Témoignage sur l'anorexie à l'âge adulte

Témoignage Publié le 31.08.2009
Bonjour,
J'ai 42 ans, je suis enseignante ( ou plus exactement je l'étais car en ce moment je ne peux plus professer ), je suis mariée et j'ai quatre magnifiques enfants. Je suis anorexique, je pèse 38 kilos pour 1m67. Depuis maintenant deux ans, je suis une thérapie. J'ai déjà été hospitalisée mais sans grand succès. La maladie a vite reprend de l'énergie. On dit souvent les anorexiques sont des femmes qui recherchent à ressembler aux mannequins. Ce n'est pas mon cas. Je cherche à exister, à ne plus être invisible, transparente. Depuis mon enfance, je suis en quête d'amour. Je me suis complètement oubliée pour le bonheur des autres. Je ne peux même pas vous dire ce que signifie le bonheur pour moi, si ce n'est voir les yeux briller des personnes qui m'entourent parce que je leur ai apporté de la joie. A l'âge de 1" ans, j'ai été abusé par mon frère aîné. Il m'a détruit ma vie de femme, un autre de mes frères qui travaillait dans la même école que moi a lancé des rumeurs à mon sujet : ma sœur est une dépressive chronique pour expliquer ma perte de poids, il a abîmé ma vie professionnelle, mes parents m'ont toujours ignorée, m'ont empêchée de me réaliser, de découvrir qui j'étais, ils ont refusé mon droit au bonheur.

Depuis cette maladie, de nombreuses personnes m'ont tourné le dos à commencer par mes parents, mes frères et ma sœur. Je suis seule avec ma famille issue. C'est difficile à vivre ce sentiment d'abandon par les membres de sa famille. Rien ne peut plus changer, je dois l'accepter. Cette maladie m'isole du monde extérieur. Je ne me sens en sécurité que chez moi, entourée des personnes qui m'aiment. Et pourtant, j'ai un énorme besoin de faire sortir cette boule d'angoisse qui m'empêche de respirer et de vivre.

Par mon anorexie, je me punis, je me sens constamment coupable et je ressens le besoin de souffrir pour me faire pardonner. Je souffre physiquement mais également psychologiquement. La nourriture est mon bourreau, je dois lui résister, je dois gagner, je dois être plus forte. En attendant, je fais souffrir les personnes qui m'aiment réellement. Je le sais et je ne parviens pas à faire marche arrière. Je me mets en danger, je n'ai pas peur de mourir. Parfois, je me dis que je serai plus tranquille, plus besoin de me poser trente-six mille questions, finies les angoisses... mais j'ai peut-être aussi le droit de goûter au bonheur de la vie.

Un jour, je baisse les bras, le lendemain, je me dis que cela vaut la peine de me battre. J'ai besoin d'aide, d'être écoutée et entendue. C'est un cri que je lance... Aidez-moi ... Merci de m'avoir lue

Christine