Témoignage femme : L 'inceste à fait de moi une personne différente des autres.

Témoignage Publié le 05.02.2006
Quand on a 8 ans on fait confiance aux adultes et en l'occurence à son grand-père. A cette époque, il vivait chez nous. Nous étions une famille très modeste, mais il aurait été inconcevable de mettre mon grand père en maison de retraite. Nous étions dans les années 60. Il était très gentil avec moi, il me chantait des chansons, me faisait sauter sur ses genoux, m'emmenait promener. Je l'aimais beaucoup. Un matin, alors que j'étais allée dans son lit, il m'a pris ma main et la posée sur son sexe. J'avais 8 ans et je n'ai pas compris... après tout s'est enchaîné... L'après-midi, lorsque ma mère dormait, il s'arrangeait pour être là dans la salle à manger. Il m'embrassait comme on embrasse une femme, avec la langue. Il me baissait ma culotte, me caressait. Je n'avais pas vraiment peur car il était très délicat mais je sentait bien que ce qu'il me faisait n'était pas très normal. Tout avait basculé, et d'enfant j'étais passée à un autre statut, je ne peux dire lequel, mais je savais que je ne serai jamais plus comme toute les petites filles de mon âge. Une certaine honte commençait à m'envahir, je devenais une vilaine petite fille, pas très intéressante, même nulle... Ce sentiment j'allais le garder sans le savoir vraiment consciemment très très longtemps.

Un après-midi, alors que j'étais près de mon grand-père, celui-ci a mis sa main dans ma culotte, et avec son doigt, il m'a pénétrée. J'ai hurlé tellementfort, j'ai eu très mal. Il a du avoir très peur, car il n'a jamais recommencé. Je me souviens que ce jour là, ma soeur qui avait 7 ans de plus que moi, était dans la pièce d'à côté; J'étais allée près d'elle, et je lui avais dit ce que le grand-père m'avait fait. Je ne sais pas si elle m'avait crue, mais elle ne m'a pas pour autant protégée ou informé mes parents. Quelques temps après, mon grand père est tombé gravement malade. Il avait un cancer de l'oesophage. Ma mère l'a soigné des semaines, peut-être des mois. Je ne le voyais plus, mais je sais qu'il racontait que je lui retardais ou avancait sa pendule de sa chambre ce qui était faux bien entendu. J'étais devenue son démon et pour moi, il était devenu un monstre.Le jour de sa mort, je me souviens que j'ai attendu ce jour là pour dire la vérité à ma mère. Celle-ci m'a écoutée, et c'est tout. Il n'y a eu aucune réaction. J'ai eu l'impression de ne pas être entendue.

J'ai continueé à vivre en me sentant vraiment très différente des autres, peutêtre comme quelqu'un de pas très fréquentable.Les années ont passé. J'ai avancé dans la vie avec difficultés car je n'avais pas confiance en moi. j'étais toujours envahie par un gros sentiment de culpabilité. J'étais toujours angoissée de tout. Je sentais qu'il y avait deux personnes en moi. La petite fille d'avant, qui prenait une grosse part, mais malgré tout, une autre personne qui pouvait peut-être intéressante. J'avais plein de choses en moi, que j'aimais, mais je ne me faisais tellement peu confiance, que je n'arrivais pas à développer tout ce qui était positif en moi. j'ai eu la chance de rencontrer l'homme qui allait devenir mon mari. J'avais 17 ans. Il m'a porté pendant de nombreuses années. Il m'a aidé à avoir confiance en moi. Il m'a donné de beaux enfants. Lorsque mon ainée a eu 8 ans, j'ai réalisé le grand malheur qui m'était arrivée. Je voyais ma fille avec ses 8 années, débordante de vie, de bonheur, explorant tout ce qui l'entourait. Je pensais à moi au même âge et j'ai vraiment réalisé à ce moment que mon grand-père avait tout gâché à cette époque. Il avait pourri ma vie. J'ai commencé une psychothérapie qui dure encore aujourd'hui. J'ai 51 ans. Ces 20 ans de psychothérapie m'ont aidé à me reconstruire à savoir vraiment qui je suis. Je pense vraiment être quelqu'un de bien et je peux être fière de moi. J'ai voulu avancé me sortir de cet enfer qui m'enfermait dans la honte, le mépris de moi même, la culpabilité. Je suis devenue une vraie femme aujourd'hui.J'arrive à me faire d'avantage confiance. J'ai pu aussi reparler de cela avec ma mère très âgée et à mon père aussi. J'ai pu aussi avec eux allée sur la tombe de mon grand-père et lui parleren leur présence. Je me suis ainsi débarassée de ce lourd fardeau.