Bonjour,
Depuis mon plus jeune âge, j'ai vécu différents types d'abus - allant de l'exhibition au viol, en passant par l'abus en réunion, le détournement de mineur, manipulation affective par un prêtre pendant des années avec harcèlement sexuel et plus... Je suis actuellement en démarche judiciaire contre un père de famille qui m'a violée et détruite psychologiquement quand j'étais ado. C'est une étape. Mais, j'ai le sentiment que je ne pourrai jamais "dévoiler" tout ce que j'ai vécu. De peur qu'on ne me croie pas. De peur qu'on m'accuse de n'être la victime que de mes propres incohérences, voire de ma débilité....
C'est en lisant les textes sous-jacents au lien "viols multiples" que j'ai enfin trouvé un certain apaisement. Merci profondément à tous ceux qui ont osé se lancer.
Je pensais être un cas vraiment à part. En effet, les rares fois où j'ai osé en parler à des psys ( j'ai dû faire plusieurs thérapies, dont une d'inspiration analytique pendant de longues années suite au viol contre lequel je porte enfin plainte, et je suis actuellement en thérapie comportementale, espérant pouvoir sortir un jour de cette spirale désespérante des abus à répétition...).
Quand je racontais l'histoire qui me semblait la plus grave ( viol sur mineur de 15 ans) j'avais le sentiment d'être écoutée. Et puis, une fois la confiance "gagnée" et le chemin éclairci, lorsque je commençais à évoquer que ce n'était malheureusement pas la seule "histoire" que j'avais vécu dans le genre, j'avais l'impression de passer pour..., je ne sais pas, une mytho. ou alors, une salope.... DU coup, j'ai l'impression de ne jamais pouvoir aller au bout de ma thérapie comme si ce que j'avais à partager n'était pas audible pour l'autre en face de moi.... Sentiment assez terrible je trouve. D'autres l'ont-t-ils ressenti aussi dans leur cheminement ?
Bon, pour être plus explicite tout a commencé aux environs de mes 5 ans. D'une part avec un ami de la famille de 8 ans mon aîné, qui après m'avoir harcelé malgré mes refus déterminés, avait fini par obtenir ma relative "soumission". Ainsi, tous les dimanches, j'avais droit à ses exhibitions pendant la "sieste", ses baisers.... Il me déshabillait ou je me déshabillait suite à sa demande je ne sais plus. Avant cela, pour faire monter la pression, il me demandait 50 000 fois si j'avais des poils au kiki. Me demandant de regarder et de lui dire quand j'en aurais.... Jusqu'au jour où ma mère nous a appelés. Pas le temps de se rhabiller, voilà que nous l'entendions déjà monter l'escalier. Il n'a eu que le temps de me plaquer contre lui sous le lit, contre le mur. On a vu les pieds de ma mère arriver jusqu'à proximité du lit, ramassant quelques habits épars sans se poser de questions - inutile de préciser que c'était plutôt le bazarre dans les chambres - et les reposant sur le lit. Après son départ, pensant que nous avions dû nous cacher dans une autre pièce, "l'ami" en question a pris conscience de la gravité de ses actes, ayant eu la peur de sa vie d'être "découvert" et "jeté" de la maison. Il m'a exprimé sa peur et sa prise de conscience et m'a dit qu'il ne recommencerait plus jamais. Il a tenu sa parole et je le respecte et l'estime de ce fait. Mais il continue de fréquenter beaucoup ma famille, avec sa femme et ses enfants, et c'est parfois lourd pour moi malgré tout de continuer à taire ce secret dont les flashs continuent de revenir à mon esprit chaque fois que je le vois ou que quelqu'un me parle de lui.
