Portrait : J'ai réussi à protéger mon enfant !

Témoignage Publié le 11.09.2013

Par Elisabeth Devaux.

Voici l’histoire d’Alexandra, une maman qui a gagné et a réussi à protéger sa fille de ses grands-parents incestueux. Avec courage cette histoire nous montre que nous pouvons toutes et tous espérer gagner. 

Bonjour Alexandra, alors racontez- nous votre histoire.

Tout a commencé quand mon mari et moi avons remarqué que notre fille avait des masturbations compulsives qui ne s’arrêtaient pas vers 18 mois, ce qui est un âge trop jeune d’après le corps médical pour être normal.

Nous avons cherché la cause sans vraiment  se poser les bonnes questions. Elle avait bien sûr d’autres problèmes comme des cauchemars dont elle ne sortait pas et une énurésie alors qu’elle était propre assez tôt.

Comment avez-vous découvert ce qui s’était réellement passé ?

Nous avons cherché des informations sur l’inceste et grâce au site de Face à l'inceste nous étions convaincus que quelqu’un lui faisait du mal : la crèche, l’école, tout cela semblait impossible.

Puis nous avons eu des soupçons sur les grands- parents. Quand nous leur en avons parlé, leur réaction a été ambiguë. Très touchés et ne sachant que faire, nous sommes allés voir l’assistante sociale de notre ville. Mais étant tout de même sous le choc, nous avons raconté notre histoire et nos doutes avec beaucoup d’émotions. L’assistante sociale n’a pas tenu compte de notre état émotionnel et a décrété que j’étais malade. Elle a donc envoyé notre dossier auprès de la police des mineurs.

Que s’est-il passé ensuite ?

Après un interrogatoire, voulant se protéger car ils n’ont rien trouvé et n’ont pas vraiment mené d’enquête, notre dossier est remonté auprès du juge des enfants. Là notre premier avocat nous a indiqué que l’on risquait de perdre la garde de notre enfant car si le juge estimait que nous mettions en danger notre enfant par nos inquiétudes.  Il a tous les droits et décide seul de votre vie, de la vie de vos enfants.

Le juge, pour ne pas prendre de risques, nous a imposé une expertise psychologique. Je ne vais pas rentrer ici dans le détail de l’accueil et des nombreuses séances que nous avons eu auprès du psychologue. L’expertise a démontré que nous étions nous les parents totalement équilibrés. Malgré tout le juge voulait nous imposer une assistance éducative.  Car le jugement ne portait pas sur un inceste mais sur l’état psychologique dans lequel notre enfant grandissait. Malgré l’expertise du psychologue sur les grands parents qui était très négative envers eux ils n’étaient pas du tout inquiété, seul nous l’étions. Comme si le problème n’était un problème d’inceste mais un problème de relation entre grands-parents et enfants.

Une assistance éducative vous pouvez nous expliquer ?

Il s’agit d’un suivi par un psychologue de chaque membre de la famille, au bureau, à l’école et à la maison.  Nous avons parlementé pendant une heure et au bout du compte nous avons pu y échapper.

Donc si j’ai bien compris la justice ne vous a pas donné raison et vous êtes repartis après beaucoup d’angoisse sans avoir réussi à protéger votre enfant. Et c’est fini ?

Oh non ! En fait il a fallu gérer les relations familiales et la protéger. Nous avons refusé de revoir les grands parents. On se pensait tranquilles à essayer de soigner notre enfant mais ils ne nous ont pas laissés. Ils ont porté plainte auprès du juge aux affaires familiales pour avoir un droit de garde de nos enfants.

Et là, l’enfer continuait, nous sommes retombés dans les mains de la justice après la première procédure qui avait duré un an.

Alors qu’avez-vous fait ?

Nous avons cherché un nouvel avocat car le premier n’avait pas été satisfaisant. On en a trouvé un mais au bout de trois séances j’ai bien vu qu’il ne nous croyait pas vraiment et surtout qu’il partait perdant d’avance avant même d’avoir commencé. Alors on a cherché un autre avocat. Il ne faut pas hésiter.

Nous n’avions pas été satisfait du premier avocat car elle n’avait pas les bons arguments face au juge, elle s’est fait remettre à sa place plus d’une fois et ne trouvait jamais de cas de jurisprudences. Le deuxième avocat ne croyait pas en notre histoire qui était difficile et partait perdu d’avance. Elle ne voulait pas nous entendre. A partir de là nous avons cherché un autre avocat qui nous écouterait.

