Voleur de temps

Témoignage Publié le 26.12.2017

Voleur de temps

Aujourd'hui nous sommes le lendemain de Noël. Les deux derniers jours ce sont bien passés, les soirs et ce matin étaient différents, beaucoup plus violent. Car il y a toujours une ombre qui plane au dessus de moi. Malgré tout le bonheur dans ma vie actuelle, à la fin, elle revient toujours. Et ouais meuf, tu t'éclates, super trip entre potes, trop d'amour et BAM voilà un coup de "j'ai été violée par mon père quand j'étais enfant et j'ai fait un déni pendant 20 ans. Comment je me suis réveillée ?  Ma petite soeur à été violée en soirée, alors que nous étions ensemble. J'ai senti le danger, mais j'ai chercher du mauvais coté. Alors j'ai sacrifié la vie que j'avais pour aller m'occuper d'elle. Une fois les choses misent sur la bonne voie avec elle, tout m'est revenu dans la gueule. Sans que je comprenne. Jusqu'au jour où j'ai éclaté devant mon psy quand j'étais internée pour addiction". Ouais, c'est ça dont j'arrive pas à me défaire. Pourtant, ma vie va beaucoup mieux : je suis allée vivre au Portugal, j'ai des projets de voyages, je redécouvre l'amour à travers l'amitié, ma soeur va beaucoup mieux, j'ai suivi un traitement emdr pour le traumatisme, j'ai même porté plainte contre mon géniteur. Je reste occupée, j'ai toujours des révélations qui me font avancer, j'avance putain ! Ouais, je suis une survivante, une putain de guerrière parce que je suis LA !

Je suis en vie, et au fond de moi j'ai une énergie qui me pousse à me battre et à vivre mes rêves, à garder mes valeurs sans pour autant être fermée d'esprit. J'ai plus de problème de drogue. Ouais j'en prend, mais je ne me réfugie plus dedans sans le savoir. En fait, la drogue, surtout les acides, ça me permet de mettre mon cerveau en pause, d'oublier toute cette gravité, ce sérieux et cette maturité que j'ai gardé comme conséquence de mon expérience. Je le gère. 

Je suis consciente de tout le chemin que j'ai fait, en moins de deux ans, je me suis trouvée, j'ai fait la lumière en moi.

Mais putain, d'un autre coté : déjà plus d'un an que je suis sortie de l'institut psy, que je suis en convalescence. Parce que c'est exactement ça, c'est comme si j'avais été malade pendant 20 ans et que je commences seulement à m'en remettre. Donc ouais, ça prend du temps, mais on m'en a déjà assez pris du temps. C'est que même si les choses s'arrangent, la vie continue et est de mieux en mieux chaque jour. Il a toujours une voix au fond de moi qui me hurle dessus " MAIS PUTAIN POURQUOI TU DOIS PASSER PAR LA ? "

Je devrais mettre toute mon énergie dans ma reconstruction, mais la moitié de celle-ci est encore utilisée par mon cerveau pour m'aider à accepter ce qui s'est passé pour que je puisse continuer à vivre et que mon cerveau puisse continuer à me gérer.

Voilà, ce qui faut savoir, c'est qu'une fois que c'est arrivé, dans le fond ca ne se terminera jamais vraiment. Là est l'injustice.