Echanges avec les non survivants

Bienvenue

I
Isabelle
Inscrit il y a 14 ans / Actif / Adhérent
47
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Bonjour,

Nous pensons qu'il est important de communiquer entre survivants, proches, professionnels, étudiants... afin que l'inceste soit mieux connu et reconnu ainsi que les conséquences qu'il entraine.

Nous avons récemment ouvert les inscriptions sur ce site aux non survivants concernés par l'inceste afin de pouvoir échanger.

Attention, les sollicitations des survivants pour des recherches, mémoires ou tout autre activité sont interdites. Contacter absolument les administrateurs.


Merci à tous de faire vivre ce lieu d'entraide.
46 messages
R
rebirth
Inscrit il y a 8 ans / Actif / Adhérent
Publié le 22.06.2016 21:15
Bonsoir Yan,
Une pensée pour vous deux...
Bises
Y
Yan
Inscrit il y a 8 ans / Nouveau / Membre
Publié le 22.07.2016 23:19
Lorsque nous nous sommes rencontrés, nous avons appris à nous connaitre progressivement, à nous apprécier tendrement, à nous aimer entièrement, à faire l'amour génialement, à jouir tout simplement. La vie fût douce et belle. Nous étions deux, toi et moi. Après trois ans, il est arrivé soudainement et a bouleversé notre vie. Son nom, inceste. Alors, notre sexualité a chancelé mais notre couple a tenu bon. Nous avons continué à nous aimer, à nous soutenir, à vivre pour de bon. Était il possible de rencontrer quelqu'un comme toi? Si belle, si forte et finalement si fragile. Nous avons partagé notre gout pour des musiques différentes, pour des livres différents. Nous nous sommes fait découvrir tant de choses. De temps à autre, tu sombrais et je ne savais quoi faire. Mais je suis toujours resté prêt de toi et tu es toujours resté prêt de moi. Pas d'enfant. L'un et l'autre nous n’en souhaitions pas, pour des raisons différentes.Je t'ai toujours dit que s'il y avait un accident, je l'assumerais. Toi, cela t’aurifiait, t'inquiétait. Combien de tests as tu fais pensant que... J’étais là pour toi et toi pour moi. Toi si petite et si grande à la fois. Nous partagions le même gout pour les vacances. Tranquilles, au bord de la Mer ou dans le Jura, avec une caisse de livre à dévorer, de bons vins à gouter, de bon restau à savourer. Inceste était toujours là, il te rongeait doucement mais tu lui résistais. il y avait tous mes amis qui sont devenus les tiens. Tu en avais si peu. Il y avait les fêtes folles où nous dansions et toujours nous nous trouvions. Mais inceste te rongeait. Tu as tenter une première thérapie... La seconde devait être la bonne, je le pensais, j'étais content qu'enfin quelqu'un puisse t'aider. Tu as commencer à changer, à vivre un peu plus pour toi. C'était nécessaire. Tu te construisais, en tout cas je l'espérais, je le souhaitais, qu'enfin tu te libères, que tu vives et qu'inceste te lâche progressivement. Il y a eu ma maladie, terrible pour moi horrible pour toi à un moment où tu n'avais pas besoin de cela, ou j'aurais du être plus présent pour toi. Puis tu as sombré pour de bon. Cette thérapie, tu disais qu'elle t'aidais, mais tu sombrais un peu plus chaque jour. Tu m'as secoué, engueulé, houspillé. Je n'ai rien compris, sonné par chaque parole. Et cela s'intensifiait, je n'avais plus de répit. Il y a eu le décès de notre collègue. Choc immense pour toi. là, quelque chose c'est passé. Je n'ai pas compris. Tu m'as rejeté sexuellement, mais finalement j'avais une certaine habitude et compréhension. Enfin, tu as parlé à ta mère. Tu craignais ce moment. Je t'ai accompagné, attendu pas loin, suis revenu te cherché et nous nous sommes évadés. Je pensais qu'après, tu te sentirais apaisée. Ce fût de courte durée. Tu as explosé, me rejetant un peu plus chaque jour, rejetant nos amis proches si bons avec nous. Tu pleurais le soir, tu buvais trop. Je ne parvenais plus à t'aider. J'ai trouvé l'AIVI. J'ai espéré que cela t'aiderait. Nous sommes aller ensemble à un groupe de parole. Ce fût terriblement difficile pour moi. L'émotion, le désespoir, l'espoir, le regard des autres et cette soirée, juste après où nous avons discuter jusqu'à minuit avec d'autres survivantes. Tu t'es effondrée en sortant, tu as explosé dans la voiture. J'étais démunis, je prenais tes paroles et je sombrais moi aussi. Ma thérapie ne m'a finalement pas aidé. Les médicaments non plus. Je t'ai proposé que tu prennes un appartement, tu as dis que c’était trop tard, je t'ai proposé la thérapie de couple que tu voulais, mais c'était trop tard. J'ai sombré. Mes parents mon sauvé en m'enlevant en Bretagne. 10 jours pour refaire surface. J'aurais souhaité te détester, mais non, je t'aime, je t'aime toujours. Et ça a recommencé. Des reproches, des reproches, tes attentes que je ne comprenais pas. Et il a fallut que ce soit moi qui te pousse pour te demander ce que tu souhaitais. Vendre la maison, ta maison, celle que tu voulais, "le paradis sur terre", l'endroit auquel tu pensais ne pas avoir le droit, trop beau pour toi, petit bout de femme toute cassée à l'intérieur. Vendre la maison, pour cette quatrième vie? et bien non, de moi, tu ne veux plus. Il a fallut que je te l'arrache. De moi tu ne veux plus. TA vie est ailleurs. Depuis longtemps tu me fuis, à Paris. Qui y a t-il là bas. Tu me laisses seule avec le chat, les moutons, les abeilles et tes fleures que tu aimais tant, ton potager que tu as délaissé. Et moi, et moi tu m'abandonnes. Oui, avant hier, j'ai fini par te l'arracher. Il faut que tu me quittes. Tu ne t envisages plus avec moi. Tu m'as abandonné le 7, pour mon anniversaire. Tu m'abandonnes définitivement le 20. Je suis seul. Je suis perdu. je suis toujours amoureux de toi. Toujours. Tant de belle chose en toi. Trop difficile de te laisser partir comme ça. Et pourtant tu as fais ton choix. Saloperie de thérapie. Saloperie d'inceste. Une lame de fond qui broie tout. Je suis broyé. Ce soir, je suis seul pour longtemps. 18 ans. Plein de photos, de souvenirs, ton sourire. Nos corps ne se toucherons plus avant de nous endormir, nous en avions besoin pour nous sentir bien. Tu es parti depuis longtemps mais tu n'as pas voulu me le dire. Ce soir, je suis en pleur, une fois de plus. Je meure ce soir. J'aimerai mourir. Je te l'ai dis, dehors assis sur le grès, j'espère que tu rencontreras quelqu'un de bien. Quelqu'un qui te respectera. Mais je te l'ai dis aussi, surement égoïstement, personne ne t'aimera comme je t'aime encore. Car je t'aime encore.
A vous, victimes, puissiez-vous trouver la paix intérieur, puisse l'inceste vous ménager et vous laisser libre, libre d'aimer.
Je suis mort ce soir, je suis seul pour longtemps.

