Un passé qui me poursuit, un avenir difficile à construire

Témoignage Publié le 25.10.2006

Fotolia_16021015_XSRetour à la case départ ? Non, peut-être pas mais le chemin est long, douloureux, fait d'embûches et d'obstacles parfois difficiles à dépasser. De mon histoire, si je n'ai qu'un résumé à faire, c'est qu'il y a bien longtemps que je patauge dans la gadoue. Depuis, 1998, date où j'ai révélé les faits de violences subies par mon grand-père paternel, gendarme de carrière. Un bel exemple ! L'année dernière et après 8 ans d'hésitations à franchir le pas, j'ai porté plainte. Le procès a eu lieu en juin dernier et il a été condamné. Le procès ne fut qu'une étape nécessaire à ma propre reconstruction.

Aujourd'hui, je patauge beaucoup moins dans la boue, mais subsiste une blessure qu'il est difficile pour moi de cicatriser : la relation que j'ai avec mes propres parents. Le pardon est difficile, je n'ai plus confiance en eux. Ils n'ont pas su me protéger à la suite de mes révélations, ou plutôt comme il le fallait. Depuis une semaine, craquage et crise de nerfs, envies de fuite : j'ouvre les yeux après tant d'années pour découvrir qu'il n'y a pas que mon grand-père qui n'a pas su me "protéger" mais que tous les ascendants de ma famille n'ont pas su le faire.

Une douleur immense, difficile à digérer cette fois-ci. Une goutte d'eau de trop. Une envie de partir loin sans savoir où aller, tellement plus rien ne me retenait. Même si j'ai conscience que mes parents m'aiment et continueront (avec leurs qualités et leurs défauts), je pense qu'il est nécessaire pour moi de construire ma vie loin de ma famille (physiquement).

Depuis mes 15 ans, âge où j'ai révélé les abus, la difficile réalité du climat familial a fait que j'ai du m'occuper de mon père qui est tombé en dépression pendant quelques années suite à cette histoire. Je l'ai porté un bout de temps alors que ce n'était pas mon rôle mais personne n'a pu me porter, si ce n'est la famille ou les personnes au courant de mon histoire.

A force de me porter toute seule, j'ai géré trop de choses trop tôt toute seule.

A 24 ans, même si j'ai un avenir professionnel prometteur, je n'en vois pas la fin. Sans cesse rattrappée par ce passé. Et pourtant, je met tout en oeuvre pour me reconstruire et m'épanouir.

Ce sentiment d'abandon me poursuit alors quand bien même j'ai une famille. Mais cette dernière est parfois plus destructrice.

Ras le bol.....