Avec le troisième avocat, nous avons suivi la procédure. On a décidé de tout prendre en main. On a alors tout relu même les textes écrits par notre avocat. Nous avons choisi les moyens de défense, car c’est nous qui connaissions le mieux le dossier, les points faibles et les points forts de chaque partie.  Notre avocat nous a écoutés et s’occupait d’écrire en termes juridiques mais aussi de trouver la jurisprudence. Et on a aussi fait appel à un détective. Nous lui avons demandé de trouver toutes les informations sur les salaires, les maladies répertoriées, vérifier s’ils étaient connus des services de police.

Et alors ?

Après dix huit mois de procédure pendant lesquels tous les avocats nous disaient perdants en soulignant que l’on ne déboutait jamais des grands parents, eh bien à force d’arguments, nous avons gagné. Pour donner des exemples d’arguments, nous nous sommes appuyés sur l’expertise psychologique, nous avons utilisé également des cas de jurisprudence qui mettaient en avant les conséquences néfastes sur les enfants de garder une relation entre les petits enfants et les grands parents. Aujourd’hui nos enfants sont enfin protégés par la justice. Les grands-parents n’ont pas le droit de voir ou d’appeler ou d’écrire à aucun de nos enfants, ils peuvent faire appel mais quand un juge a déjà dit non et vu le dossier cela semble difficile.

Pouvez-vous nous dire ce qui pourrait aider d’autres parents comme vous à sauver leurs enfants dans un tel engrenage ?

Bien sûr, plusieurs points :

1/ Avant un rendez-vous avec un psychologue : il faut se préparer, à savoir il faut toujours raconter la même chose en maîtrisant ses sentiments. Il ne faut surtout pas montrer de haine, de rancune, ne pas s’effondrer en larmes non plus. Il faut rester zen et expliquer toujours la même histoire, le même point de vue et savoir raccrocher son histoire dans le temps. Attention si vous mélanger les faits, vous serez mal jugés. Un tel rendez-vous se prépare et votre avocat peut vous donner des conseils en fonction de votre dossier.

Pour les enfants on a préféré les laisser parler vrai, et ne jamais les orienter car petit on leur fait dire ce que l’on veut et ça n’arrange rien.

2/ Avant d’aller voir l’assistante sociale ou la police : une même préparation est nécessaire sans haine, bien préparer son dossier mais que votre description reste naturelle car trop maîtriser cela ferait robot ce qui n’est pas bon non plus. Il faut montrer ses sentiments mais sans exagération.

3/ Votre dossier devant le juge des enfants : déjà il faut savoir que le juge des enfants décide de la garde de l’enfant et en un jugement vous pouvez perdre la garde de vos enfants. Ce qui est un bien mais peut s’avérer dangereux si vous ne savez pas vous maîtriser devant lui. Il ne faut pas hésiter devant la juge à prendre la parole à la place de votre avocat. Ce fut notre cas, le juge avait remis à sa place notre avocat, et c’est nous qui avons directement négocié. Votre avocat doit pouvoir vous indiquer comment parler, et vous donner la réputation du juge.

4/ Avec votre avocat : ne pas hésiter à changer d’avocat, nous ne sommes pas à la télévision et l’avocat détective super héro n’existe pas. Ils ne connaissent pas votre histoire dans le détail, vous êtes le seul maître de votre histoire.

Ne pas hésiter à dire à votre avocat de quoi parler et quelle réponse faire. C’est à lui de rédiger avec les mots juridiques et administratifs et c’est l’avocat qui doit faire référence à la jurisprudence et trouver cette jurisprudence qui reprend certains points de votre dossier. Mais c’est à vous de lire les réponses et de décider quels sont les meilleurs points en votre faveur de votre dossier car vous êtes les seuls à connaître les détails de votre dossier et à connaître les faits. Votre avocat est là pour vous écouter et vous soutenir.

Bien sûr il faut lire et comprendre ce qui est écrit. Faire des recherches sur internet pour lire des histoires similaires à la vôtre. Ne pas parler trop vite bien réfléchir à ce que vous dites

5/ Ne pas hésiter à trouver un détective : là aussi votre avocat peut vous guider, nous on l’a trouvé via la télévision.  Attention de ne pas tout lui demander, ce n’est pas non plus la télévision. Une filature coûte très cher mais vous pouvez lui demander de trouver une information précise (exemple des salaires, un job, un lieu de vie, une relation, la prison … ).

6/ Garder espoir pour votre enfant : vous battre et ne jamais lâcher malgré la durée de la procédure. Toujours chercher ce qui pourrait vous aider. Structurez vos réponses. En parler avec votre conjoint, essayer de rester soudé avec votre conjoint, pour cela il ne faut rendre responsable personne. Garder un seul objectif tant que rien n’est fini. Ne pas partir vaincu d’avance il y a toujours un moyen de faire triompher la justice mais c’est dur. Il faut se battre ne pas lâcher être sur le qui-vive toujours être un lion.

