Témoignage Femme: Il a violé ma petite soeur

Témoignage Publié le 03.05.2008
Elle m'avait dit qu'elle avait fait une fausse couche de lui et j'ai entendu ses mots sans que ma tête ne puisse les intégrer.
Qu'il l'ai battue, je le sais.
Il lui arraché une partie de ses cheveux un jour. Il l'a jettée dans le bac à eau, même quand elle était devenue trop grande pour y entrer et qu'il appuyait de toutes ses forces pour lui plonger la tête dans l'eau, le plus longtemps possible.
Il y avait les humiliations - rester à genoux avec son drap souillé d'urine sur la tête et l'envoyer à l'école avec l'odeur d'urine sur elle.
Lui faire "laver" ses draps souillés au matin à l'eau glacée sans savon avec ses petites mains si frêles qui étaient si rouges presque à sang.
Les "raclées" quand il la saisissait par surprise. La terreur. Rester à table jusqu'à ce que l'assiette soit vide, en mettant un chronomètre et quand il se met à sonner, rajouter des cuillères à cette maudite assiette qu'on arrive pas à finir. Casser ses affaires, retourner sa chambre sous prétexte qu'elle n'est pas rangée. les raclées quand on hésite en récitant la leçon.
Et puis il y a tout ce que j'ai oublié.
Les coups, la peur, je les ai connu, mon corps en a gardé la mémoire, mais quand il s'agissait d'elle sa fureur devenait inhumaine. Mon père avait droit de vie et de mort sur moi, sur nous. Alors je me pliait à ses exigences impossibles. Devenue grande j'ai pleuré de ne pas avoir été battue pour avoir désobéït mais pas seulement parce qu'il était dans un de ces mauvais jours où tout pouvait arriver.
Ma soeur, elle rentrait pas dans ce cadre - problème d'énurésie, pas excellente à l'école limite en difficulté, se servait dans les placards sans autorisation. Aucun crime grave mais toujours terriblement puni.
Moi, au début j'en avait les larmes aux yeux quand elle se faisait battre et puis je me suis endurcie. Je lui ai voulu de pas arriver à ne plus faire pipi au lit - moi j'avais fini par y arriver et je ne comprenais pas pourquoi elle n'y arrivait pas. J'ai même essayé de la convaincre comme si elle y mettait de la mauvaise volonté.
Et puis il nous a toujours dressée l'une contre l'autre, se servant de l'une pour humilier l'autre. En plus j'étais l'aînée, donc celle qui ramasse en cas de dispute avec ma cadette.

Ma tête a accepté l'inceste - les attouchements je savais ce que c'était. Je savais que ça avait été plus loin avec elle. Elle était devenue sa favorite, celle qu'il fait appeler pour qu'elle le rejoingne dans son lit, tandis qu'il m'avait reléguée au rang de laveuse de chiottes.
Au moment du procès nous avons refusé l'expertise gynéco. Déjà déballée son histoire ça m'a été violent, alors écarter les cuisses devant un inconnu c'était plus que je ne pouvait supporter.
Plus tard après le jugement elle a fait l'expertise et le ciel m'est tombé dessus - elle n'était plus vierge.
Des images insoutenables sont entrées dans ma tête, presque la nausée. De ces images qui me rongent, qui me hantent quand un homme me prend dans ses bras. Pour la fausse couche, j'ai entendu sans vouloir écouter.
Elle m'a parlé du mycose qu'elle a attrapé et qu'il a soigné en la badigeonnant de mytosyl avant que ma mère ne puisse l'emmener chez le médecin.
Et puis elle me dit hier qu'elle vient d'apprendre que sa nouvelle gynéco qui l'a examinée pour sa grossesse lui a appris brutalement qu'elle porte des séquelles visibles et qu'elle aurait subit un avortement forcé à l'aide d'un objet introduit dans corps d'enfant.
Alors depuis hier je me sens lourde. J'essaye tantôt d'oublier, me vider la tête. Tantôt les idées fusent dans ma tête. Je refais le scénario et je pense à sa détresse que je ne comprenais pas, les tentatives de suicide répétées de ma petite soeur.
Parfois des larmes lourdes me montent aux yeux.
C'est un barbare, un monstre et pire que ça encore.
Surtout quand je lis dans ses lettres qu'il ne semble même pas avoir conscience de sa monstruosité, que les regrets ne lui viennent même pas, qu'il réagit comme s'il voulait reprendre les choses où elles se sont arrêtées.
Mon père, celui qui a été mon père, a violé ma petite soeur.