Le chemin de la paix : par où commencer ?

Témoignage Publié le 14.05.2021
Silhouette d'une femme avec ciel rose et violet

À l'aube de mes 35 ans, je confronte enfin ma mère sur ces multiples abandons et les incestes que j'ai subi de l'un de mes "beau père" et par mon oncle par alliance.

Venant d'une culture où l'on ne demande pas de comptes à ses ainés et appuyée par la culture de l'omerta de l'inceste qui touche toute culture, toute catégorie sociale, j'ai essayé de vivre avec ces souvenirs. Certains livides, certains flous et très certainement, beaucoup réprimés.

Mon chemin vers la paix commença quand vers mes 23 ans, je me fais agresser, pour la énième fois, par un inconnu dans le métro. Ce sera la dernière fois, parce que pour la première fois, j'ose enfin parler. Je porte plainte pour cette tentative de viol, qui l'écrouera en prison pendant quelques mois. Je suis, enfin, une thérapie. Cette thérapie, dont je suis très reconnaissante, me mettra sur le chemin de l'estime de moi, de la parole. Mais comme tout chemin, il est sinueux et non linéaire. Après 2 ans de thérapie, je pense que je vais bien, je pense que tout est derrière moi et tout est réglé, mais un problème de fond persiste (sans que j'en aie encore conscience), ma notion de l'amour ; une notion totalement biaisée par des schémas transgénérationnels dont je suis victime et des schémas dépeints dans les médias dont nous sommes tous victimes.

Je continue ma vie, pour le monde extérieur et moi-même : tout me réussit, je vais bien. Je "réussis" professionnellement, je ne m'autodétruis plus, je ne me drogue plus, je n'essaye plus de m'ôter la vie, je fais des choix (qui me semble) sains. Je rencontre le père de mon fils, qui n'est autre que le fils de la meilleure amie de ma mère, une relation qui comme beaucoup de relation toxique, est pleine d'alchimie. Je ne crois pas au hasard et j'ai foi au timing de nos vies. Aussi douloureuse que fut cette relation, elle m'a permis aussi de me rendre compte que mon travail était loin (TRÈS LOIN) d'être finie. Les cauchemars sont revenus, cette violence en moi, très enfouie aussi. Quand enfin, parallèlement, j'arrivais à mettre le doigt sur la douleur de mon histoire avec ma mère, mon histoire avec cette homme m'éloignait de ce travail, par diversion, consciente ou inconsciente.

Après quelque mois et un peu d'accalmie entre nous, je tombe enceinte. Je n'ai jamais voulu être mère, je répétais une phrase sans encore comprendre pourquoi je la répétais "les parents sont imparfaits, parce que l'humain est imparfait ; je vais donc infliger à mon enfant des choses, sans le vouloir. Je préfère ne pas être mère". C'était il y a 3 ans. Aujourd'hui avec un peu de recul, je pense qu'être mère m'a donné la force de comprendre. Comprendre ce que j'avais subi, parce qu'enfin je pouvais imaginer si ces choses horribles arrivaient à mon enfant. À l'aube de mes 35 ans, je confronte enfin ma mère ... J'ai entendu dans un podcast que parler, venait avec un prix fort, souvent le prix de l'ex-communion des "siens". Ma mère ne me parle plus, ma famille maternelle non plus. J'adresse, enfin, mon passé. Je me choisis. Je choisis le chemin de la paix et la guérison. La confrontation des "miens" a été le premier pas, mais je ne sais pas où aller maintenant ...