pour me dégoûter de lui, m'insultant, me disant qu'on ne fait pas partie du même monde, me disant d'aller me faire foutre,...Ces phases se font toujours par textos puisque dès que je l'ai au téléphone ou qu'on se voit, il finit par craquer me disant qu'il veut avant tout me protéger parce qu'il y aura trop souvent des jours où il ne sera pas bien! Il me dit que ce n'est pas quelqu'un de bien, que je n'en ai pas encore conscience mais que je ne suis pas satisfaite et qu'il sait que je vais le laisser tomber!

Quand il est comme ça, il devient quasimment fou, il est sûr de lui et n'en démord pas. Je m'en prend plein la figure parce qu'il me dit qu'il veut arrêter avant que je ne le fasse parce qu'il ne le supporterait pas, qu'il a besoin de moi, qu'il ne peut pas se passer de moi et qu'il n'est heureux qu'avec moi. C'est un cercle vicieux. Nos sentiments ne sont pas le problème mais cet alternance de personnalités est épuisante moralement.

Il dit tout et son contraire la seconde suivante. Je sais bien qu'il a peur de se lâcher complètement pour être lamentablement jeté ensuite mais comment lui prouver que ça n'arrivera pas? Il est incapable de me quitter, il me dit après chaque phases critiques où il a tenté de le faire! Je ne veux pas le quitter! Comment faire pour éviter ses excès?
Le dernier en dâte est le suivant: Il est venu passer 2 jours chez moi et tout s'est très bien passé entre nous. Il a passé une mauvaise nuit et était en pleine crise d'angoisse au petit matin. Il ne voulait pas ouvrir les yeux parce qu'il avait peur, peur "qu'il revienne". Je l'ai encore cajolé lui disant que ce n'était pas possible, qu'il n'était plus de ce monde, que c'était moi qui était là. Nous sommes revenus sur les termes de VICTIME, COUPABLE,...Il a vraiment l'impression que si ça lui est arrivé à lui c'est parce qu'il n'est pas commes les autres, moins gentil,...On en a discuté pendant des heures et j'ai réussi à le calmer. Je lui ai demandé s'il envisager de partager son expérience avec d'autres personnes comme lui ou professionnelles mais il m'a dit qu'il n'était pas près. Alors je lui ai dit de continuer à m'en parler à moi mais qu'il ne fallait plus qu'il garde tout pour lui! Je lui avait déjà conseillé d'écrire ce qui s'était passé; il l'a fait mais hésite à me donner la lettre et quand je lui demande pourquoi, il éclate en sanglots en me répondant"TU NE M'AIMERAS PLUS APRES, C'EST VRAIMENT PAS JOLI CE QU'IL Y A DEDANS!"

Puis un couple d'amis est arrivé et là, le drame s'est produit: l'homme a eu recours à de l'humour noire en parlant de sa nuit avec son amie, disant qu'elle l'avait encore forcé certainement en lui mettant de la drogue dans son verre. Déjà là c'était glauque mais le pire a été quand il a demendé à mon ami si quand je le violais je me servais aussi d'une drogue. Je le regardais, il riait, je me demandais vraiment comment il arrivait à rire à ça! Puis, il est parti sur un coup de tête, ce qui a bien-sûr étonne nos amis. J'ai prétexté n'importe quoi pour le couvrir.

Le problème, ce qui me fait très peur maintenat, c'est qu'il fait un amalgame. Il est très en colère après NOUS, les gens qui rient à ce genre de blagues. Mais je n'ai pas ri à ça. Ca m'a fait trop mal d'entendre ces paroles qui allaient le blesser pour en rire. Mais il est encore parti dans son monde, là où il ne veut plus de moi mais il a toujours cette tendance à me faire culpabiliser. J'arrête pas de me dire que j'aurais dû dire ou faire quelque chose au moment où les paroles ont été prononcéés§ Comme je m'en veux. Et là, il est dans une nouvelle phase critique où il ne veut plus entendre parler de moi. Il est parti je ne sais où, ne répond pas à mes appels, ne répond à mes textos que pour dire qu'il nous hait, qu'on ne doit plus lui adresser la parole! Je ne sais plus quoi faire!