7/ Autre idée également pour protéger vos enfants : jeter tout ce qui pourrait rappeler la personne  qui leur a fait du mal ou la période, ces moments.  Oui c’est le contraire de ce que dit un psy mais votre enfant se construira mieux. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut pas en parler, non nous avons beaucoup parlé avec notre enfant, on n’en a pas fait un sujet tabou afin que cela ne lui revienne pas dans vingt ans et que cela explose. De la transparence mais de la protection, un cocon dans la maison. Trouver peut être dans votre entourage quelqu’un de confiance qui pourra vous aider.

8/ Une dernière  idée : garder tout ce qui peut servir de preuve : des preuves  de harcèlement, de contact intempestif, des photos, des images, des vidéos, les dessins de vos enfants bizarres…. Ce sont des preuves car l’enfant abusé ne parlera pas et ne dévoilera rien.

Et maintenant ?

Maintenant que nous avons réussi à protéger nos enfants, nous respirons. Notre fille a cessé toute masturbation, il n’y a plus d’énurésie ce qui a été le plus long à guérir, et les cauchemars ont cessé très vite. Mais nous ne sommes pas à l’abri, car on peut toujours les revoir. Nos enfants grandissent, guérissent et sont heureux.  

J’espère que notre histoire va donner de l’espoir à tous ces parents qui luttent pour la protection de leur enfant. Tout n’est pas perdu, battez-vous ne lâchez pas.

En tout cas je n’hésites pas à leur donner comme conseil de se renseigner sur le site de Face à l'inceste . En adhérant on obtient de nombreuses informations (avocat, psychologue, tout savoir d’une procédure,…). A tous je vous souhaite du courage car les procédures sont longues mais vous y arriverez.

Merci Alexandra pour ce témoignage difficile mais je crois qu’il pourra servir à tous les parents qui sont en train de se battre pour leurs enfants.

 


Nous en parlons
M
Mary
Publié le 01.09.2013
Inscrit il y a 11 ans / Actif / Membre

Tu écris :

[quote]Me reste a faire le chemin pour reculer maintenant de cette humanité ,arreter de me leurrer sur "avoir une place aux milieux de ces bipedes"[/quote]

Oui, c'est tentant ! Nous vivons dans une société qui ne veut que des humains beaux(belles) - grands(grandes) - intelligents(tes) - performants(tes) ayant de surcroît beaucoup d'humour... il faut bien rigoler !!!!

Les autres, tous les autres.... celles et ceux qui sortent un tant soit peu des "normes" - celles et ceux à qui la vie a laissé des handicaps - celles et ceux que la vie a marqués "au fer rouge" (toi - moi et bien d'autres) - celles-là, ceux-là elles/ils doivent trop souvent galérer pour trouver leur place !

1 - Ils - elles ne sont pas marrants(tes) !
2 - En plus ils -elles dérangent !

Elle est très curieuse cette société. Lorsqu'elle entend prononcer ces mots : viol -inceste et pédophilie - elle semble horrifiée. Lorsqu'un cas est évoqué - durant quelques heures tout le monde semble effaré. La vérité est bien différente car en réalité les souffrances des victimes n'intéressent personne ! C'est aussi la mode de vouloir donner un semblant d'ouverture en incitant les victimes à parler - Le drame, c'est que dès qu'elles ouvrent la bouche, au mieux on les remet en cause - parce que :

- au fond, elles ne sont peut-être pas si victimes que ça !
- pourquoi pas carrément coupables (à 3 ou 4 ans d'avoir par exemple fantasmé ou charmé leur agresseur...) Le monde à l'envers me diras-tu. Non, la triste réalité !
- et puis ce n'était peut-être pas si grave !
- et puis il y en a tellement d'autres qui souffrent
- et puis et puis.....

Au pire, on leur intime carrément l'ordre de se taire !!! - comme je l'ai entendu : "et surtout ne venez pas me dire que tout le monde vous en veut ou que le sort s'acharne sur vous" !!! Car oui, il y a des limites à ne pas franchir - Tous ces braves gens - vous n'allez quand-même pas empêcher de "dormir sur leurs deux oreilles" avec vos histoires d'inceste !

Si - nous les victimes - ne nous accrochons pas pour nous faire entendre - remettre les choses et les gens à leur place - effectivement nous pouvons nous trouver plus heureux en compagnie des animaux. Ils savent parfois manifester davantage de respect et de sentiments Humains que "certains bipèdes" ! J'étais très attachée à un petit chien qui est mort depuis plusieurs années. Combien de fois j'ai souhaité quitter ce monde de "cruels sans coeur" pour aller le rejoindre !

Courage, il y en a aussi des bons et de biens - des bipèdes !

;-)