Interrogations

Témoignage Publié le 01.04.2007

Je me suis inscrit il y a de cela quelques jours, sans savoir trop quoi attendre.

J'ai moi-même connu l'inceste (je suis de sexe masculin) dans les situations les plus scabreuses, ma mère étant alcoolique déclarée et ayant eu, après un divorce long et douloureux, des périodes de grands besoins financiers.

J'ai entendu utiliser le mot "agression", "violence", "viol", et j'ai encore du mal à appliquer l'un ou l'autre de ces termes à moi-même.


Somme tout, je me suis très bien tiré d'affaires : ayant failli finir à la rue par deux fois, ayant tâté du suicide et de l'automutilation, ayant effleuré la prostitution, ayant été presque violé par un homme, ayant risqué moi aussi de finir alcoolique, les problèmes se résolvent un à un. Il me reste toutefois ce dernier bloc à aborder et je sens bien qu'il y aurait là quelque chose à faire, ce d'autant que j'ai une compagne que j'aime véritablement et deux enfants adorables, le troisième devant arriver dans quelques mois.

J'ai bien suivi les deux interviews de témoins masculins sur votre site et je continue à me dire que je suis privilégié, sans toutefois en être bien certain. Mes relations avec ma mère ont commencé alors que j'avais quinze ans, bien que je soupçonne que d'autres choses se soient passées avant cela (mais je m'en souviens peu ou prou). Je sais par contre que ma mère a fait de même avec mes deux frères, l'un ayant une longue histoire d'alcoolisme et l'autre de dépression et d'isolement.

Je sais encore qu'une amie de ma mère s'est comportée avec moi de façon peu avouable en une occasion au moins, sans parler d'une autre rencontre scabreuse avec une jeune fille de quelques années plus âgées que moi quand j'étais beaucoup plus jeune.

Ceci dit, sans vivre une vie tranquille, on me considère comme une personne équilibrée, même si pas nécessairement conforme et plutôt taciturne.

Je me demande si une littérature plus spécifique existe pour l'inceste au masculin. Je me demande aussi si vraiment je devais me sentir une "victime" ou un "survivant", deux termes que je rechigne vivement à appliquer à moi-même.

Voilà, j'ai jeté ma pierre à l'eau et je ne sais pas si cet article est déplacé, ou si je le suis moi-même. Je m'en remets aux vérificateurs.

Philippe