Le suicide, je n'y ai pas pensé qu'une seule fois

Témoignage Publié le 20.10.2016

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J'ai été victime de viols répétés de la part de mon frère âgé de 10 ans de plus que moi de l'âge de 5 ans jusqu'à l'âge de 8 ans.

J'ai mis de côté cette histoire pendant de longues années sans jamais oublier ce qui m'était arrivé et surtout en ayant des séquelles incomprises. Enfant et adolescente, mes parents m'on fait soigner pour des maladies nerveuses mais sans chercher à comprendre d'où cela pouvait provenir. J'ai avalé des tonnes de médicaments censés me faire retrouver un certain calme car j'étais très nerveuse. Toute ma vie j'ai souffert de ce que j'ai vécu mais toujours sans pouvoir parler de peur de ne pas être crue et surtout de peur de provoquer un séisme familial.

Surtout que lors des actes, mon frère qui me manipulait, m'interdisait d'en parler à nos parents et m'enfermait dans un silence dont j'ai eu beaucoup de mal à sortir. Lorsque j'ai pu enfin parler, beaucoup de mal était fait (aucune confiance en moi, des troubles d'ordre sexuels, une irritabilité permanente, des problèmes de poids, une mauvaise image de moi, une culpabilité permanente, problèmes d'alcoolisme à l'adolescence...). J'avais décidé, pour pouvoir expliquer ce qui m'était arrivé et que j'avais sur le cœur, de l'écrire dans une lettre puis de me suicider après pour que mon mari et mes enfants sachent mais j'avais peur de leur jugement. Le suicide, je n'y ai pas pensé qu'une seule fois, cela arrivait fréquemment avant que je puisse parler.

En fait, c'est mon mari, lors d'une ènième crise de larme nocturne qui m'a questionné et qui a fini par me faire parler, j'avais 45 ans et il était trop tard pour faire quelque chose contre mon frère. J'ai écrit au Procureur de la République, mais pour rien. Quand j'en ai parlé à ma mère, celle-ci n'a rien voulu savoir et aujourd'hui nous sommes fâchées. j'ai réessayé plusieurs fois, mais en vain, elle ne parle qu'à mon frère mais pas à moi. C'est ce long silence par lequel on passe tous et le déni qui nous permet de survivre qui fait notre malheur devant la justice et qui permet à notre bourreau de vivre tranquille et d'être bien vu par notre famille. Il peut continuer à sévir en toute tranquillité et nous, on ne peut que continuer à souffrir.

Catégorie: Prescription.