Se sentir coupable et mourir dedans...

Témoignage Publié le 16.03.2006

J'avais 10 ans. Encore une petite fille. Je l'adorais. "si j'avais ton age, je serai amoureux de toi". Les mots impurs tombés dans l'oreille innocente. Il m'a violé. Moi, sa fille "chérie".

un "t'as bien joui?". Dégueulasse. Moi, je suis morte à ce moment. J'ai beau fermer les yeux et me dire que cela n'a pas existé, je secoue la tête, mais rien n'y fait, les images sont toujours là, j'ai juste un peu plus mal à la tête, c'est tout.

Jusqu'à 13 ans. Me faisant croire que tout était normal, mais en me faisant comprendre qu'il ne fallait pas le dire. Les mots de plus en plus crus "ce que tu donnes là à ton papa, il ne faudra le donner qu'à un seul homme que tu aimeras" pour finir par
Je suis morte. Impossible de me reconstruire.Il a utilisé tout l'amour que j'avais pour lui pour son plaisir de pervers. Mais j'ai eu de la chance dans mon malheur.Deux amies, des soeurs en fait et un homme qui m'a poussé. J'ai porté plainte l'an dernier, ça a prit4 mois pour qu'il soit mit en garde à vue.

Je suis passée devant des psys, j'ai été expertisée et lui, il a nié, alors on nous a confronté. Le pire moment depuis mes 13 ans. Il a avoué du bout de sa putain de bouche. J'ai pleuré, j'ai hurlé de douleur. Il a été incarcéré. Au début, je me suis sentie soulagée et puis un sentiment de culpabilité s'est emparé de moi. J'avais brisé la vie de mon père. Le pauvre, il allait passer la fete des pères en prison, son anniversaire et noel aussi...

J'ai pleuré, encore, mais je me suis dit que je n'avais rien fait, il était en prison par sa faute. Si j'avais vu un père violer sa petite fille, je n'aurai jamais dit que la vraie coupable c'était elle, alors j'ai arrêté de pleurer. Le procès n'est pas passé, il est toujours en prison. J'ai toujours aussi mal. Je n'arrive pas à me defaire de cette saleté qu'il a mit sur moi. Pas de père, plus de père, jamais.

Mais il a brisé ma vie, ma vie amoureuse aussi. Je n'arrive pas à être bien avec mon homme. Ca fait cinq ans mais il va finir par en avoir marre. Je pleure la nuit. Je pleure le jour. Je suis morte à l'interieur. J'attend la sentence du procès. Peut-être pour revivre... J'ai tellement mal. Courage à vous tous qui me lirez, parlons, luttons... Je suis fatiguée. J'ai 24 ans et je sui morte il y a déjà 11 ans...