Frère aimé, détesté, à oublier !

Témoignage Publié le 22.11.2011

Fotolia_1830260_XSJ'avais 10 ou 11 ans... lui 5 de plus. J'ai actuellement 30 ans et j'ai vécu jusqu'à présent sans en avoir pris réellement et pleinement conscience. Etonnement, j'avais des souvenirs qui resurgissaient mais j'essayais de les effacer ou d'éviter d'y penser. Donc c'est pas véritablement de l'ordre de l'inconscient. Je m'étonne d'avoir vécu 20 ans sans que ça ressurgisse. Peut être parce que je suis actuellement en pleine dépression.

Je me rappelle clairement où les scènes se sont déroulées mais je ne peux me rappeler à quelles fréquences et combien de temps les attouchements ont pu durer. Je ne sais pas si c'est essentiel d'ailleurs mais je me rattache à ça. Et culpabilise aussi de ne pas me souvenir. Culpabilité, quel sentiment néfaste ! Pourquoi je culpabilise ? Ne pas avoir dit non, ne pas avoir su le repousser, pourquoi y être retournée ? Mais ce n'est pas à moi de culpabiliser. Je n'ai pas voulu cela.

Mon frère réussissait à m'attirer dans sa chambre le soir. Je me souviens qu'il me parlait d'astronomie, on jouait aussi. Il était tendre, il n'y avait pas de violence. Maintenant, je me rends compte que j'étais sous son emprise psychologique. Il réussissait à me manipuler psychologiquement, à abuser de moi car il avait cerner ma personnalité.

Y a peu de temps, j'en ai reparlé à mon frère. Il n'a pas nié. Il m'a dit qu'il s'en rappelait. Mais plusieurs choses m'ont choqué. Il m'a demandé qu'est-ce qui a fait que ces souvenirs ressortent... Quelle importance puisque ça s'était passé. Pour expliquer ces gestes, il m'a dit qu'il se sentait mal dans sa peau, adolescent, il intéressait peu de filles. Il m'a dit aussi qu'il pensait que j'étais concentante... comment l'être alors qu'on a 10 ans, qu'on ne sait pas de quoi il s'agit. Et puis qui voudrait avoir sa première expérience sexuelle avec son frère ??? Il m'a dit que c'était moi qui lui avait dit qu'on n'en parlerait pas à nos parents. Je n'en ai pas le souvenir. Comment ai-je pu dire cela ? Je ne comprends pas. J'avais peut être peur qu'ils l'apprennent parce que j'avais honte de ce qui se passait.

Mon frère m'a demandé si je voulais qu'on mette tout ça à plat, qu'on reparle de tout ça, qu'on croise nos souvenirs. Mais quel pervers ! Je ne veux en aucun cas retomber dans tout cela. Il m'a rappelé une scène qui me dégoute. J'aurais voulu que jamais il ne m'en reparle. Peut être voulait-il après toutes ces années réinstaurer sa domination sur moi ? Et puis, il se rappelle précisément comment j'étais habillée. Quelle horreur !

Depuis, je ne lui parle plus. Je le déteste et ne veut plus lui parler. Je culpabilise à nouveau car pendant des années, et malgré ce qu'il s'était passé, je m'entendais bien avec mon frère. On était complices. On se parlait d'ailleurs mutuellement de nos problèmes de couple. Comment est-ce possible lui qui était mon bourreau ? Syndrome de Stockholm m'a expliqué mon psy.

Désormais, je veux l'oublier. Je me rends compte que notamment à cause de cela (je pense que ce sont des traits de caractère qui n'ont été qu'accentués) je manque de confiance en moi, je suis timide, j'ai des difficultés à parler avec les autres, je me dévalorise, j'ai peu confiance en les autres, je demande beaucoup d'amour et d'attention à mon mari et ne suis jamais satisfaite. Maintenant que tout cela est ressorti, il faut trouve la force pour se reconstruire et continuer sa vie tout en vivant avec cela. Pensées à celles et ceux qui ont subi de tels agissements

Nous en parlons
C
Chroniqueur
Publié le 06.01.2012
Inscrit il y a 12 ans / Nouveau / Membre

Ton récit de vie m’a bouleversé, probablement parce qu’il ressemble beaucoup au mien. Le passé qui resurgit à la trentaine. La perte partielle de mémoire dont on se culpabilise parce que ( dans mon cas, en tout cas, ) cette amnésie enlève ( en apparence ) de la crédibilité au récit. La manipulation du frère, devenu adulte, qui tente de rendre la victime consentante, et même responsable du silence. Le pire, et tu le fais bien ressortir, c’est la pitié qu’on ressent pour le bourreau, et qui paralyse la colère.

Mais de toute évidence, tu as fait beaucoup de chemin. Tu parles, tu écris, tu refuses d’être manipulée à nouveau. Bravo ! Si tu savais...: je suis de tout coeur avec toi.