Témoignages femmes : inceste moral commis par ma grand-mère

Témoignage Publié le 27.02.2006
C’est lorsque j’ai atteint l’age de 11-12 ans que l’enfer a commencé. J’ai été victime d’inceste moral de la part de ma grand-mère. Quand on parle d’inceste, on pense toujours à un acte commis par un homme.
Malheureusement, les hommes n’ont pas le monopole du sadisme! On pense aussi trop souvent à « pénétration forcée », alors qu’il existe mille et une autres façons d’exercer un inceste sur un enfant. Ma mère m’obligeait à dormir chez ma grand-mère, tous les quinze jours, par alternance avec mon frère. Ma grand-mère avais un caractère très dur (elle est décédée depuis), et possédait l’art de semer la zizanie dans ma famille. Elle s’est brouillée avec presque tous ses proches. Seule ma mère la voyait régulièrement. Je ne pense pas que mon frère ait subit la même chose que moi, elle semblait le laisser tranquille.

Donc, quand j’étais adolescente, ma grand-mère profitait du fait que je me retrouvais seule chez elle, le soir, pour tenter d’avoir des attouchements avec moi. Ces tentatives étaient irrégulières, certaines fois elle se comportait comme un grand parent « normal », d’autres fois elle essayait de me toucher les seins quand je devais lui dire « bonne nuit », ou me touchait les fesses quand je passais (trop ?) près d’elle. Quand elle savait que je devais me changer dans la chambre, elle trouvait une excuse bidon pour renter et essayer de me surprendre nue. Elle me promettait une pièce si je lui montrais ma poitrine naissante. Je refusais ses attouchements, je lui disais, non arrête, je fuyais à l’autre bout de la pièce. Alors, elle exerçait sur moi une pression psychologique. Elle cassait ma famille, elle traitait la branche de mon père (mes parents sont séparés) de « cus terreux », et me comparait à eux. Elle m’injuriait souvent. Parfois, au réveil, elle se jetait sur mon lit, essayait de m’écraser les pieds pour ne pas que je bouge, et elle voulais caresser mes cuisses. Merci pour les réveils en douceur !

Je me souviendrais toujours de son sourire sadique. Un soir alors que je devais lui faire la bise, elle a touché ma poitrine. Elle avait un sourire sadique qui me donnait envie de la frapper. Je hais ce sourire, qui signifie si bien « je t’ai eue, je suis la plus forte, j’ai eu ce que je voulais, je t’ai forcée, je t’ai volé ça ! »

Quelques fois, j’ai craqué et j’ai appelé ma mère pour qu’elle vienne me chercher. Mais ma mère refusait de voir la vérité en face, elle disait simplement à ma grand-mère de me laisser tranquille, et continuait à m’obliger de dormir chez elle. De plus, ma grand-mère racontait des histoires à ma mère pour ne pas que celle-ci me croit. Elle disait à ma mère que je trouvais ma mère « méchante ». Ce qui me valait d’être traitée de menteuse par ma mère. Elle mettait ainsi mes appels au secours sur le compte des fameuses « crises d’adolescence ».

Après mes 18 ans, j’ai refusé d’aller dormir chez ma grand-mère, et ma mère a été contrainte d’accepter. Mais lors de dîners de famille, ma grand-mère sortait de propos obscènes, du style que j’étais une salope qui aimait me faire toucher, mais ma mère ne réagissait pas, elle a fermé les yeux et continue de la faire. C’est si simple de ne rien voir et de ne pas prendre ses responsabilités d’adulte, si dures soient elles !

Parfois, je me dis que j’aurais du me comporter différemment, j’aurais du fuguer pour attirer enfin l’attention de ma mère. Ou avoir de mauvaises notes en classe, pour pouvoir renter dans la case « ado en difficulté » des enseignants. Je n’osais pas porter plainte à la police, je n’avais que mes paroles de menteuse contre les siennes. Je regrettais qu’elle ne fut pas un homme et qu’elle ne m’ait pas violée, au moins j’aurais eu une preuve matérielle. Vers la fin, je n’en pouvais plus, je ne supportais plus ses injures et pressions psychologiques, je rêvais que je lui lacérais son gros ventre adipeux avec un couteau de cuisine, pour me défendre.

J’ai fait une dépression chronique de 14 ans à 18 ans environs. Je m’en suis sortie seule depuis, sans aucune aide. Mais parfois, je continue de faire des cauchemars. C’est la première fois que je raconte mon histoire. A défaut d’aide ou des conseils, j’espère simplement que ce site me libérera du poids du non dit.