Bonjour. J'ai été abusée sexuellement par le mari de ma mère dès mes 9 ans.
A mesure que je grandissais, mon beau-père me répétait que si je racontais ce qu'il se passait entre nous, il me tuerait puis il tuerait toutes les personnes à qui je parlerais. Que de toute façon, ma mère ne croirait pas un mot de ce que je pourrais dire, que je briserais les biens de ma mère, de mes frères et ma sœur. Alors, je n'ai rien dit, j'ai laissé faire jusqu'à ce jour où j'ai enfin trouvé le courage d'en parler à une de mes profs. Elle a convoqué ma mère et lui a conseillé d'écouter attentivement ce que j'avais à dire, que c'était important. Lorsque ma mère m'a demandé ce qu'il y avait, je lui est tout raconté. Elle m'a clairement dit que c'était impossible venant de lui, mais que si je lui avais dit cela venant de mon vrai père, ça ne l'aurait pas étonnée. Je ne connais pourtant pas mon vrai père, la dernière fois que je l'ai vu, j'avais 4 ans.
Elle a tout de même interrogé son mari qui bien sûr a tout nié en bloc, en affirmant que de toute façon je racontais ça uniquement pour qu'ils se séparent, que je ne l'ai jamais accepté en tant que père. Après plusieurs jours, il a fini par avoué à ma mère, qui lui a dit de me demander pardon et que c'était oublié. Moins d'une heure plus tard, il est venu me trouver pour me dire que celà n'était pas fini, et que même lorsque je serais chez moi, avec un mari et des enfants, il viendrait et ça recommencerait.
Je n'ai pas eu d'autre choix que celui de quitter la maison. Si ma propre mère ne me croyait pas, alors qui allait me croire? Les mères ne sont-elles pas censées protéger leurs enfants ? Comment a-t-elle fait pour ne se douter de rien ? Chaque fois que je voulais aller en courses avec elle, il refusait sous prétexte qu'il avait besoin de moi à la maison. Et ma tête partait sans moi, me laissant seule avec ce tortionnaire qui me faisait toujours plus de mal. Je ne calcule plus le nombre de fois où j'ai voulu mettre fin à mes jours juste pour que celà s'arrête enfin, mais je pensais alors à ma mère qui aurait été très malheureuse, à mes frères et soeurs qui étaient encore très jeunes et n'auraient pas compris, à mon grand-père que j'adorais, et à ma tante. C'est grâce à eux que je suis encore là.
Lorsque j'ai enfin osé porter plainte, directement au procureur de la République par le biais du tribunal, qu'une enquête a été ouverte, que mon beau-père a été entendu par la gendarmerie de son lieu de résidence, qu'il a tout nié en bloc, on m'a dit que de toute façon, c'était trop tard, qu'il y avait prescription. Mon beau-père est toujours en vie, ma mère vit avec lui comme si de rien n'était. Mes frères et soeurs ne sont au courant de rien. Comme je n'avais personne à qui me confier, j'ai fait un énorme travail sur moi-même et je vis avec cette blessure qui refuse de se refermer. Il n'y a aucune justice pour ces actes odieux et méprisables. Il m'arrive encore de faire des cauchemars même aujourd'hui. J'ai 4 enfants, la plus jeune vient d'avoir 12 ans, les trois plus grands vivent leur vie. Il m'est difficile d'avoir une vie de couple qui dure dans le temps.