Yan
L
Luam
Inscrit il y a 8 ans / Actif / Membre
Publié le 22.07.2016 23:59
Yan

c'est si triste de lire ton post :blush:
je ne sais pas quoi te dire à part d'essayer de prendre soin de toi
D
delphine.a
Inscrit il y a 8 ans / Actif / Membre
Publié le 23.07.2016 12:01
yan
je ne sais que te dire , mais j'aurais aimé avoir un homme comme toi ! j'espere vivement que tu arriveras as faire face ! je pensse que des hommes comme toi , sa dois pas courrir les rue .
Comme tu le sais moi le mien ne me respecte pas . Et si je le quitte , je ne veux plus d'homme dans ma vie.
J'espere qu 'elle te reviendras .
Je t'envoi un arc en ciel de tendresse .
A
abribus
Inscrit il y a 14 ans / Actif / Membre
Publié le 23.07.2016 12:12
Yan

ton mesage est tres touchant... et c'est toujours triste de voir l'amour comme ca abandonné.
Tu es tres amoureux ca se voit, ca se sent et ca se lit.... mais c'est horrible comme parfois les traumatismes interdisent le bonheur.

C'est plus fort que nous... plus fort que tout parfois.

Je te souhaite de prendre du temps pour toi... de prendre ce recul necessaire.
Et sache que l'amour est éternel et genereux.

Prend soin de toi
I
Isadora
Inscrit il y a 7 ans / Actif / Membre
Publié le 23.07.2016 21:29
Bonsoir Yan,
Bonsoir à tous,

Merci pour ce message qui doit attrister tous ceux qui le lisent. Je suis désolée pour vous. Mais comme le dit si bien abribus " parfois les traumatismes interdisent le bonheur". je dirais même que parfois la sensation de soi est tellement rabaissée que l'on pense rendre service à l'autre en prenant la fuite. On voit le carnage de son existence et l'on ne veut pas entraîner l'autre dans sa chute...

J'envoie bien évidemment de milliers de bonnes ondes pour te soutenir. Car je crois que c'est le bon mot. Tu dois être soutenu. Ton entourage a un magnifique rôle à jouer, pour toi, et pour que la maladie ne prenne pas la parole de façon trop vindicative.

Que l'inceste puisse faire des victimes collatérales, je pense que tous ici nous le savons. peut-être est-ce personnel mais je suis assez sensible à ça. Prends soin de toi , donc.

Maintenant , j'attire ton attention sur une chose Yan: tu parles de la période "d'avant", en la valorisant en la glorifiant. Fort bien. Mais cet "avant" correspond à une réalité déformée, enjolivée ou adoucie par l'amnésie ou le déni. C'est un miroir déformant. Dans cette réalité là il y a une partie de la réalité, c'est vrai, mais pas toute la réalité. On peut imaginer que "les fameuses années vécues où c'était bien" correspondent bel et bien à l'état de la personne qui aurait du continuer à être si l'inceste n'avait pas tout fracassé. Peut être que oui, peut être que non? Comment pourrait on en être sûr que cet Eden était vraiment véritable, qu'il n'était pas déjà falsifié par l'inceste tapi? Néanmoins il correspond à la réalité de notre vie, à notre "identité positive"!, combien c'est complexe alors...

