Soeur abuseuse, les conséquences psychologiques

Témoignage Publié le 22.01.2007
Bonjour,

J'ai découvert ce site un peu par hasard et pourtant ça fait plusieurs années que j'ai commencé à prendre conscience des dégâts de l'inceste causé par ma soeur. Et je suis bien heureux de continuer à voir que le tabou commence à se lever et que nous sommes finalement plus aussi seul que ça. Merci donc à ce site d'exister ! Voilà donc mon témoignage. Après une forte activité "militante" et investie où je pensais inceste matin midi et soir, où les seules personnes que je voyais étaient des victimes d'inceste, où je suis allé énormément au fond de moi, mes émotions, mes sentiments, ma colère, mes doutes, j'avais décidé de passer à autre chose décrétant que le problème était définitivement réglé, que je devais grandir, progresser. Je me suis donc attelé à chercher un emploi fixe... que je n'ai pas trouvé. Finalement, de bilan de compétences professionnelles en bilan d'orientation... j'en suis arrivé à la conclusion finalement assez simple : malgré mon âge, mes compétences et tout ce qui du point de vue extérieur semble normal... je ne suis pas tout à fait devenu un adulte autonome.

En somme, c'est mon intérieur, ma personnalité qui souffre depuis des années et ne s'est jamais réellement exprimée, le boulet que je traînais, que j'avais enfin exprimé, résistait encore !

Finalement, et je le comprends seulement maintenant, plus de 15 ans après les faits, les actes (peut-être innocents aux yeux de ma soeur) que j'ai subis ont eu un impact considérable sur mon développement personnel, l'expression de ma personnalité.

A l'époque j'avais 6, 7 ou 8 ans je ne sais plus trop exactement. Le geste qui au début m'a le plus marqué, c'était un mercredi, ma soeur de 8 ans mon aînée a commencé à jouer avec moi sur le canapé. On était en pyjamas et son pied a "glissé" entre mes jambes. Je me souviens très bien lui avoir dit "tu me fais mal" et elle de me soutenir que cela me faisait du bien. Ensuite, je me souviens aussi qu'elle a pris ma main pour lui caresser le vagin. Les sensations d'alors restent gravées dans ma mémoire à tout jamais, une sensation de chaleur, d'humidité, les poils qui grattent la main.

Un jour j'avais raconté toute cette scène à une psychiatre et elle d'émettre l'hypothèse quelques séance plus tard que je m'étais tout inventé ! Mais dans quel but ??? A ce moment je croyais vraiment douter et me dire que la psy avait raison. Mais ma chance, peut-être était d'avoir eu ces souvenirs ne jamais me quitter, y compris à l'adolescence où je voulais en parler tout en ayant trop honte, trop coupable pour le faire et en même temps me dire "bof, après tout, j'y ai pris du "plaisir", c'est de ma faute, je n'ai pas su dire non, je suis un "homme" etc etc.

Après la main, elle a pris une bouteille de boisson dont elle s'était enfoncé une partie et puis après... c'est terrible de se dire que les images sont toujours là, de se rendre compte que tout revient ! après elle a pris mon sexe pour que je la pénètre, ça ne marchait pas alors elle s'est allongée sur moi, ça ne marchait pas non plus et m'a dit "tu ne seras jamais un homme !!!"

Ce que je retiens de cette journée c'est que longtemps j'ai intériorisé cette parole, très longtemps et puis il y a le fait aussi d'avoir dit non, d'avoir refusé, mais aussi le sentiment coupable d'avoir ressenti une certaine de forme de plaisir parce qu'au toucher c'était une sensation agréable. J'ai longtemps aussi intériorisé le silence, mon silence. J'ai appris longtemps à ne plus m'exprimer puisque finalement lorsque j'exprimais mes convictions, on ne les prenaient pas en compte !

ce comportement j'allais le garder pendant toute mon enfance et mon adolescence jusqu'à ce qu'aujourd'hui cela soit devenu insupportable et que je découvre que je vivais enfin heureux en pouvant affirmer mes convictions plutôt que de devoir subir et suivre, tenter d'atteindre l'impossible, faire comme si tout allait bien, comme si je n'avais jamais de problèmes ! Bref tenter le plus possible d'être lisse, de me conformer aux attentes des autres pour ne pas les décevoir etc, paradoxalement, à l'école tout marchait très bien, trop bien aurait-on peut-être dû se dire !

Mon discours est un peu décousu, confus, mais tout est tellement lié !

Je me souviens aussi de ses jeux avec ses copines qui m'embrassaient sur la bouche et avec la langue ! Ce qui m'a rassuré, c'est qu'un jour, une connaissance de ma soeur, en déconnant m'a raconté que sa copine elle-même m'avait embrassé de cette façon ! Je n'étais donc pas fou, merci, ô combien merci... Et puis il y avait aussi le jeu de la petite bête, en fait elle mettait ma tête contre son vagin et faisait des pets vaginaux, mais à l'époque je ne savais pas comment elle faisait ça, je trouvais ça rigolo, maintenant je me pose des questions et je regarde cela avec plus que de l'étonnement, presque de la consternation !

Pour résumer mon témoignage je dirais que pour toute victime c'est évidemment vraiment très difficile de sortir du cycle infernal de culpabilité, déni... d'autant plus quand il n'y a aucune souffrance ou trace physique et encore davantage peut-être que lorsque qu'on est un "homme" abusé par une "femme" phénomène inconcevable dans notre société, où l'homme se doit d'être viril etc. C'est difficile de reconnaîte que l'on peut ête blessé intérieurement, que l'on n'est pas si fort que ce que l'on croit finalement

Depuis que je commence à comprendre toutes les implications, notamment au niveau de ma conscience, de ma psychologie que cela a eu sur moi, je ne me sens plus du tout une victime, mais vraiment plus, je ne me considère pas non plus survivant, mais bien vivant tout simplement car je commence à aborder la vie de manière beaucoup mais vraiment beaucoup plus sereine, je commence à dépasser ce qui m'est arrivé et apprendre à me construire. J'ai été pris pour un objet sexuel, ce qui veut dire objet donc pas en tant que personne et sexuel donc des implications vis à vis de mon rapport à la sexualité. D'en avoir pris conscience cela a été le déclic pour mon mieux-être.

Merci de m'avoir lu et courage pour toutes celles et ceux qui en ont bien besoin, merci aussi à toutes les personnes qui ont fait part de leur témoignage car grâce à elles je ne me sens plus seul concerné.