A peu près à la même époque où ces faits ont commencé, j'avais un ami à la maternelle qui voulait toujours me montrer son zizi. Un jour où il me harcelait dans la cour de récréation me demandant de venir voir son zizi et que je disais non, non, non, puis, lassée, oui : la maîtresse ayant observé depuis le début, sans entendre ses dires peut-être mais voyant mon refus d'être tirée par le bras, puis ma résignation à le suivre dans le coin du batîment tandis qu'il baissait sa braguette et sortait son zizi, a débarqué aussitôt en le traitant de "vilain petit cochon ! Et tu vois pas en plus qu'elle te dit non depuis tout à l'heure !!!" J'étais heureuse d'avoir été "repêchée", protégée, défendue. Quant à lui, ça ne l'a pas traumatisé de se faire engueuler devant tout le monde. Nos parents s'entendaient bien. Il venait souvent jouer à la maison ou inversement et toujours, il cherchait à m'emmener dans la salle de bain pour me montrer son zizi et cela s'est produit un certain nombre de fois. Je n'étais pas à l'aise, je sentais bien toujours que je ne voulais pas, mais en même temps cet acte était devenu presque rituel, "comme un moment à passer". Jusqu'au jour où c'est moi qui lui ai redemandé. Etonnemment, il a alors "retourné sa veste", me disant que non, il ne fallait pas faire ça et qu'il en avait pas envie, que c'était fini maintenant. Je me suis sentie un peu humiliée par sa réaction, mais finalement bien soulagée que tout cela s'arrête de ce fait. J'ai par ailleurs changé d'école et donc nous nous sommes vus de moins en mions. Jusqu'au jour où il y a eu un deuil violent dans ma famille. Et un mois plus tard, un de ses cousins s'est suicidé :ses parents ont alors laissé leurs trois enfants chez nous pour aller aux funérailles. Nous jouions parterre à des jeux de société avec lui et son frère de 2 ou 3 ans plus jeunes. Et d'un seul coup, l'ami m'a embrassée sur la bouche. J'étais choquée, interdite. Il a recommencé alors plusieurs fois de suite et son frère a commencé à faire comme lui. J'allais sur mes dix ans. Je leur ai dit d'arrêter, qu'ils étaient malades. Nous sommes alors aller jouer dehors pour changer de cadre et d'ambiance. En allant au square, l'ami a commencé à se défroquer dans la rue régulièrement en se retournant vers moi. Je lui ai encore dit d'arrêter, qu'il était ding. Heureusement, son frère ne l'a pas imité à ce moment-là. Puis, le soir, l'ami m'a demandé de demander à ma mère qu'on puisse dormir tous les trois parterre sur des matelas les uns à côté des autres. J'ai dit non, que de toutes façons ma mère ne voudrait jamais et que déjà on dormait tous les trois dans la même chambre (le dernier était encore bébé et dormait donc dans une autre pièce).
Sous sa pression et son insistance, je me suis une fois de plus résignée. Ma mère a dit non et s'est mis en colère devant mon "sans-gêne". Malheureusement, l'ami était quand même déterminé à jouer à papa et maman.... Membrassant à tour de rôle avec son frère. Puis, il a demandé à me masser pendant la nuit, à toucher mes seins, demandant que je vienne me coucher sur lui, que je lui caresse les fesses. Heureusement, j'ai fini par avoir un sursaut de crainte ! Je me suis levée - nous étions les seuls à dormir en bas - et baladée dans la maison avec un mal de tête terrible jusqu'à me décider à prendre un aspirine.
Les années qui ont suivi, le scénario a recommencé plusieurs fois chez eux où j'allais dormir. Je pensais que celui de mon âge m'aimait, jusqu'au jour om il m'a dit de lui-même qu'il ne m'aimait pas mais que c'était juste pour les massages et tout. Et quand j'étais dégoûtée par ses agissements sur moi et que son frère plus jeune, imitant l'aîné, commençait à se lasser, j'avais l'impression de vouloir me venger sur lui en l'embrassant violemment, visiblement de manière non consentie je pense.
Un jour j'ai dit STOP. J'ai eu peur de finir par tomber enceinte. En fait, il n'y a jamais eu pénétration ni même véritable excitation sexuelle, mais je n'étais pas très connaisseuse en la matière à l'époque. L'aîné m'a dit que non, je ne risquais rien, que quand même, il ne m'avait pas planté la petite graine..... Mais j'ai tenu ferme, et j'ai fini par ne plus les fréquenter. Ils avaient une piscine et j'étais écoeurée que l'aîné ose me demander d'enlever mon maillot de bain dans une fois dans l'eau ; je n'ai jamais cédé sur ce plan-là. ( son père est gynéco et ça a dû le givrer un peu...).
