L' Face à l'inceste le réclame depuis 2004, l'Université Paris Descartes l'a fait. "La création de ce DU, unique en France, est née de la constatation qu’un certain nombre d’expertises impliquant des mineurs sont insatisfaisantes pour plusieurs raisons, et beaucoup de magistrats soulignent leur déception face à certaines expertises actuelles. C’est le cas des expertises uniquement descriptives, n’apportant donc pas de propositions d’orientation suffisantes au magistrat demandeur" nous écrit le Laboratoire d'Éthique Médicale porteur du projet.
"D’autres expertises reposent sur une idéologie préconçue, certains experts émettant le même diagnostic et les mêmes préconisations quelles que soient les situations qui leur sont adressées. Elles peuvent aboutir à des décisions catastrophiques pour la sécurité et le développement affectif des enfants concernés. L’enjeu est donc la bientraitance des mineurs. Ce DU vise à proposer aux magistrats d’autres possibilités dans le choix des experts. L’enseignement délivré repose sur la longue pratique clinique et thérapeutique des chargés de cours pédopsychiatres et psychologues cliniciens de l’enfance, sur leur expérience ancienne dans la pratique de l’expertise, mais aussi sur des méthodes validées de conduite de l’expertise des mineurs, et sur l’exposé de connaissances scientifiques actualisées en permanence, plusieurs intervenants ayant une valence universitaire. Les axes théoriques seront principalement la théorie de l’attachement, la psychanalyse, l’étude des fonctionnements familiaux, la psychotraumatologie, les apports des neurosciences.
La Chancellerie sera informée des possibilités offertes par ce DU, ainsi que l’Ecole Nationale de la Magistrature.
Libre aux participants qui valideront ce DU de décider ensuite s’ils veulent solliciter leur inscription sur la liste officielle des experts de leur région, ou s’ils préfèrent indiquer aux magistrats du Tribunal de Grande Instance de leur département leur disponibilité pour un certain nombre d’expertises chaque année (on peut imaginer par exemple une par trimestre). Des expertises de qualité demandent du temps et elles sont faiblement rémunérées, mais elles présentent un intérêt clinique et éthique certain et impliquent une démarche intellectuelle intéressante. A chacun d’évaluer le temps qu’il voudra y consacrer, et dans quel registre de l’expertise (pénal, civil) il se sent le plus à l’aise, mais il est important que les participants aient des connaissances concernant ces deux champs. A eux d’évaluer aussi ensuite s’ils éprouvent le besoin d’une supervision pour des situations particulièrement complexes.
Après cette année qui a un caractère un peu « expérimental », un bilan évaluera si des améliorations doivent être apportées en fonction des remarques des participants".