Portrait : Je souffre de P.T.S.D (Dialogues)

Témoignage Publié le 20.11.2013

Par Roselyne Rabin pour Dialogues, revue Face à l'inceste

27 ans, dynamique, Florence* vient de couper les ponts avec ses parents récemment. La cause? Il y a deux ans et deux mois, son amoureux la demande en mariage... et cela déclenche chez elle des hallucinations, problèmes de concentration, trous de mémoire. Son médecin diagnostique un P.T.S.D résultant de viols commis par son père alors qu'elle n'avait que 1 an et demi lors de la première aggression.

Dialogues : Vous n'aviez jamais présenté de symptômes de P.T.S.D avant ?

Florence : Si. J'avais des hallucinations récurrentes. Vers 8 ans, dans ma chambre, dans le noir, je voyais plein de vampires. Je faisais beaucoup de cauchemars. Je rêvais souvent de viols. J'avais des crises d'angoisse. A 6-7ans, j'avais envie de me suicider. A l'école, je n'étais pas concentrée. On me surnommait “Pierrot de la lune”. Mes parents ne m'ont pas emmenée chez un psychiatre. Il y  a deux ans et deux mois, quand mon ami m'a demandée en mariage, mes symptômes se sont accrus. Une de mes collègues a eu des problèmes de santé et m'a confié avoir été victime d'inceste. Je suis allée voir un psychiatre, un très bon médecin. J'ai mis son nom sur le site A.I.V.I. Il a tout de suite diagnostiqué un P.T.S.D et m'a conseillé une thérapie E.M.D.R. Tous mes souvenirs sont réapparus. C'est vraiment très pénible. Pendant un an et demi j'ai eu des séances d'une heure toutes les semaines. Je comprends pourquoi on oublie. Maintenant, je suis une psychothérapie classique, tous les quinze jours. J'ai gardé le même thérapeute : c'est une psychanalyste-psychothérapeute qui a suivi une formation E.M.D.R pour compléter. Mes symptômes de P.T.S.D réapparaissent quand je suis confrontée directement ou indirectement à mon père.

Dialogues : Vous n'avez pas coupé les ponts ?

Florence : Après mon mariage, je leur ai écrit pour leur dire que je ne voulais plus les voir. Pour mes nièces, j'ai écrit au procureur de la république. Ils prennent les choses au sérieux car il s'agit de protéger des enfants. Je n'ai pas porté plainte pour moi mais je vais être convoquée pour être entendue par la police. Mon père m'écrit pour m'intimider.

Dialogues : Au travail, ce ne doit pas être facile...

Florence : J'ai travaillé énormément pour compenser mes difficultés de mémorisation. Je suis journaliste. Je retourne discrètement le week-end finir le travail que je n'ai pas réussi à faire.Tout le monde a les clefs et peut le faire : c'est une chance pour moi. Mon patron n'est pas au courant. Seuls quelques-uns de mes collègues sont dans la confidence. En deux  ans et demi, j'ai eu cinq semaines d'arrêt maladie à cause du P.T.S.D. Comme la maladie mentale est un tabou, je dois prétexter des causes physiologiques à mes absences : lumbago, crise de dents, gastro-entérite... Mon généraliste est au courant et il me fait les certificats. Je dois inventer des histoires pour aller en consultation avec mon thérapeute. Le journalisme, c'est une vocation. J'ai toujours voulu révéler la vérité.