Tout a commencé par un "baiser" sur la bouche, j'avais douze ans. C'était mon beau-frère, de dix ans mon aîné. Je n'était qu'une enfant et lui déjà un adulte. Je lui ai servi d'objet sexuel afin de contenter tous ses désirs les plus pervers. J'étais la nounou attitrée des enfants de ma soeur et je les gardais tous les samedi. Il a abusé de moi pendant des années sans que personne ne voie rien.Tout le monde l'appréciait, si bien que personne n'aurait pu croire une chose pareille, d'autant qu'il m'avait imposé le silence en me faisant croire que c'était notre secret.
Je ne me souviens plus quand tout ça s'est arrêté. J'ai enfoui toutes ces années dans l'oubli jusqu'au jour où mon mal-être étant trop fort, je suis allée consulter un thérapeuthe. Depuis, la famille a explosé et j'oscille entre état dépressif et périodes plus positives.
Certains de mes frères et soeurs ont été très compatissants alors que d'autres ne veulent pas en parler et mettent la tête sous le sable, principalement ma soeur ainée qui est directement concernée, vu que c'était son mari qui abusait de moi, sous son propre toit. J'ai porté plainte, j'ai été entendue mais je sais qu'il y a prescription. Ce qui me rend malade c'est qu'il a détruit ma vie et qu'il restera impuni pour ce qu'il m'a fait. Peut-être continue-t-il à commettre ses crimes sur des petites filles innocentes et sans défense comme je l'étais.
J'attends avec impatience le jour où il n'y aura plus de prescription et où je pourrai enfin obtenir justice. Je me suis mariée assez jeune et ai fait des enfants tres rapidement. Maintenant, avec la réflexion, je me dis que c'était certainement pour me sauver que j'ai voulu fonder une famille .
Elle m'a donné une raison d'oublier ce passé glauque qui m'intoxiquait la tête, à tel point que je n'ai pas fait d'études, trop rebelle pour ça. Grâce à mon mari et mes adorables enfants, je m'accroche à la vie, mais je ressens au plus profond de moi comme une boule noire qui restera à jamais et qui me rappellera toujours les années de souffrance, de culpabilité et de silence de mon enfance.
30 ans de silence !
Témoignage
Publié le 26.04.2009