Pour un gouvernement qui protège vraiment les enfants

Communiqués Publié le 15.05.2025

Paris, le 15 mai 2025. Lors de son audition devant la commission d’enquête parlementaire sur l’affaire Bétharram, le Premier ministre a annoncé la création d’une autorité indépendante sur les violences faites aux enfants, y compris les violences intrafamiliales – à plus de 80 % des crimes d’inceste. Face à l’inceste prend acte de cette déclaration mais alerte : une nouvelle institution ne saurait tenir lieu de politique publique.

Nouvelle instance, effet d’annonce ?

Depuis plusieurs mois, les décisions politiques prises vont à rebours des intentions affichées hier. En avril dernier, le gouvernement rejetait plusieurs propositions fondamentales formulées par la Ciivise, telles que l’inclusion de l’inceste entre cousins dans le droit, le débat sur l’imprescriptibilité des crimes sexuels sur mineurs et l’Ordonnance de sûreté de l’enfant (OSE). Un rejet choquant et difficile à justifier lorsqu’on parle de la protection immédiate des enfants victimes et lorsqu’on sait que, « grâce » à la prescription, les auteurs de ces crimes peuvent poursuivre une vie paisible.
L’annonce d’une nouvelle autorité pose question au regard des désengagements récents.

Vers un empilement institutionnel ?

La création d’une nouvelle structure sans articulation claire avec les institutions existantes – à commencer par la Ciivise – souligne une absence de pilotage politique fort et envoie un message difficilement compréhensible aux enfants victimes comme aux survivants adultes : celui d’une société qui déclare vouloir agir, mais peine à mettre en œuvre une action lisible et efficace.

Sans moyens, aucune instance ne pourra faire face à l’ampleur des violences sexuelles sur mineurs

Le mandat de la Ciivise a certes été prolongé, mais ses moyens n’ont pas été renforcés. Ses membres continuent de travailler bénévolement. Multiplier les instances sans leur accorder de moyens suffisants revient à entretenir l’illusion de l’action. Quel respect cela traduit-il à l’égard des victimes et des professionnels mobilisés ?

« À l’écoute de cette audition, Face à l’inceste constate une nouvelle fois que l’intérêt supérieur de l’enfant est sacrifié au profit d’enjeux politiques. Tant que les arbitrages se feront au détriment de la protection de l’enfance, aucune autorité, aussi indépendante soit-elle, ne pourra répondre à l’ampleur des violences. », déclare Solène Podevin Favre, présidente de Face à l’inceste et co-directrice de la Ciivise.

Face à l’inceste appelle à une politique globale, cohérente, ambitieuse et dotée de moyens réels. Ce n’est qu’à cette condition que les victimes pourront réellement obtenir la protection et la justice qu’elles méritent.

Chiffre-clé 📊 11 % des Français sont victimes d’inceste, soit 3 enfants par classe (Sondage Ipsos – Face à l’inceste, octobre 2023).

À Propos de Face à l’inceste

 Créée en 2000, Face à l'Inceste est une association engagée dans la défense de l'enfance et pour briser le silence autour de l'inceste. Elle sensibilise l'opinion publique et agit pour faire évoluer les lois afin de mieux protéger les victimes. Par ses actions de plaidoyer, elle milite pour une justice plus adaptée, notamment en faveur de l'imprescriptibilité des crimes incestueux et d'une protection immédiate des mineurs en danger. Face à l’inceste mène également des actions de formation en direction des professionnels amenés à intervenir auprès des enfants.


Contacts presse : Aude Doumenge – Chargée de plaidoyer et communication – 06 40 06 87 11 – [email protected]