A 14 ans, j'ai vécu ce viol par un mec de presque 25 ans de plus que moi. Viol physique et psychique, en présence d'amies. Une histoire de fous sur laquelle je n'ai pas envie de m'étendre. J'ai alors rompu avec mon amoureux de l'époque qui était la douceur même et qui n'a jamais cherché à exercer une quelconque pression sexuelle avec moi. Je n'ai pas osé lui dire ce qu'il s'était passé. Je culpabilisais. Je me sentais indigne de son Amour. e n'ai jamais plus retrouvé de garçon comme lui, enfin respectueux de mon corps.... Je passe les mecs qui par la suite, ne cherchaient qu'à coucher, pleine période lycée, où j'ai commencé à me formuler que "décidément, tous les mêmes" et où je n'ai jamais pu avoir une relation durable de ce fait...
AUtour de 23 ans, j'ai aimé un garçon, malheureusement encore obsédé sexuel, qui me sortait régulièrement " quand est-ce que je te viole", torturé à l'idée que je ne voulais pas de relations sexuelles avant le mariage. Jusqu'au jour où il a déchiré ma culotte, puis m'a frappée. Je suis partie et plus jamais revenue....
Je me suis alors dit que c'était fini. FI-NI ! Plus de mecs !
Je me suis investie de plus en plus dans le milieu associatif notamment une qui comprenait un prêtre assez actif de 25 ans de plus que moi, très flatteur. Je l'ai remis à sa place un certain nombre de fois. Je me suis engueulée avec lui pour qu'il arrête ses jeux de séduction. Il a commencé une sorte de chantage au suicide, harcèlement téléphonique, progressivement déguisé en harcèlement sexuel, pendant plus d'un an. Je lui ai écrit lui demandant d'arrêter toutes ses ambiguités à mon égard, et lui confiant à tord que j'avais déjà vécu des choses difficiles dans ce domaine et que pour rien au monde je ne voulais revivre quelque chose du même genre. J'ai eu la naïveté de croire qu'un prêtre plus qu'un autre saurait entendre ma supplication. Il a fait semblant d'entendre puis est reparti à la charge.Je me suis alors sentie au bord du suicide. Me demandant si je me tuais ou si je cédais à ses avances, incapable de me confier à qui que ce soit d'autre, trop culpabilisée de tout ce que j'avais déjà vécu auparavant. J'ai fini par céder à son chantage, initiant régulièrement des ruptures. Il a eu peur la première fois que je prévienne la presse. Puis n'a plus eu peur de rien. Pendant un an, à me manipuler avec un grave lavage de cerveau... Heureusement, un autre ami, qui se préparait lui aussi à la prêtrise m'a sorti du gouffre, ayant senti ma détresse et ne me "lâchant" pas tant que je ne lui avais pas explicité les raisons d'une telle souffrance manifeste ! J'ai fait suite à cela une démarche auprès des autorités concernées, ce qui m'a aidé à obtenir définitivement la rupture de cette relation diabolique. Quelques années plus tard, j'ai rencontré un homme que j'ai aimé et réciproquemment. Mais je suis incapable d'envisager d'avoir des relations sexuelles avec quiconque suite à tous ces abus, et notamment au viol. Alors, nous avons mutuellement préféré rompre. Parfois je pense que je ne pourrai jamais me marier de ce fait. J'ai peur. Peur de ce que je désire au fond de moi : me marier avec un homme équilibré et respectueux. Et peur dans le même temps de ces fous qui semblent me flairer à mille kilomètres à la ronde et qui finissent souvent, tôt ou tard, par me réduire dans un processus de résignation désespérant de culpabilité et de fatalité.
Désolée d'avoir été si longue... et merci de m'avoir lue.