Le 19 septembre dernier le Cardinal Barbarin, avec six autres personnes, ont été cités à comparaitre dans le cadre de l’affaire du Père Preynat.
Les membres de l’association La Parole Libérée regroupant des victimes des actes de pédophilie qui se sont déroulés au sein du Groupe Saint Luc de 1970 à 1991, a décidé de ne pas en rester au classement sans suite par le parquet de Lyon de l’enquête pour non-dénonciation d’abus sexuels visant sept membres du clergé.
Les victimes reprochent deux choses au Cardinal Barbarin :
- - ne pas avoir dénoncé à la justice les agissements du père Preynat. La non-dénonciation de faits criminels est un délit passible de 3 ans d'emprisonnement (article 434 du Code Pénal), surtout lorsque le criminel est susceptible de récidiver.
- - l’avoir laissé en poste trop longtemps au contact d’enfants.
Alors que le diocèse dénonce un « acharnement » des victimes (communiqué du 24/05/2017), François Devaux, président de La Parole libérée souhaite « grâce à cette audience publique, sensibiliser l’opinion à la question du signalement des abus sexuels sur mineurs, et lever le voile sur les silences de l’Église ». (La Croix, 19/09/2017)
Il faut rappeler que cette audience est purement formelle. Elle oblige la partie civile à verser une consignation afin de garantir d’éventuels frais de procédure, puisque son action n’est pas jointe à celle du ministère public. Le jugement quant à lui aura lieu du 4 au 6 avril 2018. Le tribunal a annoncé que le Cardinal Philippe Barbarin sera entendu pour non-dénonciation de crimes sexuels sur mineurs commis par un prêtre dans son diocèse de Lyon il y a plus de 25 ans.
Un rendez-vous subitement annulé
On ne peut que s'indigner d’autre part que Monseigneur Crépy, Président de la de la commission permanente de lutte contre la pédophilie, ait annulé quelques jours avant la date prévue le rendez-vous du 13 octobre avec l’association La Parole Libérée qui devait lui présenter son rapport de réforme de l’Eglise Catholique pour la prise en charge des victimes d’actes de pédophilie commis par des Clercs.
Cette affaire pose une nouvelle fois la question du signalement des crimes (rendu pourtant obligatoire par la loi), du recueil de la parole de l’enfant victime et de la réaction de la société face aux maltraitances faites aux enfants. La reconnaissance et la prise en charge sont les conditions indispensables d’une réparation possible. Les adultes, les autorités, les institutions religieuses et la justice ont le devoir de faire le nécessaire pour protéger les enfants de la pire de toutes les violences.
Abolir la prescription
Face à l'inceste comme La Parole Libérée et de nombreuses associations se bat pour l'abolition de la prescription concernant les viols et violences sexuelles sur mineurs pour protéger les enfants et lutter contre la récidive. Nous ne pouvons pas accepter que des institutions religieuses sacrifient les enfants et la justice par inertie ou encore pour protéger leur réputation, en ouvrant ainsi un boulevard pour la récidive. Il est grand temps de changer d'époque !