Oui à la prévention, non à la perversion !

Projet Publié le 29.07.2017

Le projet d’éducation sexuelle présenté par le gouvernement en mars 2017 comporte des points positifs mais aussi des dérives inquiétantes et perverses autour de la notion de « droit à la sexualité » des mineurs notamment. L’ Face à l'inceste s’associe à un Collectif de professionnels de l’enfance (médecins, psychologues, psychiatres, éducateurs) pour demander que ce projet soit radicalement modifié afin de réellement protéger nos enfants. 

Oui à la prévention (et à la lutte contre les discriminations)

Comme l’écrit le Dr Maurice Berger qui s’est fait le porte-parole de ce collectif, dans son argumentaire détaillé (également disponible en vidéo):

« Le volet prévention est d’une importance majeure. Il porte sur la prévention des maladies sexuellement transmissibles en particulier lors des premières expériences sexuelles, la contraception afin d’éviter des grossesses précoces, la possibilité de prendre une contraception et d’avoir recours à l’IVG sans accord parental, la possibilité de dire « non » face à des sollicitations sexuelles, l’interdiction d’avoir des relations sexuelles avec un mineur de moins de 15 ans ou entre mineurs s’il existe une grande différence d’âge, l’interdiction de mariage forcé, l’interdit de l’inceste avec des références à la dimension pénale, les violences sexuelles, l’égalité homme-femme, le fait qu’aucune forme de sexualité (pédophilie exceptée) ne doit faire l’objet de discrimination, etc. »

Face à l'inceste salue et soutient bien sûr toutes les formes de préventions, toutes les campagnes destinées à protéger les mineurs, à lutter contre les discriminations et à rappeler la loi à tous les citoyens. Nous approuvons notamment les pages intitulées Ton corps t'appartient ! et Les abus sur le site onsexprime.fr, même si elles pourraient être plus accessibles et mises en valeur sur la page d'accueil du site (actuellement elles sont classées dans une sous-section de la section "Sexe et sentiments" ce qui diminue sans doute leur visibilité).

Non à la perversion !

En revanche, le volet « éducation sexuelle » n’est pas sans risques que dénonce le Dr Berger :

« il existe un écart énorme entre les intentions officielles et la réalité des pratiques, ce qui est déjà à l’origine de tensions entre les formateurs et les parents, les formateurs et les mineurs, les formateurs entre eux. Les recherches menées par notre groupe de travail montrent que ces dérives ne sont dues à des intervenants « atypiques », mais qu’elles sont liées à l’origine même de la notion d’ « éducation à la sexualité ». Citons encore l'argumentaire du Collectif:

  • 1) Le premier risque est que les adultes prennent une place de séducteurs, initiateurs de la sexualité.
  • 2) Deuxième risque: faire intrusion de manière traumatique dans le rythme de croissance affective des enfants
  • 3) Un autre risque est que malgré les intentions affichées, ce programme attaque la limite entre ce qui est intime et public
  • 4) Risque aussi que malgré les préconisations, le soi-disant pédagogique sépare la sexualité du reste de la vie psychique et notamment affective de l’enfant
  • 5) Risque important d’introduire du sexuel dans l’espace familial.
  • 6) Risque encore d’introduire un trouble dans la construction de l’identité sexuelle de l’enfant, sous prétexte de diminuer les inégalités homme-femme

Il y a une certaine violence à vouloir imposer à précocement une certaine vision de la sexualité des adolescents pudiques qui peuvent avoir un rapport complexe à leur corps et à leur intimité, et plus encore à des enfants. Les survivant(e)s de l’inceste le savent bien : les crimes sexuels sur mineurs sont souvent précédés d’une sorte de viol psychologique qui consiste à imposer des désirs d’adultes à des mineurs. Il existe une graduation qui commence avec des paroles déplacées, l’exhibitionnisme et le voyeurisme, le visionnage de films pornographiques et qui se termine par des attouchements ou par un viol. C’est pourquoi les membres et bénévoles de l’association ont été nombreux à trouver choquantes et malsaines les pages du site « onsexprime.fr » mis en place par le ministère de la Santé et destiné aux adolescents à partir de 12 ans (et consultable en libre accès par des enfants plus jeunes). Comme l’écrit Maurice Berger, « quel est l’intérêt de décrire les six positions de pénétration vaginale, dessins ludiques à l’appui, et comment se pratique la sodomie, et pourquoi les acteurs des films pornographiques éjaculent hors du vagin de leur partenaire ? ».

