Tellement long, tellement lourd, tellement harassant...

Témoignage Publié le 23.09.2013

altTellement long...Bonjour. Comment commencer ? Peut-être par mon état aujourd’hui, je suis fatiguée de devoir toujours me battre pour aller mieux, pour remplir mes obligations quotidiennes (le travail, les courses, le ménage ...), pour me défaire de mes peurs constantes (peur des gens, de ne pas être à la hauteur, de me faire agresser...) et de mes pulsions incompréhensibles (envie de me blesser, boulimie, lectures compulsives ....)

Mais aujourd'hui j'ai plus d'espoir, car après avoir lu le livre du docteur Salmona, j'ai réalisé que tout avait bien un sens, que je n'étais pas folle, que tous mes symptômes étaient connectés à ce même évènement traumatique et QUE C’ETAIT NORMAL.

J'ai toujours pensé que j'étais anormal, je me suis sentie handicapée, diminuée, folle, illogique, duelle, j'avais un doute sur ce qui venait de moi ou de l'extérieur, sur ce que j'aimais ou je n'aimais pas. Ce livre a été une vraie révélation sur l'impact du traumatisme sur moi.

J'ai découvert que ce que je prenais pour de la folie, et dont j'avais si honte, n'était que des réminiscences des viols que j'ai subi. Alors même que je croyais ne pas avoir de souvenirs précis j'entendais la voix de mon agresseur me répéter les horreurs qu'il me disait alors. Ce n'était pas moi qui me le disait, mais ma mémoire traumatique qui me les imposait tels quels, comme tout droit sortis de la bouche de mon agresseur. Mon déni était tel que je ne m'en rendais pas compte.

Quand j'ai compris que je n'aimais pas penser au viol, aux situations de violence, ou même rejouer ses situations mais que c'était la seule solution que j'avais trouvée pour faire cesser mon mal être, pour déconnecter mon cerveau, je me suis sentie lavée, la honte à régressée. Non je n'aime pas ça je ne sais juste pas comment gérer ma souffrance autrement qu'en débranchant mon cerveau et pour ça je me pousse à l'extrême. Pour un moment de répit, pour pouvoir dormir ou me reposer j'étais obligé de d'abord de me violenter et provoquer l'arrêt de mon cerveau. Je le faisais sans même savoir pourquoi. 

Aujourd'hui je veux savoir plus précisément ce qui m'est arrivé et pourquoi. J'ai bien sûr la mémoire de toutes ses phrases. "Ne dis rien à personne ou je te tue. Tu n'es bonne qu'à ça. Une femme c'est fait pour écarter les jambes. Tu es une salope. Tu aimes ça dis-le que tu aimes ça. Soit gentille avec papa. Tu mérites une punition. Je vais te montrer ce que c'est d’être une femme. Viens jouer avec papa. On va faire des bébés. Je vais t'apprendre. Cri ça m'excite. ............."

Je ressens la terreur devant ma porte de chambre qui s'ouvre, le rayon de lumière qui surgit pour s'éteindre et me laisser face au monstre. Ou encore l'impression que quelqu'un m'étrangle  ou me plaque me tient par les poignets. Mais il me manque les images, ses images qui me diront qu'il n'y a pas de doute, que s'est arrivé, que s'est bien lui le monstre.

Plus que jamais je veux me rappeler de tout, traiter chaque souvenir pour enfin être moi. Pour que ma mémoire traumatique ne vienne plus interféré constamment dans mon présent m'empêchant de profiter, d'avoir des projets, d'avoir des envies , d'avoir des désirs et du désir.

Je sais que me rappeler sera difficile mais j'ai trouvé des professionnels qui m'aident et le groupe de parole est un soutien sans faille. Mon compagnon est aussi la malgré mes sautes d'humeur, ma difficulté face à la sexualité, malgré des comportements qu'il ne comprend pas toujours...

Il ne me reste qu'à trouver la solution pour me reconnecter à cette boite noire tout au fond de moi qui contient j'en suis sure des années de calvaire.

Merci de m'avoir lue

A toutes et à tous courage