Une séparation entraine une période de deuil. Reçois toute ma compassion, et mes encouragements. J'insiste sur un détail, c'est que les pleurs ont un pouvoir cathartique, ils peuvent guérir l'âme blessée. Y avoir recours est une bien belle idée salvatrice. Ce n'est en aucun cas preuve de faiblesse. Tout le bassin méditerranéen , Balkans y ont recours... Ils ne sont pas plus truffes que nous.

J'ai fait une étude à ce sujet si cela t'intéresse.


Bons pleurs, et à la maison pour un thé vert!!!!!!!!!!! Alleeeez! COURAGE!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
L
Luam
Inscrit il y a 8 ans / Actif / Membre
Publié le 10.08.2016 18:14
bonjour isabelle

pouvez vous bloquer l'accès au forum privé à des personnes de nos familles si on vous le demande et si on vous donne leurs coordonnées ? si oui, comment vous envoyer leur nom... sans que celà apparaisse sur le forum ?
merci pour ta réponse
Y
yvesre
Inscrit il y a 8 ans / Débutant / Membre
Publié le 27.11.2016 23:52
bonsoir à vous,je suis vous tous

YAN, mon histoire est similaire à la tienne,tes mots ce sont mes maux qui depuis 2 ans résonnent dans ma tête, même parcours, mêmes "erreurs" même fin, elle a fait une demande de divorce. 35 ans à ne pas comprendre, 7 ans de thérapie, 5 de médicaments, 2 mois d'hospitalisation, 2 ans d'arrêt maladie pour moi. Un commencement de thérapie pour elle et plus de culpabilité pour moi de ne pas savoir l'aimer...et un soir elle a parlé, le carcan et la cage venaient de s'ouvrir,Isabelle reprenait son envol, sa vie d'indépendante résiliente commençait.

ISODORA tu parles de réalité déformée, enjolivée ou adoucie par l'amnésie ou le déni, tu as en grande partie raison sur ce point,mais pour moi c'était une réalité, Isabelle était tout le contraire de ma maman, le sourire permanent pour l'une, le regard agressif pour l'autre.Cette colère exagérée de ma maman je voulais la fuir.
Mais ne sommes nous pas le reflet de nos parents et le miroir de nos enfants ?

Sans connaître les raisons de cette rupture soudaine de notre couple, ma maman a parlé, parlé à vomir plus de 70 ans de silence.
"Pourquoi parles-tu maintenant ? "
Elle m'a répondu
" il est temps pour moi de remettre je T'AIME dans son contexte ”

Papa toi qui est la haut, entends ces mots, ils sont pour toi, aide moi dans ma miséricorde

Depuis longtemps je ne peux t'embrasser Maman, pardonne moi
Isabelle je comprend aujourd'hui pourquoi tu ne voulais pas que je t'embrasse, je te pardonne

Maman je me rapproche petit à petit de toi
Isabelle je m'éloigne petit à petit de toi

Sachez toutes les deux que je vous aime

pédophilie pour l'une, inceste pour l'autre, 2 apparences bien différentes et bien cachées

Yan, pour conclure je pourrais reprendre ta dernière phrase, mais tu n'es pas et nous ne sommes pas mort, merci à mon fils qui me l'a rappelé ce matin, nous aussi nous sommes libres d'aimer, il faut reprendre confiance, le chemin sera long, pourquoi ne pas tenter, relevons le défi.

YVES

Merci ISABELLE A pour l'ouverture de cette page,
I
Isadora
Inscrit il y a 7 ans / Actif / Membre
Publié le 28.11.2016 08:09
Bonjour Yvesre et bienvenue ! Merci pour ton témoignage. Ils sont toujours précieux ces témoignages-là pour les survivants de l'inceste. Au plaisir de te lire davantage, et bonne route et bons défis. Je t'adresse mon courage.
A
*Profil supprimé*
Publié le 28.11.2016 12:33
Bonjour à tous,

Ces histoires tristes à mourir d'inceste rappellent à quel point le tsunami emporte et détruit les victimes directes mais constitue également un tsunami pour les proches ...
que ces proches optent pour le déni, le rejet de la victime ou le soutien, tous sont fracassés.
De plus, les ascendants ont souvent leur propre histoire massacrée ...
et leurs descendants, ignorants ou pas du tsunami, n'en sortent pas toujours indemnes.

Pour ma part, ma mère a probablement été victime, pas réellement survivante seulement au prix d'une mutilation irréversible, moi-même ai vécu dans l'ignorance et ma fille a été victime de son frère ...
Je me pose une question de fond sur tout ce qui peut aider, prévenir aussi.
Le post n'est peut-être pas dans la bonne rubrique, mais je me dis que cet axe est important :

http://aivi.org/forum/10-pour-faire-connaissance/96141-therapie-familiale.html

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