Mettre fin aux double discours

Notez bien que Face à l'inceste ne demande pas la fermeture du site « onsexprime.fr » : les pages concernant la prévention, les abus et les crimes comme l’inceste sont utiles et doivent bien sûr être conservées.

Cependant, de la part d’un adulte, la volonté d' «éduquer» un mineur au plaisir et à la sexualité ne peut être que perverse et destructrice. Le rôle des adultes est de protéger les enfants et les adolescents, de les aider à grandir, de les avertir des risques et de répondre leurs questions. Ce n’est pas de leur imposer précocement une vision de la sexualité construite par des adultes. Sur le site « onsexprime.fr » un adolescent demande « quel est le meilleur site porno pour nous donner du plaisir ? », la réponse de l’adulte manager est : « Ca dépend des goûts ». Éducation, prévention, ou plutôt complicité ? se demande le Dr Berger. Ne serait-il pas préférable d’avertir nos adolescents que les films porno sont violents, sexistes, et qu’ils donnent une bien triste vision de la sexualité, sans intimité ni sentiments, quand ils ne promeuvent pas explicitement le sadisme et l’humiliation ? Que ces films malsains donnent une image bien éloignée de ce qu’ils peuvent attendre d’une sexualité épanouie, quels que soient leur personnalité et leurs préférences ?

De plus l’idéologie de la « théorie du genre » qui  stipule que le masculin et le féminin sont une construction sociale plutôt qu’une réalité biologique, et qui est loin de faire l’unanimité parmi les scientifiques, a fortement imprégné la conception de ce programme. « On ne peut que regretter ici que ces plans aient été manifestement élaborés sans qu’ait été sollicité l’avis de la communauté pédopsychiatrique alors qu’ils se déroulent sous l’égide du ministère de la Santé, ni l’avis de psychologues professeurs de psychopathologie »

Enfin le Dr Maurice Berger s’interroge : « Qu’y avait-il à cacher pour que ces programmes aient souvent fait l’objet d’un double discours ? » et dénonce « un enjeu idéologique, ici lutter contre toute limite, contre toute différence en particulier enfant/adulte, contre les différences sexuées, et déconstruire la notion d’identité sexuelle ».

Le véritable enjeu: considérer les enfants comme consentants

Surtout ces notions cachent un autre enjeu plus important encore : « Mais un autre enjeu est plus sournois dans cet éveil précoce à la sexualité. Dans les textes définissant les droits sexuels et les Standards, qui sont cités sur les sites conseillés par les ministères, il est introduit de manière insidieuse l’idée que la sexualité des enfants peut être volontaire, de leur fait, et qu’il n’y a rien à reprocher à une activité sexuelle impliquant un enfant s’il est « consentant ». Un flou volontaire est entretenu en permanence dans ces textes grâce aux termes : « en tenant compte des capacités évolutives de l’enfant », apparemment issus d’un rapport de l’UNICEF qui n’évoque pourtant le domaine de la sexualité qu’en termes de protection. Ce terme a donc été détourné de son sens originel, et il est probable qu’en toute bonne foi, les ministères concernés n’ont pas prêté attention à ce détournement qui permet de situer comme acceptable un abus sexuel commis par un adulte sans violence, en séduisant un enfant, ce qui dans la réalité, est le cas de la majorité des abus. »

Voilà qui rappelle le scandale de cette pétition des années 1970 intitulée « les enfants aussi ont droit au plaisir », qui prenait ouvertement parti pour les pédocriminels au prétexte que les enfants étaient consentants, et qui a été signée par des intellectuels et des célébrités (Aragon, Sartre, de Beauvoir, Foucault, Sollers, Glucksman, Kouchner ...).

Agissons pour protéger tous les enfants et adolescents !

L’enjeu est donc celui-ci : protéger les enfants contre toutes les violences, y compris la volonté perverse de certains adultes qui voudraient les initier à la sexualité avant qu’ils aident demandé quoi que ce soit. C’est pourquoi Face à l'inceste invite tous ses membres et sympathisants à consulter et signer la pétition « les pros contre l’éducation sexuelle » et à interpeller le gouvernement. 

Signer la pétition "Les Pros contre l'éducation sexuelle"